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Lutte contre le banditisme et la délinquance
Constantine
Publié dans Liberté le 20 - 08 - 2005

Les services de police ont, désormais, un nouveau défi à relever. Vaincre le banditisme et le crime organisé. Comme pour la lutte antisubversive, les forces combinées se lancent, en collaboration avec le citoyen, à l'assaut des territoires libérés par les enfants des liaisons dangereuses. Au début du week-end dernier, le Khroub a vécu au rythme de la première opération menée à Constantine. Récit.
Mercredi. Il est 17 heures. Caserne de la BMPJ de Khroub. Lakhdar, Monsieur Presse à la Sûreté de wilaya de Constantine, est aux petits soins avec les journalistes de la presse écrite. Circonstance oblige, les discussions vont du bilan des dernières opérations, menées par la police nationale, aux aléas de l'accès aux sources d'information. Sur le terrain du stade de la caserne, les troupes des deux corps des services de sécurité, police et gendarmerie, sont prêtes pour la première opération combinée, exception des actions menées dans le cadre de la lutte antisubversive. Les responsables du poste de commandement donnent les dernières retouches à leur “ordre de bataille”.
Le Khroub est la deuxième agglomération en matière d'importance après le chef-lieu de wilaya. Les statistiques la donnent au peloton des cités où le recours à l'arme blanche est facile. Or, cette dernière est la hantise aussi bien des citoyens paisibles que des pouvoirs publics. Pour le commissaire Noureddine, le directeur du service de wilaya de la police judiciaire, l'opération a pour objectifs le harcèlement des délinquants et l'assainissement, au fil du temps, de la ville de Khroub des fléaux qui la rongent. “Le harcèlement et le reserrement de l'étau conduisent les criminels à commettre des erreurs à même de les exposer au flagrant délit”, commente-t-il. Il s'agit, certainement, d'une expérience acquise durant les années de lutte antisubversive.
L'opération est tirée à profit par la Sûreté urbaine de Khroub pour faire dans les relations publiques avec les administrés de la cité. Le patron de la Sûreté, le commissaire Boudjemâa, est très clair : “C'est une action de police de proximité durant laquelle le citoyen doit se sentir rassuré quant à sa sécurité et être sollicité, comme partenaire, dans la lutte contre le banditisme et le crime organisé.”
Première apparition en public de la “Djenia”
18h00. Stade de la caserne BMPJ de Khroub. L'état major du commandement ad hoc donne les ultimes instructions. La ville de Khroub est scindée en 8 sections. À la tête de chacune d'elles, deux officiers de la police judiciaire, soit un policier et un gendarme. Des brigades canines de la police et de la gendarmerie sont aussi mobilisées. Des chiens détecteurs de drogue mais aussi d'explosifs sont aussi de la partie. Le crime organisé est en développement et les services de sécurité cherchent à anticiper afin d'être à jour pour effacer l'image d'une police dépassée.
L'occasion est exploitée par la DGSN pour présenter la nouveauté aux médias. Il s'agit d'une nouvelle arme acquise récemment par la police nationale. Epousant une forme proche de celle d'un Beretta, elle émet des décharges électriques modulées qui immobilisent la cible durant quelques secondes, temps nécessaire aux policiers pour interpeller les criminels munis d'armes blanches et faisant dans l'opposition, sans recours aux armes à feu.
Depuis sa récente introduction en Algérie, l'arme a été utilisée trois ou quatre fois par la BMPJ de Constantine lors d'opérations effectuées dans les quartiers difficiles. “El Djenia”, comme aime l'appeler un policier, à cause de l'effet qu'elle provoque chez la cible qui apparaît comme ensorcelée durant un laps de temps, est venue à point pour adapter les moyens de la police devant la prolifération de couteaux, crans d'arrêt, poignards, Boussaâdi et autres épées dans le milieu.
Quand la non-gestion de la ville encourage la délinquancE
est 18 h 30. Le commissaire Noureddine donne ordre aux 234 éléments des forces de sécurité, tous grades confondus, de rallier, à partir du PC, leurs secteurs à bord d'une cinquantaine de véhicules.
