"Le rôle des bateaux gérés par des ONG devrait être reconnu et soutenu. Leurs efforts pour sauver des vies ne devraient être ni stigmatisés ni criminalisés", a souligné l'agence pour les réfugiés tout en rappelant à l'Europe ses responsabilités. Quelque 100 migrants ont été secourus au large de la côte occidentale libyenne, a annoncé, mardi soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les migrants sauvés in extremis ont dû être renvoyés au large de la Libye alors que ce pays, en proie à une crise sécuritaire aiguë, n'a pas les moyens et les capacités nécessaires pour l'accueil des rescapés. "Une centaine de migrants viennent d'être renvoyés au large de la Libye dans un contexte d'escalade des affrontements", a tweeté l'OIM en Libye, ajoutant qu'"alors que nos équipes sont là pour apporter une assistance immédiate, nous réitérons que la Libye n'est pas un port de débarquement sûr". L'ONU a critiqué, à plusieurs reprises, les politiques européennes en faveur du retour en Libye des migrants secourus en mer, affirmant que la Libye n'est pas sûre pour eux. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, n'a de cesse rappelé en effet que "la Libye n'est pas un pays d'asile sûr et que les réfugiés doivent être traités avec dignité et respect et conformément au droit international". Il faut dire qu'au moment où les affrontements entre belligérants en Libye se sont amplifiés de manière inquiétante ces dernières semaines, le renvoi des centaines de migrants dans ce pays devient alors un acte irresponsable. L'Europe qui refuse de s'engager véritablement dans une politique globale avec les mécanismes idoines et efficaces pour venir à bout du drame des migrants en Méditerranée porte aujourd'hui une lourde responsabilité. L'Italie, l'Espagne et d'autres pays de l'UE refusent catégoriquement d'accueillir les rescapés prétextant que la répartition des migrants n'est pas respectée par les autres pays membres de l'UE. Résultat : plus de 500 personnes à bord des navires humanitaires attendent à ce jour d'être débarqués. 151 migrants à bord du navire espagnol Open Arms patientent toujours au large de l'île italienne de Lampedusa en attendant une autorisation de débarquement alors que l'Ocean Viking, à bord duquel se trouvent entassés plus de 350 personnes, navigue toujours en mer à la recherche d'un port sûr pour accoster. Devant cette situation déplorable, les conditions des personnes secourues se dégradant de jour en jour, l'UNHCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés, a exhorté hier les gouvernements européens de consentir au débarquement des 500 personnes secourues ces derniers jours en Méditerranée. Pour cette organisation, il s'agit d'une véritable course contre le temps d'autant plus que des intempéries sont attendues dans les prochains jours. "La course contre le temps est maintenant engagée", a déclaré hier, Vincent Cochetel, envoyé spécial de l'UNHCR pour la Méditerranée centrale, en précisant que "des tempêtes sont prévues et les conditions à bord ne feront qu'empirer. Laisser des personnes affronter une mer démontée alors qu'elles ont fui la guerre et la violence en Libye leur infligera de nouvelles souffrances. Ces personnes doivent être immédiatement autorisées à débarquer et à recevoir l'aide humanitaire dont elles ont tant besoin", a-t-il ajouté. L'organisation onusienne a rappelé que de nombreux dirigeants européens s'étaient dits choqués par les événements du mois dernier, notamment le décès de plus de 50 personnes lors d'une frappe aérienne contre un centre de détention à Tajoura, en Libye, et la mort de 150 autres au cours du pire naufrage en mer Méditerranée depuis début 2019. Ces sentiments, estime l'ONU, doivent maintenant se traduire concrètement par la solidarité envers les personnes qui fuient la Libye. UNHCR a rappelé par ailleurs que "le rôle des bateaux gérés par des ONG devrait être reconnu et soutenu. Leurs efforts pour sauver des vies ne devraient être ni stigmatisés ni criminalisés", a souligné l'agence pour les réfugiés.