Jusque-là favorable à l'application des résolutions de l'ONU sur le conflit israélo-palestinien, l'Australie s'intègre parmi les rares pays à s'aligner sur la position de Donald Trump. L'Australie a annoncé hier qu'elle reconnaissait Al-Qods occupée comme capitale d'Israël. "L'Australie reconnaît désormais Jérusalem-Ouest – où siègent la Knesset et de nombreuses institutions gouvernementales – comme capitale d'Israël", a déclaré Scott Morrison dans un discours à Sydney. "Et nous envisageons de déménager notre ambassade à Jérusalem-Ouest quand ça sera faisable (...) après la conclusion du statut final de cette ville", a-t-il poursuivi, tout en précisant que des travaux étaient déjà en cours sur le nouveau site de l'ambassade. Dans la foulée, Scott Morrison a également précisé que l'Australie ne s'abstiendrait plus désormais à l'ONU sur les résolutions qui selon lui "attaquent" Israël mais s'y opposerait, y compris pour celle demandant de ne pas installer de missions diplomatiques à Al-Qods occupée. Rappelons que l'ONU ne reconnaît pas l'occupation par Israël de la partie orientale de la Ville sainte en 1967. Le président américain Donald Trump a reconnu Al-Qods comme capitale d'Israël le 6 décembre 2017, avant d'y transférer en mai l'ambassade américaine depuis Tel-Aviv. La cérémonie avait coïncidé avec des heurts dans la bande de Gaza et au moins 62 Palestiniens avaient été tués ce jour-là par des tirs israéliens. Le Premier ministre australien avait déjà évoqué en octobre, avant une élection partielle cruciale pour sa courte majorité, ce changement d'orientation dans la politique étrangère australienne. Mais il avait temporisé après un tollé politique en Australie. Anticipant l'annonce de sa décision, Canberra a conseillé vendredi la prudence aux Australiens qui se rendraient en Indonésie, notamment à Jakarta et Bali. Le Premier ministre cherche à séduire l'électorat juif et chrétien conservateur et s'attirer les bonnes grâces de la Maison-Blanche alors qu'il redoute un revers électoral l'an prochain. Hier, il s'est aussitôt attiré les critiques du Parti travailliste (opposition) estimant que le gouvernement a mis "l'intérêt personnel devant l'intérêt national". "Reconnaître Jérusalem-Ouest comme capitale d'Israël, alors que l'ambassade d'Australie est toujours installée à Tel-Aviv, ce n'est qu'un geste pour sauver la face en conservant le statu quo", a dit une haute responsable travailliste, Penny Wong, dans un communiqué. "Il s'agit d'une décision totalement risquée qui n'apporte aucun bénéfice, et place l'Australie en décalage avec la communauté internationale", a-t-elle insisté. La direction palestinienne a qualifié hier d'irresponsable la décision de l'Australie de reconnaître Al-Qods occupée comme capitale d'Israël, estimant qu'elle viole le droit international. "Le statut final de l'ensemble de Jérusalem doit être déterminé lors des négociations", a déclaré le haut responsable palestinien Saëb Erekat, dans un communiqué. Merzak Tigrine