De violents affrontements ont opposé, samedi en soirée, des protestataires libanais aux forces de l'ordre à Beyrouth, au 100e jour d'une contestation inédite contre le pouvoir. Les manifestants ont investi la rue en grand nombre pour dénoncer l'affiliation du nouveau gouvernement à une classe politique accusée de corruption et d'incompétence. Au moins 20 personnes ont été blessées dans les deux camps, dont 18 ont été soignées sur place, a indiqué à des médias, hier, le secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise, Georges Kettaneh. Sous le slogan "Pas de confiance", plusieurs marches pacifiques ont été organisées en début de soirée dans plusieurs rues de la capitale, avant que le mouvement ne dérape après l'arrivée des manifestants au centre de Beyrouth. La nouvelle ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, a déploré la "violence" et les "destructions" occasionnées par les manifestants. Ces deux dernières semaines, des heurts violents ont opposé les contestataires aux forces de l'ordre, alors que le pays était toujours sans gouvernement, faisant plus de 500 blessés et entraînant des dizaines d'arrestations. Le Liban s'est finalement doté mardi d'un nouveau cabinet, près de trois mois après la démission, sous la pression de la rue, de l'ancien Premier ministre Saad Hariri. Mais la nouvelle équipe est affiliée, comme les précédentes, à des partis politiques que la rue conspue. Elle est consituée cette fois par un seul camp politique, celui du puissant mouvement chiite, le Hezbollah pro-iranien et ses alliés. La rue réclame depuis le 17 octobre une refonte du système politique et le départ de l'ensemble de la classe dirigeante. Le point de départ de ce changement réside, selon les manifestants, dans la formation d'un cabinet réduit et transitoire composé de spécialistes indépendants du sérail politique, au pouvoir depuis trois décennies. La grave crise politique que vit le Liban depuis près de quatre mois est accompagnée par une détérioration sans précédent de la situation économique et financière. Le pays croule sous une dette avoisinant les 81 milliards d'euros, soit plus de 150% de son produit intérieur brut (PIB), l'un des taux les plus élevés mondialement.