Le mouvement de contestation irakien s'est nettement durci ces dernières semaines avec des actions radicales, allant des appels à la grève touchant les universités, les écoles et les institutions publiques aux blocages de routes récurrents à travers tout le pays. La répression des manifestants en Irak continue de faire des morts, quatre mois après le début du soulèvement populaire contre la classe dirigeante du pays qui ne propose aucune alternative pour une sortie de crise. Hier, dans la ville de Nassiriya, dans le sud, au moins deux manifestants ont été tués par des hommes armés non identifiés, selon les médias irakiens. Au moins 75 personnes ont été par ailleurs blessées, selon des témoins cités par Reuters, après des affrontements violents dans le centre-ville. En une semaine, plus d'une vingtaine de personnes ont été tuées, la plupart par balles réelles utilisées par des milices pro-Iran, d'après des médias irakiens. La veille, à Bagdad, les forces de l'ordre, qui ont tenté de déloger les manifestants installés dans des campements, ont fait également usage de tirs à balles réelles tuant un manifestant. Le bilan des morts depuis le début du mouvement de la contestation, le 1er octobre 2019, a dépassé la barre des 500 personnes, selon des ONG, alors qu'un centre de documentation irakien sur les crimes de guerre évoque au moins 670 manifestants tués. Le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, dans le gouvernorat de Dhi Qar, a rapporté que de grands rassemblements et des sit-in ont été organisés à travers plusieurs villes du sud du pays, soulignant la recrudescence des affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre. Selon l'organisation, la police antiémeute a violemment réprimé les protestataires à coups de tirs de balles réelles, de gaz lacrymogènes et de bombes assourdissantes. Malgré l'intensification de la répression menée par les autorités irakiennes ces dernières semaines, les protestataires restent mobilisés et continuent de descendre en masse dans la rue à travers tout le pays. Après avoir un peu été éclipsée par l'assassinat par les Etats-Unis du général iranien Qassem Soleimani à Bagdad, début janvier, le mouvement de protestation a repris de plus belle et promet de maintenir la pression sur le pouvoir en place jusqu'à son départ. Il s'est même durci ces dernières semaines avec des actions radicales allant des appels à des grèves touchant les universités, les écoles et les institutions publiques aux blocages de routes récurrents à travers tout le pays. Les manifestants ont demandé le départ de l'élite dirigeante, qu'ils considèrent comme corrompue, et la fin de l'ingérence étrangère dans la politique intérieure, en particulier de l'Iran, qui domine les institutions de l'Etat. Ils réclament en outre des élections anticipées et un Premier ministre indépendant.