Si les gaz de schiste sont controversés, c'est à cause de la manière dont ils sont exploités. Les dernières déclarations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, sur le gaz de schiste a relancé la polémique sur l'opportunité ou non d'exploiter cette ressource énergétique non conventionnelle qui n'a pas manqué de soulever des vagues, en Algérie et ailleurs. Mais que sont ces hydrocarbures ? Comment les exploite-t-on ? Quels sont les pays qui se sont lancés dans leur exploitation ? Quels en sont les risques pour l'environnement ? Selon des experts, le gaz de schiste est un gaz naturel contenu dans des roches sédimentaires peu perméables (les schistes), qu'il est nécessaire de fracturer. Si les gaz de schiste sont controversés, c'est à cause de la manière dont ils sont exploités. Les experts évoquent la combinaison de deux techniques qui rend possible l'exploitation du gaz de schiste. Il cite le forage horizontal et la fracturation hydraulique, qui consiste en l'injection d'un mélange de fluide sous haute pression, composé d'eau permettant de fracturer les roches de sable empêchant les fissures de se refermer et d'additifs chimiques. Cette technique d'extraction nécessite une grande quantité d'eau pour briser les roches et des produits chimiques, d'où le risque de contamination des nappes phréatiques, selon les opposants au gaz de schiste. Ces derniers évoquent également le risque sismique. Selon eux, la fracturation entraîne une fragilisation du site, ce qui peut provoquer des séismes. L'année dernière, le gouvernement britannique a décidé de suspendre la fracturation hydraulique destinée à extraire du sous-sol du gaz de schiste. Il invoquait des risques de secousses sismiques. Aux Etats-Unis et au Canada, la presse fait état, également, de la multiplication de séismes. Des projets de recherche sur des technologies alternatives visant, notamment, à pallier les problématiques de consommation d'eau et d'additifs ont été lancés. Mais, au dire des experts, il n'y a pas aujourd'hui d'alternative aux techniques de fracturation pour l'extraction de ces hydrocarbures. Depuis le développement fulgurant des gaz de schiste aux Etats-Unis, un intérêt croissant a été porté à leur potentiel en dehors de l'Amérique du Nord. Le pétrole et ce gaz de schiste ont transformé les Etats-Unis en premier producteur mondial de brut. Dans sa dernière note, publiée mardi dernier, l'IFP Energies nouvelles relève qu'aux Etats-Unis les hydrocarbures de schiste attirent les 3/4 des investissements dans l'amont pétrolier et gazier du pays. Même si la note évoque un recul de 6% des investissements. Ce recul est dû à la redistribution du portefeuille entre compagnies indépendantes et les Majors. Sur un total de 28 000 puits forés par an aux Etats-Unis, les hydrocarbures non conventionnels représentent 15 000 puits horizontaux. "Malgré la baisse de l'activité de forage sur les bassins de schiste depuis le début 2019, la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis continue d'augmenter", indique l'IFP Energies nouvelles. La Chine continue l'exploration et le développement du gaz de schiste dans le bassin de Sichuan et a foré en 2019 plus de 300 puits de gaz non conventionnel. Le bassin du Sichuan représenterait, selon les estimations chinoises, plus de 27 Tm3 de ressources, soit 18% du potentiel gazier de la Chine. D'autres pays se sont lancés dans l'exploitation de gaz de schiste. Dans une note de l'Ifri, Sylvie Cornot-Gandolphe évoquait en 2014 les expériences de la Pologne, du Royaume-Uni et du Danemark. "L'Europe, dont le potentiel est estimé par l'Energy Information Administration du département de l'Energie américain (EIA) à 13 300 milliards de mètres cubes (Gm3), avance en ordre dispersé sur le sujet", écrivait Sylvie Cornot-Gandolphe. L'Argentine s'est également lancée dans le gaz de schiste. Selon les statistiques de I'Agence américaine de l'information en énergie, l'Argentine détiendrait les deuxièmes réserves au monde de gaz de schiste, après la Chine et avant l'Algérie, classée troisième.