Les forces de l'ordre ont fait usage une nouvelle fois de tirs à balles réelles, faisant un mort à Nassiriyah, alors que dans le Sud les bombes lacrymogènes mortelles ont refait leur apparition. Des milliers d'Irakiens ont investi de nouveau les rues du pays, faisant face à une violente répression menée par les forces de l'ordre, au lendemain d'une semaine meurtrière qui s'est soldée par la mort de dix manifestants au moins. À Nassiriyah, dans le sud du pays, un manifestant a été tué, alors que six autres ont été blessés par balles réelles, selon les médias irakiens. Dans la capitale, la police antiémeute a fait encore usage de tirs à balles réelles pour tenter de déloger les manifestants fortement mobilisés, quatre mois après le début du mouvement de contestation contre une classe dirigeante qui continue de faire la sourde oreille aux revendications de la rue. Aux moins une dizaine de blessés ont été recensés, selon des sources médicales, après l'intervention musclée des forces de l'ordre pour disperser un sit-in tenu par les manifestants depuis lundi dernier dans la place Tayaran, au centre de Bagdad. Les médias locaux, citant des témoins, ont rapporté par ailleurs plusieurs cas d'asphyxie au gaz lacrymogène. Toujours dans la capitale, le pont Al-Ahrar est resté hier partiellement bloqué par une centaine de protestataires qui ont installé des barricades. La veille, des affrontements d'une rare violence ont eu lieu sur place, après la grande manifestation antiaméricaine organisée par les partisans chiites du leader Moqtada Sadr. Ce dernier a annoncé le jour même qu'il ne soutenait plus le mouvement de contestation. Une prise de position qui, d'après des observateurs, pourra aggraver la crise politique dans un pays déjà laminé par les luttes d'influences étrangères et une grave crise socioéconomique sur fond de violence quasi quotidienne. Dans la ville portuaire de Bassora, dans le sud de l'Irak, les forces de sécurité ont dispersé, dans l'après-midi d'hier, des protestataires installés dans un campement. Leurs tentes ont été brûlées. Les mêmes scènes se sont déroulées dans les villes de Hilla, Diwaniya, Kut e t Amara, où des affrontements violents ont été rapportés par des médias. À Nassiriya, dans le Sud, les forces gouvernementales et des groupes armés, identifiés comme étant des milices, s'en sont pris aux manifestants pacifiques qui ont organisé un grand rassemblement pour réclamer, entre autres, le départ de la classe politique au pouvoir et l'organisation d'élections anticipées. Selon des médias irakiens, les milices ont attaqué les manifestants sur la route internationale à l'ouest de la ville dans le gouvernorat de Dhi Qar avec des balles réelles et des bombes de gaz lacrymogène mortelles interdites et dont l'utilisation, au début de la contestation, a suscité une indignation internationale. Depuis octobre, plus de 460 personnes ont perdu la vie, la plupart des manifestants, alors qu'un centre de documentation irakien de crime de guerre a révélé récemment que le nombre de manifestants tués avoisine les 670.