Le regain de l'activité diplomatique des nouveaux représentants du régime inquiète la rue et fait réagir l'ancien Premier ministre, Ali Benflis, qui dénonce, dans un communiqué rendu public, les agissements de Ramtane Lamamra et de Lakhdar Brahimi qui, selon lui, cherchent à s'appuyer sur les puissances étrangères pour contrecarrer les manifestations populaires. Pour expliquer ces déplacements à l'étranger, Ali Benflis estime qu'il est manifeste que "ce régime a été alarmé par les déclarations de certains partenaires étrangers sur le droit du peuple algérien à manifester pacifiquement et l'élan de sympathie exprimé par l'opinion publique internationale, notamment occidentale, à l'égard du mouvement de contestation pacifique, dans notre pays". "Le pouvoir politique en place semble s'engager dans une campagne auprès des partenaires étrangers pour plaider sa propre cause, promouvoir la feuille de route du président de la République, déclarée nulle et non avenue par le peuple algérien, et solliciter la compréhension des uns, particulièrement les Occidentaux plus sensibles aux pressions de leur opinion publique, et le soutien des autres, notamment la Russie et la Chine", écrit le président de Talaie El-Houriat. Ali Benflis trouve étrange l'attitude du pouvoir qui s'appuie sur "la main de l'étranger" après avoir reproché à l'opposition de s'appuyer sur l'étranger. "La main étrangère n'est pas venue du côté que le régime politique en place s'est longtemps et injustement plu à dénoncer, celui de ses opposants, et des dénonciations de ses critiques et de ses dérives. Le régime politique actuel trouve des vertus à la main étrangère. Il ne se retient plus et ne s'interdit rien et plus aucun tabou ne lui résiste. La main étrangère semble devenue, pour lui, une main secourable", a-t-il fait remarquer. Pour l'ancien chef de gouvernement, la solution à la crise algérienne est d'abord en Algérie et entre les Algériens. "La solution de l'impasse politique actuelle est entre les mains des Algériens et doit le rester. L'internationalisation de la crise se traduira nécessairement par l'ouverture de notre pays aux luttes d'influence entre puissances étrangères dont on sait l'effet ravageur sur les pays qui les subissent", note encore Benflis qui rappelle que "le peuple algérien est résolument contre toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires internes de notre pays. Il a crié haut et fort le rejet qu'il leur oppose dès les premières marches. Il ne tolérera pas l'ingérence étrangère d'où qu'elle vienne et en aucune circonstance". Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le diplomate Lakhdar Brahimi, se rendront dans des capitales étrangères pour expliquer la démarche du régime concernant la sortie de la crise. Les manifestants, sortis par millions vendredi dernier, ont dénoncé l'ingérence étrangère dans les affaires algériennes. "C'est une affaire de famille", scandaient-ils. Ali Boukhlef