Invité par la fondation Asselah-Ahmed et Rabah, Monseigneur Teissier a animé, samedi à Alger,une rencontre autour de "Saint Augustin et le dialogue des civilisations". L'homélie du jour de Pâques consacrée à "Saint Augustin, le Numide universel" a été dite ce samedi, 7 avril, par Mgr Henri Teissier qui a psalmodié l'oraison à la mémoire du divin enfant de Thagaste (Souk Ahras). Invité par la fondation Asselah-Ahmed et Rabah, l'ordonné prêtre pour le diocèse d'Alger a intitulé son sermon "Saint Augustin et le dialogue des civilisations". "De son périple qui le mena de Thagaste à l'antique M'daourouche (Madaure), puis à Carthage, Augustin téta au jour de sa nativité l'élocution latine, cette clef de savoir ou la grâce qui l'a élevé à la culture gréco-romaine de son époque", a-t-on su de l'ancien vicaire d'Alger. D'où le contraste de l'époque, où les villageois aux alentours de Thagaste et au diocèse d'Hippone (Annaba) ne s'exprimaient qu'en punique. "Si Augustin s'était davantage intéressé au punique ou au libyque, peut-être qu'il aurait pu faire comme les Slaves, Cyrille et Méthode, et de donner ainsi à l'Afrique du Nord une bible ou une prière en punique ou en libyque", a ajouté l'auteur d'Un évêque en Algérie (2008). À ce propos l'ancien vicaire d'Alger a interrogé l'histoire : "Etait-ce la langue de Carthage et celle du libyque ou d'anciennes peuplades de l'Afrique du Nord ?" "A priori, c'est l'ultime hypothèse qui s'offre de prime abord à l'ancien évêque d'Oran, du fait que la région d'Hippone-Taghaste est le district qui a révélé à l'humanité, davantage d'épitaphes libyques qu'il est impératif de déchiffrer", a déclaré l'ecclésiastique. Du reste, Augustin aurait pu s'isoler au cœur de la culture gréco-romaine classique qui faisait tendance ! Mais c'était douter de la soif du philosophe et théologien chrétien qui extériorisait dès ses 19 ans son penchant pour d'autres auteurs classiques, dont l'Hortensius de Cicéron ou le dialogue philosophique qu'avait composé Cicéron en 45 av J.-C, mais dont il ne reste que d'éparses citations, a jouté l'archevêque-coadjuteur qui étayait l'itinéraire de saint Augustin à l'aide de lectures choisies qu'il puisait d'une pile de ses ouvrages qui traitaient du thème, dont Eglise en islam (1984), La mission de l'Eglise (1985), Histoire des chrétiens d'Afrique du Nord (1991), Lettre d'Algérie (1998) et Chrétiens d'Algérie. C'est dire la richesse de l'autel qui authentifie du message religieux dont lequel s'identifiait Augustin d'Hippone dans la philosophie de Mani (216-277) à l'aspect oriental né aux confins de la Mésopotamie (Irak) et de la Perse (Iran). Et de là saint Augustin était allé jusqu'aux Indes pour s'abreuver de sagesse religieuse. Donc, de Rome (383) à Milan (384), l'itinéraire d'Augustin d'Hippone s'était enrichi du néoplatonisme qu'il découvra à la lecture de l'œuvre du syrien Porphyre et de Victorius, cet Africain de Rome. En conclusion dira le tribun : "L'empreinte qu'a léguée Augustin d'Hippone à l'humanité est traduite de par le monde. Mieux que ça ! L'œuvre est d'actualité et est sujette à des recherches au niveau d'institutions d'enseignement scientifique et religieuses des 5 continents. À ce titre, on en inventorie bon an, mal an, la publication de plus de 500 ouvrages et articles dans les principales langues en usage de par le monde autour de saint Augustin." De la sorte, "le mieux est de feuilleter la trajectoire de saint Augustin pour évaluer la dimension de cet enfant de la Numidie (l'Algérie d'aujourd'hui) et de se réapproprier l'image de ce patrimoine que vendent nos voisins de l'Est aux touristes étrangers. D'où l'urgence d'intéresser nos jeunes à cette figure de science et de paix, notamment à l'heure où l'urgence est au tourisme culturel. D'ailleurs, il y a déjà eu la tenue d'un colloque qu'avait organisé le Haut Conseil islamique sous le haut patronage du président Abdelaziz Bouteflika", a déclaré le professeur Hocine Asselah. Louhal Nourreddine