Le Comité ministériel de suivi de l'accord Opep - non-Opep (JMMC), composé de sept pays membres de l'Opep (Algérie, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Irak, Koweït, Nigeria et Venezuela) et de deux pays non-membres de l'Opep (Russie et Kazakhstan), s'est réuni, hier, à Vienne. Il a examiné les mesures à prendre, afin d'améliorer l'équilibre des marchés face aux craintes suscitées par une propagation du coronavirus. Le comité technique a discuté de recommandations et toute nouvelle réduction de la production ne sera annoncée que lors d'une réunion ministérielle des pays membres de l'alliance, Opep+. L'Opep a décidé, début décembre dernier, d'une baisse de production supplémentaire d'au moins 500 000 barils par jour. Cette réduction va porter l'effort total de limitation de production à 1,7 million de barils par jour pour l'ensemble des producteurs réunis sous l'appellation Opepe+. Va-t-elle diminuer davantage sa production, alors que certains producteurs, qui lui sont extérieurs, surproduisent autant qu'ils le désirent ? Dans une déclaration qu'il nous a faite hier, Ali Kefaïfi, expert pétrolier, affirme que l'Opep et ses alliés ont intérêt à agir de façon concertée sur "l'offre", en diminuant de manière "considérable leur production". "Mais, ajoute-t-il, il ne faut pas le faire en une seule fois, mais en plusieurs, en définissant plusieurs niveaux de réductions." "Car, continue-t-il, le timing est aussi un facteur très important dans la prise de décision, dans un pareil contexte. " Et de détailler : "Le coronavirus, l'épidémie de pneumonie virale qui a poussé l'Opep+ à convoquer une réunion extraordinaire, ne durera que quelques mois — elle ne durera pas éternellement —, l'Opep+ doit, par conséquent, ajuster sa production en fonction de l'ampleur et de la durée de vie du virus." De combien faut-il encore réduire l'offre ? Pour Kafaïfi, il existe un "surplus de pétrole (environ 1,5 million de barils par jour) dont il faut se débarrasser impérativement". Les membres de l'alliance sont, dans une large mesure, d'accord sur une baisse très importante, le but étant de ramener les prix pétroliers à un seuil raisonnable dont l'ensemble des producteurs pourront s'accommoder. Il reste, cependant, à savoir s'ils sont prêts à passer, tout de suite, à l'action, et en travaillant toujours en collaboration continuelle. Ali Kefaïfi explique que "la Russie et l'Arabie saoudite, deux poids lourds de l'alliance, mais aux intérêts divergents, peuvent ‘influencer' les décisions de réduction à prendre, chacun défendant ses intérêts propres". Et de poursuivre : "Le royaume, ayant introduit Aramco, le fleuron de l'industrie pétrolière saoudienne en Bourse, ne souhaite pas que les prix de l'or noir ‘descendent en dessous de 60 dollars', alors que Moscou s'en sort bien avec un baril à 50 dollars, ne ‘crachant' pas sur une production en expansion continue." Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, a donné, hier depuis Vienne, un avant-goût de ce qui pourrait se passer lors de la Conférence ministérielle de l'Opep+ dont la date reste à déterminer, indiquant qu'une baisse supplémentaire de la production ne se ferait pas de manière automatique. Et de préciser par ailleurs : "En mars, nous avons une réunion de l'Opep+, mais nous pouvons la tenir plus tôt, si nécessaire."