La réussite de la Conférence internationale de Berlin sur la Libye est conditionnée, entre autres, par un minimum de consensus entre les parties libyennes. Ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui en Libye. Quelque 2000 mercenaires syriens ont été e nvoyés par la Turquie en Libye pour combattre les troupes du général Khalifa Haftar, a révélé hier le quotidien britannique The Guardian, citant des sources en Syrie. Un groupe de 300 combattants est entré en territoire turc le 24 décembre, avant d'être rejoint par un deuxième groupe de 350, a ajouté le journal britannique, citant des sources au sein de l'Armée syrienne libre (ASL), soutenue par Ankara, qui s'est chargée de les envoyer en Libye, en soutien du Gouvernement d'union nationale (GNA), internationalement reconnu. Un troisième groupe, plus important, d'au moins 1350 membres, a transité le 5 janvier par la Turquie, dont certains y sont restés pour subir un entraînement intensif en techniques de combats, avant de rallier la Libye, ont expliqué les mêmes sources, précisant que certains combattants appartiennent à l'organisation Filq al-Cham, qui combat le gouvernement syrien et qui est également soutenu par le régime de Recep Tayyip Erdogan. Des informations publiées récemment dans la presse internationale avaient fait état de la présence de plus de 300 mercenaires syriens sur le sol libyen, mais la Turquie a nié toute implication dans leur envoi à Tripoli, alors que l'émissaire de l'ONU en Libye avait confirmé la présence de mercenaires étrangers dans ce pays depuis des mois, lors d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité à New York. The Guardian souligne que les mercenaires syriens formeront une brigade qui se fera appeler du nom du symbole de la lutte libyenne contre la colonisation italienne : Omar al-Mokhtar. Allant plus loin dans le détail, le quotidien britannique évoque un salaire mensuel de 2000 dollars et qui sera réglé par le GNA, alors que ces combattants ne percevaient qu'entre 80 et 90 dollars par mois pour leur engagement dans les combats en Syrie. Ankara a promis la nationalité turque à ces combattants, précisent les mêmes sources. La présence de ces mercenaires en Libye a été l'une des raisons du refus de Khalifa Haftar de signer l'accord de cessez-le-feu lundi à Moscou, où les parties libyennes en conflit avaient été conviées pour une rencontre dans ce sens par le duo russo-turc, dont l'implication dans la guerre en Libye, militairement et diplomatique, va crescendo. Selon l'entourage de l'homme fort de l'Est, la dissolution des milices présentes à Tripoli, le renvoi des mercenaires dans leurs pays, ainsi que le départ des 35 soldats turcs déjà déployés en Libye avaient été posés à Moscou comme condition pour la cessation des hostilités contre le GNA à Tripoli. Mais Khalifa Haftar s'appuie aussi sur des mercenaires venus du Soudan et du Tchad, dans sa guerre contre le GNA de Fayez al-Serraj, ont révélé plusieurs sources en Libye et des ONG, sans compter le soutien dont il bénéficie de la part de cette même Russie, de l'Egypte, des Emirats arabes unis, de la Jordanie et de l'Arabie Saoudite.