Les médias se sont empressés de l'annoncer dans la soirée de jeudi : en réaction à une sollicitation des membres du panel qu'il avait reçu plus tôt, sur les "mesures d'accompagnement et d'apaisement" qu'il y a lieu de prendre, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, toujours contesté, a fait état de sa "disponibilité à œuvrer", entre autres, à "envisager l'allègement du dispositif mis en place par les services de sécurité, pour garantir la liberté de circulation, dès lors, a-t-il dit, que cet allègement ne porte pas préjudice à l'impératif de préserver l'ordre public et à la protection des personnes et des biens lors des marches populaires". Hier, peu avant le début de la manifestation hebdomadaire, à Alger, alors que l'on spéculait déjà sur l'attitude des services de sécurité au lendemain de ce message que l'on voulait rassurant, force était de constater que rien ou presque n'avait changé concernant les barrages filtrants installés à l'entrée de la capitale, depuis maintenant plusieurs semaines. Tous les voyageurs venant de l'intérieur du pays, notamment ceux de l'Est, ont eu toute latitude de le vérifier à leurs dépens. Tout près de Lakhdaria, sur l'autoroute Est-Ouest, l'imposant barrage de la gendarmerie dressé depuis quelques semaines déjà était toujours en place, a-t-on constaté sur place. Une dizaine de fourgons étaient garés sur le bas-côté de la chaussée, alors que certains automobilistes étaient soumis au contrôle. Un dispositif similaire est également dressé à Boudouaou où la voie menant vers l'autoroute Est-Ouest a été complètement fermée. C'est également le cas à hauteur de Réghaïa et de Dar El-Beïda, provoquant ainsi des embouteillages. Et selon des témoins oculaires, d'autres barrages dressés à d'autres points d'accès de la capitale étaient toujours maintenus. Passons sur le dispositif déployé en plein cœur de la capitale où plusieurs dizaines de fourgons ont été disposés en haies entre la place Audin et la Grande-Poste, comme pour réduire et entraver le flux de la manifestation. Si aucune arrestation ni aucune fouille n'ont été, cependant, opérées peu avant la marche, à l'inverse des vendredis précédents, le maintien toujours du dispositif répressif n'est pas de nature à convaincre de la sincérité et de la volonté des "décideurs" de lever les entraves à la libre circulation des personnes et au droit à manifester, comme le réclament la plupart des Algériens, les acteurs politiques et de la société civile et même le panel. À moins qu'il ne s'agisse d'une question de "procédure", il peut, au mieux, être interprété comme une temporisation en attendant le retour d'écho sur le panel dont les noms ont été dévoilés jeudi, au pire, un attachement du pouvoir à user de l'une des cartes pratiques dont il dispose pour empêcher l'émancipation de la société. Autrement dit : faute d'une meilleure visibilité, il ne semble pas disposé à griller la carte qui lui assure la survie. Karim Kebir