Les enseignants de l'université Mouloud-Mammeri qui ont tenu une assemblée générale à l'effet de débattre de la situation politique nationale, ont pris la décision de s'impliquer davantage dans la mobilisation populaire en renouant avec les actions de rue à compter d'aujourd'hui. Dans la déclaration qui a sanctionné les travaux de leur assemblée générale, les enseignants de l'université de Tizi Ouzou ont annoncé, en guise de première action, l'organisation d'une journée de protestation aujourd'hui, lundi, pour réclamer la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus d'opinion, puis un rassemblement mardi à 9h au campus Hasnaoua avant de rejoindre la marche des étudiants, à 11h, avec un carré qui sera formé exclusivement d'enseignants universitaires. Selon le même document, les enseignants de l'université de Tizi Ouzou ne comptent pas s'arrêter là puisque, ayant sans doute pris conscience de la démobilisation qui a frappé l'université durant de longs mois, ils ont lancé un appel à la communauté universitaire afin de "se mobiliser davantage et de coordonner leurs efforts". "Les enseignants universitaires qui ont de tout temps souffert de marginalisation ne peuvent plus continuer à se donner bonne conscience en participant aux marches hebdomadaires du vendredi et du mardi. En tant que détenteurs et producteurs du savoir, ils sont interpellés plus que toutes les autres catégories de la population pour apporter leur contribution à la construction de la nouvelle Algérie par l'éclairage et les propositions, surtout en cette période propice à toutes les manipulations", estiment les rédacteurs de la déclaration. Tout en réaffirmant, ainsi, leur engagement dans la révolution populaire, les enseignants universitaires de Tizi Ouzou estiment qu'"avec un pouvoir qui a tabassé des médecins, des enseignants, du primaire au supérieur, des journalistes, des retraités de l'armée, avec un pouvoir qui emprisonne des industriels, des hommes politiques, des médecins, des intellectuels, des journalistes, des militants associatifs, de simples citoyens, et comble de l'ironie, des moudjahids, sans procès, il ne nous reste qu'à lutter ou attendre notre tour". Tout en apportant leur soutien aux juges qui continuent à se battre même si leur syndicat a vite fait de conclure un accord avec la tutelle, les enseignants universitaires estiment que le cas des magistrats doit interpeller toutes les élites qui par peur de perdre un privilège ou dans l'espoir de grappiller un strapontin, continuent à accepter d'exécuter les sales besognes ou, au mieux, à se murer dans un confortable silence.