Une fois sur le terrain, les hommes évolueront à pied. Des postes radios fusent les dernières recommandations. Le chef de la compagnie de la gendarmerie de Khroub rappelle aux hommes, en direction des terrains d'opération, l'obligation d'intervenir avec égard envers les personnes sensibles. Une directive rappelée ultérieurement par le chef du groupement de gendarmerie lors d'un bref passage au poste de commandement avant d'effectuer une virée sur le terrain des opérations. La première section à rallier son secteur est celle affectée aux quartiers des 250 et 500-Logements, soit la première zone urbaine. Les deux quartiers proches de la vieille ville sont réputés calmes. Mais l'objectif est d'être présent partout en nombre et avec égard. L'occupation massive du quartier ne peut passer inaperçue. Un collègue fait remarquer que “ce n'est pas aujourd'hui que les délinquants vont bosser”. L'officier Fayçal de la PJ trouve en cela un des objectifs de la nouvelle approche de lutte anticriminalité en rappelant qu'une “omniprésence des forces de sécurité sur un site rend la cible difficilement accessible aux criminels”.
Les éléments contournent la maison d'arrêt. Sur une colline de tuf, trois jeunes sont appréhendés. Ils n'ont pas de papiers d'identité sur eux. Apparemment, ils ne faisaient rien d'interdit mais, le lieu est retiré ou plutôt considéré comme tel, faute d'une prise en charge du tissu urbain par les collectivités. Comme quoi le crime peut se développer aussi à cause d'une non-gestion du tissu urbain. A 200 m, un autre jeune est interpellé par deux policières, dont l'une est en civil. Il tente de s'opposer en essayant de l'intimider. Un habitué. Apercevant la force déployée non loin, il devient lucide.
Les quatre jeunes arrêtés sont conduits au PC pour vérification d'identité. Plus tard, l'un des agents en civil, affilié à la Sûreté de Khroub, nous explique que les nouveaux délinquants essayent de “jouer” dès le départ les victimes par la provocation. La démission de certains parents qui s'acharnent sur la police afin de fuir leurs responsabilités, ne nous facilite pas la tâche. Le marché des 500-Logements est visité. Fouille systématique de tout jeune suspect. Les policiers issus de la Sûreté urbaine se fondent dans des “bous bous” avec les marchands. Le lieu est plein à craquer. En ce mois d'août, les familles khroubies préfèrent faire leurs emplettes tôt le matin où entre 16 et 20h.
Mista : LES Liaisons dangereuses
19h 30. La première section rend visite à deux lieux ciblés dans un no man's land situé à proximité de la mosquée Errrahmane. L'un faisant office d'une mista et l'autre d'une mahchacha occasionnelle.
Dans un bar à ciel ouvert, le groupe d'attablés, pour ne pas dire d'accroupis, est surpris par l'incursion des tuniques bleu et vert. Dans ce bar, les liqueurs se disputent la place au vin rouge. La kemia du jour est la banane. Ce qui n'est pas usuel. L'effet de surprise passé, un des membres de la mista se présente, avec confiance, à l'officier du SWPJ. “Je suis officier des douanes”, dit-il. La déclinaison de l'identité n'a pas provoqué l'effet attendu par le douanier. Policiers et gendarmes soumirent tout le monde à une fouille systématique. Le PC est informé de la prise. Un véhicule est acheminé sur les lieux pour embarquer tout ce beau monde. Dans ce genre de mista, lieu de liaisons dangereuses, cadres, officiers et petits délinquants sont accroupis et, dans ce cas, c'est la notoriété de l'Etat qui est mise à carreau.
L'officier Fayçal et sa section découvrent, plus loin dans une mahchacha, elle aussi à ciel ouvert, un couple, dont la fille a à peine 18 ans, en train de fumer du kif.
Les mis en cause sont interpellés. La section demande au PC du renfort par l'envoi de la brigade canine. La voix de Noureddine surgit à travers la radio. “À tous les véhicules, faites le moins possible d'entraves à la circulation. Roulez sans excès de vitesse. Il n'est pas question de créer la panique chez le citoyen.” Moins de 5 minutes après, les chiens renifleurs sont sur les lieux. A part le butin trouvé sur le jeune couple, aucune autre découverte dans les parages si ce n'est une petite quantité de psychotropes.
