Ce film né dans l'urgence n'a pu être vu par le public cinéphile des RCB en 2016, mais il a été à nouveau au programme du Ciné-Club "Allons voir un film" de l'association Project'heurts. Le réalisateur et producteur algérien Fayçal Hammoum était présent, samedi dernier, à la cinémathèque de Béjaïa, où a été présenté Vote off, son film produit par Thala Films, frappé d'interdiction en 2016, alors qu'il était au programme des 14es Rencontres cinématographiques de Béjaïa. Ce film né dans l'urgence n'a pu être vu par le public cinéphile des RCB, mais il a été à nouveau au programme du Ciné-Club "Allons voir un film" de l'association Project'heurts. Dans ce manifeste pour la démocratie, le réalisateur de ce documentaire politique a réussi l'exploit de rassembler autour d'une même thématique portraits de trois abstentionnistes lors de l'élection présidentielle de 2014, plus que jamais d'actualité, notamment depuis la révolution populaire en cours. Les personnages en question sont de divers horizons et de diverses conditions sociales : animateur radio engagé, épicier, musicien et journaliste. Tous trentenaires, comme le réalisateur lui-même, et qui s'expriment sur un ton désabusé, comme le sont la plupart des jeunes avant le début du mouvement populaire, qui a réhabilité la dignité des Algériens et leur intérêt pour la chose politique. Le film a été censuré en 2016, car il comportait, a-t-on justifié, "des contenus portant atteinte aux symboles de l'Etat et de sa souveraineté". Rien que cela ! Fayçal Hammoum a confié que son film "était né dans l'urgence". Mais pour aborder un tel sujet, à savoir l'abstention, qui est un acte politique en lui-même, il se devait de "filmer les doutes, les incertitudes, le futur de ces jeunes". Sorti en 2016, ce film a été initialement au programme des 14es Rencontres cinématographiques de Béjaïa. Malheureusement, il a été interdit de projection faute de visa culturel. Ce premier documentaire du réalisateur sera projeté en première mondiale à Paris en mars 2017. Il passe enfin dans le cadre du ciné-club "Allons voir un film", en présence assurément enthousiaste du réalisateur et du producteur du film. Continuant ainsi dans la lancée de ses activités culturelles qui font écho à l'actualité et participent au mouvement de changement que connaît l'Algérie. Le débat a été, comme d'habitude, des plus animés. La commission de visionnage ayant jugé le contenu du film portant atteinte aux symboles de l'Etat, aujourd'hui décriés par des millions d'Algériens, lesquels ont décidé de mettre fin à la censure et à ceux qui la pratiquent, car stérilisant l'intelligence des créateurs. Le président de l'association n'a pas manqué de remercier le public et les invités pour leur présence massive, ainsi que les gérants de la cinémathèque de Béjaïa pour leur soutien. M. OUYOUGOUTE