Le chef d'état-major de l'ANP reconnaît que "les délais (possibles constitutionnellement, ndlr) ont atteint aujourd'hui leurs limites". Plus que jamais droit dans ses bottes, le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), Ahmed Gaïd Salah, tient mordicus à sa solution dans le cadre de l'actuelle Constitution et ne voit aucune autre issue à la crise que vit le pays depuis bientôt quatre mois en dehors du dialogue et d'une élection présidentielle. "Nous ne nous lasserons jamais de dire que la priorité aujourd'hui consiste à accélérer l'élection d'un président de la République dans les délais possibles constitutionnellement et acceptables dans le temps", a-t-il soutenu dans une allocution prononcée hier à l'occasion d'une rencontre d'orientation tenue au secteur opérationnel sud de Tindouf. Et de rappeler qu'"une des lignes de conduite que l'Armée nationale populaire veille à respecter est l'attachement résolu aux solutions légales et constitutionnelles pour résoudre la crise que traverse l'Algérie. Il s'agit de principes auxquels on ne peut déroger et que nous ne nous lasserons jamais de réitérer en toute confiance et avec détermination". Un discours qui s'inscrit en droite ligne de celui prononcé le 28 mai 2019 à Tamanrasset dans lequel le patron de l'armée avait déjà appelé à un dialogue "sérieux, rationnel, constructif et clairvoyant" qui mène à "un consensus et un compromis sur l'impératif de l'organisation d'une élection présidentielle, le plus tôt possible". Même s'il reconnaît dans sa sortie d'hier que "ces délais ont atteint aujourd'hui leurs limites", M. Gaïd Salah ne se laisse pas démonter et croit toujours que la voie électorale est la seule et unique solution qui s'offre au pays. "Il appartient aux Algériens fidèles à leur patrie de trouver, maintenant, la voie la plus efficace pour y aboutir", dit-il. Quelle voie ? Le vice-ministre de la Défense n'en a qu'esquissé les contours, se contentant seulement de la baliser, en assurant : "Trouver ces voies qui mèneraient à la présidentielle ne peut se faire qu'à travers le dialogue dont les résultats pourront satisfaire la majorité du peuple algérien, soit des résultats consensuels pour aboutir à une solution consensuelle au service de l'Algérie et de ses intérêts." Le chef d'état-major de l'ANP jette la pierre à ceux qui ne se sont pas laissé séduire par cette proposition en les accusant de s'adonner à la "surenchère politique et idéologique" et au "dénigrement d'autrui". "L'organisation de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais et dans les meilleures conditions de transparence et de crédibilité constitue un élément fondamental que requiert la véritable démocratie à laquelle ne croient pas, malheureusement, certains adeptes de la surenchère politique et idéologique qui considèrent les élections comme un choix plutôt qu'une nécessité", déplore-t-il avant d'enfoncer le clou, en conseillant au peuple algérien de "prendre garde de certaines personnes et entités qui continuent à faire montre d'une opposition fondée uniquement sur le dénigrement d'autrui ou la formulation de nouvelles revendications et de propositions qui ne sont guère adéquates, voire pas du tout objectives, qui s'inscrivent dans le cadre des pratiques non constructives tendant sciemment à faire perdurer la crise que nous confrontons, oubliant que c'est au nouveau président seul que revient la tâche de traduire concrètement sur le terrain le programme détaillé et précis des réformes, sur lequel il aurait fondé sa candidature (…)". Pour le patron de l'armée, démocratie rime avec "élections libres et intègres". "Il y a lieu de réunir toutes les conditions nécessaires pour tenir des élections pluralistes, précédées par des discussions constructives et un dialogue serein et calme permettant au citoyen d'accorder sa voix à celui qu'il considère apte à conduire le pays sur la voie de la prospérité et du progrès", recommande-t-il.