Une “tabla”, proche, soupçonnée de vendre des stup est passée au crible. Mais pas de prises. La section continue son avancée vers le centre-ville.
Les hommes qui ont pris en charge la vieille ville passent devant les clients des cafés et restaurants bondés à cette heure de la soirée qui ne fait que commencer. Un jeune est interpellé sur une moto. Après vérification, il s'avère que la police d'assurances n'est plus valide. Un chauffeur clandestin est, lui aussi, interpellé. La fouille corporelle permet aux agents des forces de sécurité de découvrir une bombe lacrymogène et celle du véhicule, un couteau à cran d'arrêt.
Observant la scène depuis la terrasse d'un restaurant, le chef d'une famille d'immigrés, attablée autour de brochettes, va à la rencontre des éléments de la section. “Vous faites du bon travail. On n'a jamais pensé assister à un tel travail de proximité. On a cru que ce genre d'opérations existait uniquement de l'autre côté de la Méditerranée”, leur dit-il.
Un couteau sur soi est un pas vers le crime
Khroub. 21h30. Retour au poste de commandement des opérations au sein de la caserne de la BMPJ. Le portail est ouvert. Des véhicules regagnent la caserne avec à bord des suspects. D'autres quittent l'enceinte pour apporter du renfort aux sections toujours sur le terrain. Les salles de réception grouillent de monde. Le cliquètement des machines à écrire fusent des bureaux des officiers de la police judiciaire. Dans l'un d'eux, notre taxi clandestin est à l'audition. L'officier essaie de lui schématiser la situation dans laquelle il se trouve : “Tu es clandestin. Personne n'est venu te déranger pour cela, car tu pourrais prétendre el khobza. Mais, aujourd'hui, en plus de l'exercice illégal d'un métier réglementé, tu te trouves en possession d'une arme blanche prohibée. Est-ce que tu en es conscient ?” Le mis en cause, non habitué des lieux, est très gêné. Il essaie d'expliquer sans convaincre : “Je ne savais pas que les bombes lacrymogènes sont interdites. Pour le couteau, je l'ai oublié après des réparations que j'ai effectuées sur le véhicule. Est-ce que vous allez m'enfermer ?” Et l'officier de clore : “Tu es clandestin. Ta clientèle est difficile. Tu peux être agressé et si tu portes ces armes c'est pour te défendre et répliquer. Avec ces objets sur toi, tu as franchi un pas vers le crime. Tu dois être conscient de cela !”
Dans un autre bureau, le propriétaire de la moto est entendu. On lui demande s'il veut téléphoner à sa famille et on l'informe qu'il sera emmené illico presto chez un médecin avant de lui faire lire et signer le PV de l'audition. Dans un troisième bureau, un jeune essaie de justifier le port du poignard trouvé sur lui. “C'est pour me défendre. Je suis veilleur de nuit dans un magasin”, explique-t-il. En ce moment, les couloirs de la caserne s'animent. Les premières sections viennent de rejoindre le PC. Entre temps, on a ramené des jeunes interpellés en flagrant délit de se shooter avec Patex. Deux tubes non encore entamés sont présentés comme pièces à conviction .
22 h. Salle de commandement. Nourredine, entouré des commandants de la BMPJ et du commandant de la compagnie de la gendarmerie, annonce la fin des opérations, apparemment satisfait du bilan psychologique et statistique. La mission a touché tout le Khroub, en début de soirée, alors que la population était toujours dehors et sans dépassements ni usage de la violence de part et d'autre. Pour le directeur de la police judiciaire, “le déploiement de la force est dissuasif contre toute résistance”.
En trois heures d'opération, il a été procédé à 67 interpellations soumises toutes à un examen de situation approfondie, c'est-à-dire à une interrogation des fichiers centraux de la police et de la gendarmerie. 23 personnes seront poursuivies pour plusieurs chefs d'inculpation ayant trait au banditisme tels ivresse sur la voie publique, port d'arme blanche et consommation de stupéfiants. La moitié des poursuites seront engagées pour port d'armes blanches, soit 11 cas. Un chiffre qui correspond au diagnostic ayant précédé l'entame de l'opération. L'objectif était de limiter le port de ces armes jugées, préoccupant au Khroub.
M. K.


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