Résumé : Samia raconte en menus détails à sa fille les raisons de sa séparation avec son père. Elle n'omettra pas d'insister sur le fait qu'elle pensait bien agir. La jeune fille est bouleversée. Le geste d'amour de sa mère avait à jamais dissuadé son père de se remarier. Maya pleura comme elle ne l'avait jamais fait jusque-là. Elle saisissait enfin l'ampleur de la situation et ressentait au fond d'elle ce grand amour que ses parents avaient en commun. Elle relève la tête et se mouche, tandis que Samia essuyait ses joues avec un mouchoir. -C'est fini Maya, arrête donc de pleurer autant. Pourras-tu pardonner un jour mon incartade. Maya avait sursauté. -Te pardonner, mère ? C'est par amour que tu as pris la décision de t'éloigner de papa. Tu avais cru bien faire. -Mais je t'ai éloignée de lui aussi. Je n'avais pas le droit de vous séparer. Tu es sa fille, Maya ! -Oui, mais je suis ta fille aussi et tu as estimé que pour que mon père consente à se remarier, il fallait m'éloigner. -Tu as compris, ma chérie. Samia serre sa fille dans ses bras. -Je crois qu'il est temps pour nous deux de renouer avec le bled et la famille. -Je ne cesse de le demander. Quand partirons-nous ? -Dès que j'aurais réglé certaines affaires. Je crois que je vais transférer tous mes biens. Entre-temps, tu pourras toujours t'inscrire à l'université. Tu ne m'as toujours pas dévoilé ton choix quant à tes études supérieures. Maya sourit. -J'ai longtemps hésité à prendre une décision, mais maintenant je sais ce que je vais choisir. Ton récit n'a fait que m'inciter davantage. -Que vas-tu donc choisir comme branche d'études ? -La médecine. -La médecine ! C'est un excellent choix, ma fille. Et tu veux t'inscrire dans quelle faculté ? Maya garde le silence un moment, avant de lancer : -J'aimerais faire mes études dans une université de mon pays. Si toutefois tu n'y vois pas d'inconvénients. Samia regarde sa fille dans les yeux. -Pas du tout, Maya. Cependant, je crains que tu ne te sentes un peu dépaysée au début. -Tu parles d'un dépaysement, maman ? Dans mon propre pays ? -Oui, et ce sera tout à fait compréhensif, étant donné que tu n'as plus remis les pieds au bled depuis ton jeune âge. Maya s'écrie : -Ce sera plutôt une bonne raison pour renouer avec mon pays et les miens. J'ai entendu dire que nous avons d'éminents professeurs. Que demander de plus qu'entamer de bonnes études dans une université de mon pays ? -À ta guise, Maya. Je vais entamer les procédures dès demain pour le transfert de nos biens au pays. C'est la famille qui en sera heureuse. Et surtout ton père. -Je brûle d'envie de le rencontrer et de le connaître. -Lui aussi à ne pas en douter. -Maman, comment était-il, papa ? -Bel homme. -Ça, je le sais. J'ai vu ses photos. Je parle plutôt de son caractère. -Ton père était bon, généreux, aimant, affectueux, il est doté d'une forte personnalité. En somme, les qualités requises pour plaire à la plus réticente des femmes. Maya hoche la tête. Elle découvrait et comprenait de plus en plus le courage et le sacrifice de sa mère. Maintenant c'est décidé, elles vont définitivement rentrer au bled. Prise dans les préparatifs de son départ et les multiples démarches à entreprendre, Samia ne voyait pas le temps passer. Elle avait prévenu sa famille de sa rentrée définitive au bled, mais hésitait à en informer Djamel. Après un temps de réflexion, elle décida de n'en rien faire. Maya se chargera d'aller lui rendre visite dès leur retour au bled.
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