Il est tel l'épique oiseau que Dame nature a gratifié de l'exquise vie éternelle. Il gazouille comme il ramage lorsqu'il illuminait la scène musicale du chant de l'oiseau de feu qu'il était à l'époque où il faisait de la musique. Mieux, on eut dit qu'il volète au-dessus des planches du tréteau et de l'amas de bois du chevalet où il n'a concédé nul duvet de son plumage au bûcher. En clair, il est tel le phénix ou le phœnix qui renaît de ses aquarelles chaque fois qu'il accroche une toile aux murs de la galerie d'art de la Fondation Ahmed et Rabah-Asselah. Signe de résurgence, la réapparition de ses toiles y incarne l'immuabilité des couleurs du paon. D'ailleurs, "c'est aussi notre vœu qu'il y soit, lui, ce symbole de la nuance du signe qu'il incarne au feeling", a déclaré Mustapha Bouamama, directeur de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger. À ce propos, le feeling, c'est l'avant-goût qui prélude de l'euphorie et qui dessille les yeux face à l'esthétique qui emperle l'âme du féru de l'art d'une guirlande de couleurs. Joyau d'attrait ou collier de parure, le feeling est l'auréole de la féerie qui enjoint à l'amoureux de l'art de décrypter l'inventif génie d'une toile jusqu'à l'ultime détail. Pari tenu, pari réussi par ce disciple de M'hamed Issiakhem (1928-1985) qui a clouté l'assortiment de ses toiles et la trajectoire de l'œil du curieux de l'art sur l'identique longueur d'onde. D'où l'air du bel-air de ces "circulaires" qui ont moucheté d'une tonalité de tons, l'espace de la galerie d'art de la fondation Asselah-Ahmed et Rabah, où l'avant-signe coureur reste cela s'entend "l'aoucham". De la même manière que pour le peintre du signe Mohammed Khadda (1930-1991) et Denis Martinez, le signe se poétise avec l'âme de Nouredine Chegrane qui s'est auréolée dès 1973 du premier prix de peinture de la ville d'Alger. Donc, et à y voir de près l'omniprésent sceau de l'école "Aoucham", le signe s'entrecroise comme dans le chassé-croisé d'un ballet, à l'instar du danseur étoile d'opéra qui y rêve de croiser en vain le regard de sa partenaire ballerine. Et dans l'absolue quête du détail, c'est ce qu'on se fixe de soustraire un signe de l'autre pendant qu'ils s'entretissent et s'insèrent dans la tapisserie de sa Kabylie. Dans ce cas, l'inspiration est entendue, puisqu'il prend fait et cause pour l'allusionnel ou plutôt la délicieuse estampille pour faire l'éloge de la femme qu'il remodèle à l'aide de la beauté qu'est la sienne. Outre cela, le patrimoine immatériel n'est pas en reste dans les toiles de Nouredine Chegrane où il éveille nos rites en usage et le legs du passé. Autant de signes où l'on décèle de la poésie mais aussi la senteur de l'âtre qui contribuait à humaniser l'akham (maison) à l'aide du conte et du rêve. C'est tout ça le feeling qu'a apporté l'artiste peintre Nouredine Chegrane dans son panier qu'il offre au visiteur jusqu'au 22 janvier prochain. Louhal Nourreddine