Après le retournement spectaculaire du président américain Donald Trump qui durcit le ton, c'est au tour de Londres, Paris et Berlin d'accentuer la pression sur le royaume pour révéler la vérité sur ce crime. Les alliés occidentaux de l'Arabie saoudite et ses principaux fournisseurs d'armes ont émis des doutes concernant la version avancée par Riyad pour expliquer la disparition puis l'assassinat du journaliste saoudien opposant Jamal Khashoggi dans les locaux de son consulat à Istanbul. Après le retournement spectaculaire du président américain Donald Trump qui durcit le ton, samedi soir, c'était au tour de Londres, Paris et Berlin d'accentuer la pression sur le royaume pour révéler la vérité sur ce crime que les autorités saoudiennes tentent de présenter comme une "bagarre" qui a mal tourné entre M. Khashoggi et un commando qui aurait agi en dehors de toute autorité du prince héritier, Mohammed Ben Selmane (MBS). "Il y a manifestement eu tromperie et mensonges", a-t-il déclaré dans un entretien publié tard samedi soir par le Washington Post, journal auquel collaborait M. Khashoggi, exilé aux Etats-Unis depuis 2017 après être tombé en disgrâce auprès du pouvoir saoudien. "Leurs histoires partent dans tous les sens", a ajouté le locataire de la Maison- Blanche, qui avait jugé "crédible" la veille la version de Riyad selon laquelle le journaliste aurait été tué au cours d'une rixe au consulat saoudien à Istanbul. De leur côté, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont estimé hier qu'il y avait "un besoin urgent de clarification sur les circonstances de la mort inacceptable de M. Khashoggi". "Nous prenons bonne note de la déclaration des Saoudiens expliquant leurs conclusions préliminaires", ont déclaré les trois capitales occidentales dans un communiqué conjoint. "Mais il reste un besoin urgent de clarification sur ce qui s'est exactement passé le 2 octobre, au-delà des hypothèses jusqu'ici évoquées par l'enquête saoudienne, qui doivent être étayées par des faits pour être considérées comme crédibles", selon ce communiqué. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis pour sa part hier de révéler "toute la vérité" sur le meurtre du journaliste, précisant qu'il ferait une nouvelle déclaration à ce sujet la semaine prochaine. "Nous cherchons la justice ici, et toute la vérité sera révélée (...) en toute vérité", a déclaré M. Erdogan lors d'un rassemblement à Istanbul, où M. Khashoggi était aperçu la dernière fois le 2 octobre devant le siège du consulat saoudien et qu'il n'a jamais quitté vivant. Samedi soir, le Canada a fait part également de ses doutes quant à la véracité du récit saoudien. "Nous réitérons notre appel à une enquête approfondie, menée en pleine collaboration avec les autorités turques, et à un compte rendu complet et rigoureux des circonstances entourant la mort de M. Khashoggi", a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland dans un communiqué, ajoutant que "les responsables de ce meurtre doivent répondre pour leurs actes et faire face à la justice". Le Canada est en crise diplomatique avec l'Arabie Saoudite depuis plusieurs mois pour avoir dénoncé la détention arbitraire d'une militante féministe saoudienne par Riyad, où le prince héritier opère une véritable purge dans les milieux militants et contre ses opposants, alors que plusieurs de ses soutiens occidentaux tentent de le présenter comme un véritable réformateur. Lyès Menacer/Agences