Le Conseil économique et social (CES) français organisera à l'occasion de la Journée internationale de la francophonie, le 20 mars, une après-midi thématique, "la francophonie dans tous ces états". La coordination de cet évènement est assurée par deux membres du CES, Marie-Béatrice Levaux, rapporteur d'un avis adopté en janvier dernier sur "le rôle de la France dans une francophonie dynamique", et Nacer Kettane, président de Beur FM. Les ministères de la Culture, des Affaires étrangères ainsi que la commission française auprès de l'Unesco y ont également apporté leur soutien. Une dictée géante se tiendra dans l'hémicycle du Conseil. Elle sera retransmise en Algérie, au Maroc et en Tunisie par TV5 monde. Des tables rondes littéraires (Du Maghreb à l'Orient et Le français qu'on s'est choisi), des expositions ainsi que des plateaux TV et radios sont également prévus. Parmi les invités attendus figurent Azouz Begag (chercheur au CNRS), des écrivains Akli Tadjer, Fawaz Hussain, Karim Akouche, Marie-France Etchegoin, Jamil Rahmani, Salah Guermiche, Ysabel Saïah-Baudis, Malika Wagner et des journalistes, Nadir Dendoune et Lotfi Ben Sassi. Selon Nasser Kettane, l'idée de cette manifestation est venue dans le sillage du rapport du conseil économique sur la Francophonie. Cet état des lieux déplore le recul de la France, dans la promotion de sa langue et de sa culture, dans le monde, mais surtout dans les pays francophones, des anciennes colonies qui pour la plupart entretiennent un rapport compliqué avec la France. Il y a le cas de l'Algérie, troisième plus grand pays francophone au monde après l'Hexagone et le Congo, mais qui garde encore aujourd'hui le statut d'observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Nasser Kettane y voit une attitude schizophrénique et rappelle que nombre d'officiels qui honnissent la France en public envoient leurs enfants dans les écoles françaises. "Une espèce d'hypocrisie est entretenue", regrette le patron de Beur FM, estimant qu'il est nécessaire aujourd'hui de dépolitiser l'usage du français et de le dissocier du passif colonial. Comme Kateb Yacine, Kettane considère que cette langue est un tribut de guerre. En même temps, il pense que la France doit revoir sa façon de la transmettre aux autres, en faisant éclater les verrous institutionnels rigides. Dans son avis, le Conseil économique et social a identifié des champs d'intervention, nécessaires pour la promotion de la francophonie comme l'aide à l'éducation, le développement de l'offre des chaînes de TV, l'encouragement de la mobilité, une diplomatie plus dynamique et l'intégration du développement durable dans la coopération économique. Actuellement, le français est la langue officielle de 32 Etats et de 27 gouvernements. Elle est aussi la seconde langue des organisations internationales ou langue étrangère apprise dans le monde. Après le Brexit, la France entend étendre son poids au sein des institutions communautaires où son usage est encore marginal par rapport à l'anglais (3% seulement des correspondances sont rédigées en français). Elle espère aussi que le français deviendra la seconde langue la plus parlée dans le monde, dans les trente prochaines années, et compte pour cela sur la croissance démographique en Afrique. Dans le Maghreb, la diffusion du français est déjà très importante. Le Maroc abrite un des plus grands réseaux des écoles françaises dans le monde. C'est d'ailleurs de ce pays qu'est originaire Leila Slimani, journaliste et romancière désignée en novembre 2017 par le président Emmanuel Macron au poste de conseillère sur la francophonie. Elle est notamment chargée d'aiguiller l'Elysée dans les préparatifs du sommet de la francophonie qui se tiendra en Arménie, en octobre prochain. S. L-K.