Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU s'est dit hier "inquiet" après l'adoption par le Parlement italien d'une loi plus répressive contre les ONG qui récupèrent des migrants en Méditerranée. Le texte adopté par la Chambre des députés et par le Sénat accorde au ministre de l'Intérieur Matteo Salvini des pouvoirs élargis pour interdire les eaux territoriales aux navires ayant secouru des migrants, confisquer les bateaux des ONG et imposer à leurs commandants des amendes pouvant aller jusqu'à 1 million d'euros. Il doit encore être ratifié par le Président italien, Sergio Mattarella. Le HCR est "inquiet de cette décision", a réagi l'agence de l'ONU pour les réfugiés dans un communiqué. "Imposer des amendes ou d'autres pénalités aux commandants risque de dissuader ou d'empêcher des navires privés de mener des activités de secours en mer au moment où les Etats européens se sont pratiquement désengagés des efforts de sauvetage en Méditerranée centrale", a-t-elle poursuivi. Pour le HCR, "les ONG jouent un rôle inestimable dans le sauvetage des réfugiés et des migrants qui tentent de traverser la mer pour rejoindre les côtes européennes". "L'engagement et l'humanité qui les motivent ne doivent pas être criminalisés ou stigmatisés", a estimé l'agence. Rien que la semaine dernière, près de 200 migrants ont été secourus en mer. Sans l'intervention efficace et rapide des ONG, le nombre de morts et de disparus en mer serait plus important. Sur un autre plan, le HCR a rappelé son opposition à ce que les migrants secourus soient ramenés en Libye, "qui n'est pas un endroit sûr". Pointant la responsabilité des Etats européens, le HCR a appelé les pays du Vieux Continent à se mettre d'accord pour les accueillir, mais lors d'une réunion le mois dernier à Helsinki, les ministres de l'Intérieur de l'UE ne sont pas parvenus à s'entendre sur "un tel mécanisme de solidarité". Le secrétaire général de l'ONU a affirmé à plusieurs reprises que "la Libye n'est pas un pays d'asile sûr et que les réfugiés doivent être traités avec dignité et respect et conformément au droit international". Il a invité les pays européens à plus de responsabilité devant la situation dramatique des migrants. La Méditerranée est devenue la route maritime la plus meurtrière au monde. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 840 personnes y ont disparu depuis le début de l'année, dont 576 en Méditerranée centrale.