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Après la décision annoncée en Conseil des ministres
Comment l'Algérie peut-elle justifier l'exploitation de son gaz de schiste ?
Publié dans Liberté le 26 - 05 - 2014

Pour alimenter l'Europe en gaz, l'Algérie va supporter tous les coûts environnementaux et écologiques que l'Europe se refuse à payer afin de disposer de son propre gaz ! Proscrite en Europe, la technique de fracturation hydraulique de la roche va être déployée en grand sur le continent africain.
Elle prend son départ à partir de l'Algérie.
On sait bien que l'économie algérienne est quasiment entièrement dépendante des hydrocarbures. Notre pays est le huitième producteur de gaz naturel dans le monde.
Or, il possède 17 000 milliards de mètres cubes de gaz non conventionnel, soit quatre fois plus que ses réserves conventionnelles selon des statistiques non confirmées.
Pas question pour les autorités de passer à côté de cette manne, même si une opposition écologique se met en place pour dénoncer la fracturation hydraulique et, notamment, la grande consommation d'eau liée à cette technique dans un pays en stress hydrique. Le ministre de l'Energie algérien, Youcef Yousfi, a présenté le 8 janvier à l'Assemblée nationale un texte visant à offrir des avantages fiscaux pour des projets pétroliers complexes comme l'exploitation offshore ou celle de ressources non conventionnelles. L'objectif est d'attirer des pétroliers étrangers sur son territoire. Selon lui, l'Algérie sera un grand pays producteur de gaz de schiste.
La décision algérienne est grave. Elle introduit un risque écologique majeur dans une partie du continent africain où se concentrent des aquifères essentiels à la satisfaction des besoins en eau des générations futures.
Ces systèmes souterrains contiennent d'immenses réserves d'eau potable. Prendre le risque que l'un ou l'autre d'entre eux soit pollué par les centaines de produits toxiques entrant dans la fracturation de la roche est une décision criminelle. La responsabilité serait au contraire d'obtenir un accord d'interdiction de l'exploitation des gaz de schiste dans toute la zone des aquifères, réserve majeure d'eau potable pour les générations futures. L'exploitation des gaz de schiste n'ont donc pour nous, dans l'immédiat, que des inconvénients. Pressions sur les marchés gaziers, dépendance technologique totale, atteintes environnementales majeures et dilapidation de ce qui sera la véritable richesse à l'avenir : l'eau.
Quelle récupération du gaz ?
Lors de l'exploitation du gaz naturel conventionnel, quand le gaz est piégé dans une roche poreuse, 95% du gaz est en général récupéré. Par contre dans le cas du gaz de schiste, les taux de récupération sont de l'ordre uniquement de 20%, même avec un forage horizontal de haute densité et avec un recours intensif à la fracturation hydraulique. Le schiste est peu perméable.
C'est ainsi que le volume de gaz récupéré est très important au départ, mais diminue rapidement dans les mois qui suivent et une récupération faible mais constante peut ensuite durer des années. Il n'est pas possible de connaître à l'avance le volume de gaz qu'un puits horizontal pourra récupérer, mais en moyenne, on peut évaluer ce volume à une centaine de millions de m3 sur plusieurs années. Après quelques années, il est possible de recourir à nouveau à de la fracturation hydraulique pour rouvrir des fractures refermées et en ouvrir de nouvelles.
L'exploitation du gaz de schiste en Algérie
L'Algérie, en revanche, ne semble pas mesurer l'impact catastrophique à très long terme du choix d'une telle filière.
Elle se propose par la voix du P-DG de Sonatrach d'investir dans les trois prochaines années 12 milliards de dollars pour le développement de gaz de schiste sur une zone de 180 000 km2.
La période d'exploration d'un puits est de l'ordre d'un an. Elle se base sur le forage de plusieurs puits. Le nombre exact dépendra, d'une part, de la géologie et, d'autre part, des résultats obtenus aux premiers puits.
Il n'y aurait que 20% de gaz de schiste, tout le reste est constitué d'azote et de gaz carbonique !
La période d'exploitation est de l'ordre de 50 ans. La production d'un puits est à son maximum au début de l'exploitation, puis elle décline rapidement, soit jusqu'à 65% dans la première année.
L'exploitation du gaz de schiste d'une région requiert des centaines, voire des milliers de puits.
Ce type de gisement peut couvrir des surfaces très importantes (de l'ordre de 10 000 km2) et imposer deux à trois puits par kilomètre carré. Une zone d'exploitation comporte rapidement plusieurs milliers de puits. L'impact sur une région donnée est donc très important.
Il est affligeant de constater qu'aucun ministère en Algérie, que ce soit celui de l'Agriculture, des Ressources en eau, de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, de l'Enseignement supérieur, de la Santé, n'a jugé utile de se prononcer !
