Se reprochant mutuellement un manque de solidarité sur l'accueil des migrants, Rome et Bruxelles se retrouvent devant une situation qui risque de se détériorer si les Italiens mettent à exécution leurs menaces de suspendre leur participation au financement de l'UE. Les rapports entre l'Union européenne et l'Italie sur la question des migrants se dégradent en raison des positions diamétralement opposées des deux parties sur le sujet. Elles se reprochent mutuellement un manque de solidarité sur l'accueil des migrants. C'est quand le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio s'est rendu à Bruxelles pour menacer de cesser de contribuer au budget de l'UE à défaut d'une solution pour régler la situation du Diciotti, que le ton est monté d'un cran du côté de l'UE. En effet, la réponse de l'exécutif européen a été ferme. "L'UE est une communauté de règles, et elle opère sur la base de règles, pas de menaces", a rétorqué un porte-parole de la Commission, Alexander Winterstein, en rappelant que l'UE s'appuie sur deux arguments, qui sont celui du droit international, qui régit les débarquements, et ses propres décisions politiques. Pour rappel, les 28 membres de l'UE se sont accordés pour donner la priorité à la distinction entre les migrants dits "économiques", voués à être renvoyés dans leur pays, et ceux qui peuvent prétendre à l'asile. Or, l'Italie plaide pour négocier la répartition des migrants avant leur débarquement. Et la coalition antisystème au pouvoir depuis le printemps a progressivement durci le ton. "Il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre", commente Sylvie Guillaume, vice-présidente du Parlement européen. L'Italie espérait y voir se dénouer le sort du Diciotti, un navire bloqué dans le port de Catane (Sicile) avec environ 150 personnes à son bord secourues en mer. Pour la Commission européenne, qui y avait invité 12 pays membres, il s'agissait d'une discussion informelle sur les "solutions durables" qui restent à trouver en matière d'accueil des demandeurs d'asile et de partage des responsabilités. D'un côté, l'Italie estime assumer un rôle démesuré dans l'accueil des migrants qui traversent la Méditerranée, et de l'autre, la Commission et les Etats membres lui demandent de jouer selon les "règles" déjà en vigueur. Il y a lieu de noter que la réforme du règlement de Dublin, qui confie la responsabilité du traitement de la demande d'asile au premier pays de l'UE où la personne est enregistrée, patine depuis plus de deux ans. Sans avancée sur le dossier, les Etats membres ont lancé, lors d'un sommet difficile, fin juin, les concepts des "centres contrôlés" sur le territoire de l'UE et des "plateformes régionales de débarquement dans le bassin méditerranéen". L'Italie, qui s'était réjouie dans un premier temps de ne plus être seule, a depuis fait part de son scepticisme sur ces solutions. Les discussions doivent reprendre en septembre, mais elles s'annoncent tout aussi difficiles que sur Dublin. Merzak T./Agences