Alors que le pouvoir mène le pays vers l'impasse, des espoirs viennent d'une conférence que projette d'organiser la société civile le 15 juin prochain. À cause des différences idéologiques, la conférence risque d'être au moins ajournée. C'est à un projet gigantesque que s'attaquent plus de 70 représentants d'associations, syndicats et personnalités de tous bords. Pour bien mener les discussions, un comité composé d'une dizaine de personnalités se réunit régulièrement pour achever la rédaction d'une feuille de route qui servira de document de base à la réunion du 15 juin, dont le lieu n'est toujours pas précisé. "Nous avançons malgré les différences", a indiqué Meziane Meriane, secrétaire général du Syndicat national des personnels de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) et membre du bureau de l'Intersyndicale de la Fonction publique. Pour le syndicaliste, les discussions actuelles butent sur des sujets importants liés à la gestion de la transition politique. "Nous nous sommes entendus sur l'essentiel. Mais nous continuons de discuter sur des sujets comme l'Assemblée constituante, l'élection présidentielle ou encore comment désigner un gouvernement de compétences nationales", résume-t-il. L'homme reconnaît des divergences entre les différentes composantes de cette conférence. Mais il a bon espoir que les choses avancent. Cet espoir est partagé par Abdelwahab Fersaoui. Pour le président de l'association Rassemblement actions jeunesse (RAJ), le fait de se réunir et de discuter autour d'une solution de sortie de crise est "une avancée en soi". L'homme admet effectivement des divergences de points de vue sur la période de transition. Mais "cela est surmontable", a-t-il indiqué. Fersaoui, qui fait partie du Forum civil pour le changement qui englobe également des associations des droits de l'Homme, a bon espoir que la rencontre réussisse malgré les divergences. Ces discussions vont se poursuivre puisqu'une réunion regroupera, samedi prochain, le comité de préparation pour tenter, notamment, de rédiger un document "consensuel" qui va être présenté à la conférence du 15 juin. Ces espoirs, exprimés publiquement, cachent pourtant un vrai malaise parmi les organisateurs de cette rencontre qui sera, en principe, un prélude à une rencontre élargie aux partis politiques, à l'exception des anciens soutiens de Bouteflika. Un membre actif du mouvement associatif, qui a requis l'anonymat, ne pense pas que la rencontre puisse se tenir dans les délais. "Cela ne signifie pas que c'est un échec au vu du désert créé dans la classe politique et dans la société civile par Abdelaziz Bouteflika", insiste notre interlocuteur. Pour lui, le vide créé par l'ancien régime durant 20 ans ne permet pas de rassembler tout le monde en "un laps de temps assez court". Les divergences les plus importantes résident, selon des sources au fait des préparatifs de cette rencontre, autour de la conduite de la transition. Il y a deux groupes distincts : l'un proposant une élection d'une Assemblée constituante parce que "de toute façon le président élu aura certainement une influence sur la future révision constitutionnelle", et l'autre estime, en revanche, que "vu la complexité de la crise, il est important d'aller le plus vite possible vers une élection présidentielle". Le chef de l'Etat qui sera élu mènera donc les réformes nécessaires, à commencer par la rédaction d'une nouvelle loi fondamentale.