L'assassinat ciblé de Soleimani va "enclencher une guerre dévastatrice en Irak", a prédit le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi. Plusieurs pays ont appelé à la retenue. Le puissant général iranien Qassem Soleimani, émissaire de la République islamique en Irak, et un dirigeant pro-iranien ont été tués hier, tôt dans la matinée, dans un raid américain à Bagdad, suscitant des appels à la "vengeance" de l'Iran et attisant les craintes d'une "guerre dévastatrice". Cette frappe a été décidée par le président américain Donald Trump, qui a donné l'ordre de "tuer" Soleimani, un dirigeant des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, selon le Pentagone. Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran désormais intégrés à l'Etat irakien, est également mort dans ce bombardement. À la mi-journée, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a annoncé la nomination d'un successeur à Qassem Souleimani à la tête des forces Al-Qods, Esmaïl Qaani. Il avait auparavant appelé à venger cette mort, tout comme le président Hassan Rohani. "L'Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l'Amérique criminelle", a dit M. Rohani. "L'assassinat ciblé de Soleimani va enclencher une guerre dévastatrice en Irak", a prédit le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi, alors que le président Barham Saleh a exhorté "tout le monde à la retenue". Le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, a qualifié le raid d'"attaque injustifiée", tandis que le leader chiite Moqtada Sadr a réactivé sa milice anti-Américains, l'Armée du Mehdi. Hadi al-Ameri, haut commandant du Hachd, a de son côté appelé "toutes les forces nationales à serrer les rangs pour bouter les troupes étrangères hors d'Irak". Au Liban, le mouvement chiite Hezbollah a estimé que venger le meurtre de Soleimani était désormais une "responsabilité" de la "Résistance" dans le monde entier. Dans ce contexte, les Etats-Unis ont incité leurs ressortissants à quitter l'Irak immédiatement. Depuis des années, Bagdad est pris en étau entre ses deux grands alliés, américain et iranien – eux-mêmes au cœur de tensions grandissantes sur le dossier du nucléaire. La mort du général Soleimani laisse craindre un conflit ouvert. La frappe américaine intervient après l'assaut, mardi, de l'ambassade américaine à Bagdad par des milliers de partisans du Hachd. Plusieurs pays ont réagi après l'assassinat du général Soleimani. La Russie a mis en garde hier contre les conséquences de cette opération américaine "hasardeuse" qui va se traduire par un "accroissement des tensions dans la région", selon le ministère russe des Affaires étrangères. Pour l'Union européenne, "le cycle de violence, de provocations et de représailles doit cesser en Irak", a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel. Paris, Berlin et Londres ont de leur côté appelé à la "désescalade immédiate" et à la retenue, alors que Pékin a invité les Etats-Unis au calme. Un porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, a affirmé que "Pékin demandait à toutes les parties concernées, en particulier aux Etats-Unis, de garder leur calme et de faire preuve de retenue afin d'éviter une nouvelle escalade des tensions".
