Dans un communiqué, la CMA (Corporation des musiciens algériens) dénonce le non-paiement de plusieurs artistes ayant pris part aux trois dernières éditions du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes. Tout a commencé par la publication, le 13 avril, d'un post sur facebook par l'interprète de musique arabo-andalouse Nisrine Ghenim, où elle dénonçait le non-paiement de sa prestation lors du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes de 2017. "Moi, Nisrine Ghenim (…) déclare et certifie ne pas avoir été payée la somme (sic) de 80 000 DA prévue suite à ma prestation de la soirée d'ouverture du Festival international de musique andalouse et musiques anciennes 2017 (décembre 2017 comme le montre l'affiche) par M. Aïssa Rahmaoui, commissaire de ce festival, qui occupe un poste au niveau du ministère de la culture." Elle explique aussi que les nombreuses sollicitations dudit commissaire ont été infructueuses, puisqu'il "ne répond pas aux SMS et derniers appels concernant cette rémunération". Depuis ce jour, d'autres artistes sont sortis de l'ombre pour dénoncer, d'une seule voix, ce qui s'apparente à une "arnaque" et un "scandale". Ainsi, "Imène Sahir, Lila Borsali et son orchestre, Brahim Hadj Kacem, Khalil Baba Ahmed, l'orchestre féminin de l'Opéra d'Alger, l'ensemble national de musique andalouse et de nombreux artistes" dénoncent à leur tour les agissements du commissariat du festival, à sa tête Aïssa Rahmaoui. Relayée par un communiqué publié par la Corporation des musiciens algériens (CMA), l'affaire révèle qu'une centaine d'artistes au moins n'a pas été payée lors des trois dernières éditions, soit celles de 2016, 2017 et 2018. Créé en janvier 2019, ce collectif qui rassemble déjà plus de 250 membres s'engage à défendre les droits des artistes lésés. Ayant déjà parvenu à "régler certaines affaires de non-paiement qui incriminaient quelques agences de communication", il s'implique dans cette affaire en désignant "un membre pour suivre l'affaire afin d'obtenir gain de cause pour l'ensemble des artistes concernés". Le 14 avril, soit au lendemain de la publication du post de Mme Ghenim, le membre du CMA se "déplace" à l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh pour s'entretenir avec Aïssa Rahmaoui, est-il dit dans le communiqué. Mais, lit-on, "M. Rahmaoui s'avère être absent. Au téléphone, il s'engage à rappeler le lendemain dès qu'il sera à son bureau. Le 15 avril à 11h (…) M. Rahmaoui décale encore une fois le RDV car «il est très occupé»". Le 17 avril, c'est le directeur artistique du festival, Abdelmoumen Haoua, qui propose à son interlocuteur de "partager sur facebook un communiqué du Commissariat du festival (…) qui s'engage à honorer les prestations avant la fin du mois d'avril". Au bout d'un entretien fixé le lendemain, Rahmaoui explique que le non-paiement "des membres exécutifs, hôtes et hôtesses, hôtels, boîtes de communication et artistes" a été causé "par le blocage des budgets par le ministère de la Culture et l'ONDA". Il s'est, en sus, engagé à "payer les concernées d'ici la fin du mois d'avril au plus tard avant le mois de Ramadhan «sauf lenteur administrative»", "à remettre le plus rapidement possible les contrats des artistes des trois dernières éditions", et enfin "la publication d'un communiqué au nom du commissariat du festival à propos de sa promesse de paiement". En tout état de cause, même si cette affaire vient à être réglée, elle révèle les graves dysfonctionnements qui entourent la sphère artistique algérienne, où les artistes, même de renommée, ne sont pas à l'abri d'une gestion hasardeuse et dédaigneuse. D'autant plus que certains artistes algériens dévoilent que les musiciens et chanteurs étrangers ayant pris part au festival ont tous été payés, et en cash…