L'ancien ministre des Finances, M. Benkhalfa, a évoqué la nécessité d'une loi de finances complémentaire qui proposerait des "alternatives au budget" et drainerait de ressources nouvelles. Les relations entre le contribuable et l'administration fiscale ne sont pas très bonnes", a estimé le président de l'Association nationale des conseillers fiscaux algériens, Boubekeur Sellami, lors de la 4e édition "des débats du Forum", organisée, hier, au siège du Forum des chefs d'entreprise (FCE), à Alger. M. Sellami, qui a évoqué les dernières déclarations du président de la République sur l'impératif d'une réforme profonde de notre système fiscal, a exprimé son souhait de voir ce changement intervenir "dans les meilleurs délais possibles". Le président de l'Association nationale des conseillers fiscaux algériens a relevé le retour dans la loi de finances 2020 de plusieurs dispositions qui ont été abrogées il y a seulement quelques années, évoquant la problématique de "l'instabilité des textes juridiques ou d'ordre fiscal". Pour sa part, Abderrahmane Benkhalfa, ancien ministre des Finances et expert financier, a qualifié la loi de finances 2020 "de loi de finances de sauvegarde pour éviter d'aller à des situations ingérables". L'ancien ministre des Finances a souligné la nécessité d'une loi de finances complémentaire qui proposerait des "alternatives au budget" et drainerait des ressources nouvelles, citant, entre autres, un deuxième emprunt obligataire et de nouvelles dispositions en matière d'inclusions fiscales. M. Benkhalfa évoque la difficulté de financement du déficit budgétaire, d'autant que le taux de croissance, estimé à 1,8%, est faible. Du coup, les ressources pour l'année 2020 seront aussi faibles. Les possibilités de l'ajustement du dinar sont limitées. M. Benkhalfa estime que les équilibres internes et externes seront tendus, plaidant pour la recherche des ressources additionnelles. L'ancien ministre des Finances a relevé "beaucoup" de dispositions de la loi de finances 2020 qui constituent "un risque fiscal", si elles ne sont pas maîtrisées dès cette année. "Il n'y a pas de charge fiscale nouvelle, il y a un changement de procédure qui s'il n'est pas bien capté pourrait constituer un risque", a-t-il précisé. L'expert financier conseille aux entreprises qui se nourrissent de la commande publique de changer de stratégie. Au cours des débats, les chefs d'entreprise ont insisté sur l'urgence de supprimer la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) qui, pour certains, représente le carburant de l'informel. "Nous espérons que la loi de finances 2020 sera modifiée par une loi de finances complémentaire qui doit traduire la volonté politique actuelle et les engagements du Président notamment ceux en relation avec l'allégement fiscal et la suppression de la TAP", a plaidé le président du FCE, Sami Agli. Ce dernier soutient que les chiffres concernant la masse monétaire circulant dans l'informel, annoncés par les autorités, sont loin de la réalité. Selon lui, ils dépassent les 80 milliards de dollars. Devant des journalistes, avant le début de la rencontre, le président du FCE a indiqué que l'année 2019 a été une année compliquée pour les chefs d'entreprise. "C'est une année blanche, pour ne pas dire noire", a-t-il constaté. Des secteurs entiers de l'économie sont sinistrés, a-t-il indiqué, citant, entre autres, le BTPH. Des entreprises ne recrutent plus. Certains libèrent leurs personnels. Sami Agli a insisté sur l'urgence "d'aller vers une réforme bancaire profonde". Pour lui, "c'est la mère des réformes", sans laquelle aucun plan d'action ne pourra-t-être réalisé. Le président du FCE juge encourageantes les annonces faites par le président Abdelmadjid Tebboune lors du Conseil des ministres qui s'est tenu dimanche dernier. "Ma crainte aujourd'hui, c'est le temps", tempère M. Agli. "L'économie aujourd'hui est dans le rouge. Il y a le feu à la maison. Il faut agir vite", a-t-il lancé, évoquant, également, "la crise de confiance". Le président du FCE souligne la nécessité "de prendre des décisions courageuses".