Les problèmes potentiels de l'exploration et de l'exploitation du gaz de schiste sont les suivants :
Problème 1 : l'utilisation des terres.
En Algérie, le code minier algérien indique que si la propriété du sous-sol appartient au propriétaire du sol, la gestion du sous-sol minier appartient à l'Etat qui peut en concéder l'exploitation à une compagnie minière.
Avec le maillage nécessaire à l'exploitation du gaz de schiste, des enclavements sont également à craindre. Des droits de passage seront donc nécessaires pour des charrois de camions importants.
Par contre, en profondeur, les propriétaires en surface n'ont aucun droit. Les forages horizontaux, par exemple (qui peuvent atteindre 2 km), ne requièrent aucune autorisation des propriétaires en surface.
Problème 2 : l'utilisation d'une grande quantité d'eau pour la fracturation hydraulique.
La fracturation hydraulique varie en fonction de la roche, mais l'ordre de grandeur est de 10 millions de litres d'eau douce, c'est-à-dire 10 000 m3 par puits.
Dans les régions où l'eau est peu abondante, le problème de la disponibilité de l'eau se pose : l'utilisation de tels volumes d'eau ne va-t-elle pas mettre en danger l'approvisionnement de l'eau nécessaire à la consommation humaine, à celle du bétail, à l'irrigation des terres, à l'industrie agroalimentaire, au tourisme ?
La contamination par les produits chimiques de la fracturation et contaminants naturels
Les produits chimiques utilisés lors de la fracturation ne représentent en général que 0,5% de l'eau injectée. Mais comme un puits requiert en moyenne 10 millions de litres, cela signifie l'injection de 50 000 litres de produits chimiques dans le sous-sol. Ils seront partiellement transformés en sels et partiellement récupérés en surface, mais une partie non négligeable restera en profondeur. Fracturé, le réservoir de gaz de schiste leur sera-t-il étanche ? Vu leur agressivité et vu l'augmentation de la perméabilité dans la zone de fracturation (par un facteur de 500), c'est peu probable.
Par ailleurs, les schistes sont susceptibles de contenir des éléments problématiques s'ils sont concentrés comme l'uranium, très soluble dans l'eau, et les métaux lourds qui pourront se mélanger aux fluides de fracturation.
Les campagnes d'exploration du gaz de schiste, qui seront lancées cette année en Algérie à partir du champ Ahnet, toucheront huit bassins, dont ceux de Berkine et Illizi.
1- L'Algérie ne semble pas mesurer l'impact "catastrophique" à très long terme du choix d'une telle ressource.
2- Les ressources en eau au Sud sont insuffisantes à la fois pour l'alimentation en eau potable, l'agriculture et l'extraction de gaz.
3- Les coûts de réalisation d'un forage pour l'exploitation du gaz de schiste en Algérie varient entre 10 et 15 millions de dollars.
4- Une telle opération exige essentiellement l'utilisation de hautes technologies, surtout le forage horizontal non maîtrisé à ce jour par l'Algérie et une connaissance exacte des coûts et des répercussions géologiques et environnementales.
5- Ces coûts sont considérés "élevés" à l'heure actuelle, en comparaison avec certains pays dont les Etats-Unis, qui activent dans ce domaine à un coût moindre, les coûts de production du gaz de schiste sont actuellement plus importants que sa valeur commerciale. Ces coûts de production du gaz de schiste seront actuellement plus importants que sa valeur commerciale.
Alors, cessons de gaspiller l'argent du peuple algérien qui a besoin d'être utilisé à bon escient.
Mes raisons sont les suivantes :
- la maîtrise technologique de la fracturation hydraulique relève de l'acte de foi et non de la moindre preuve scientifique ;
- le forage horizontal n'est pas maîtrisé en Algérie jusqu'à aujourd'hui par absence totale de savoir-faire ;
- l'exploitation du gaz de schiste avait nécessité, entre 2005 et 2009, l'utilisation de plus de 2 500 produits pour la fracturation hydraulique contenant 750 substances chimiques, dont 29 sont connues ou suspectées pour être cancérigènes, ou présentant des polluants qui remontent à la surface avec le gaz, en provenance des couches géologiques, et que l'on ne maîtrise pas : des hydrocarbures comme du benzène ou toluène et même des traces de radioactivité, risques pour la santé et l'environnement ;
- la pollution des nappes phréatiques n'est pas due seulement à la fracturation hydraulique de la roche, mais aussi à des défauts de cimentation des puits ou des déversements en surface ;
- fissures dans les murs des fermes, pollution des eaux, bulldozers investissant des champs à quelques dizaines de mètres des habitations...
En effet, la nappe albienne, réserve immense d'eau, dont les experts avancent des capacités de 60 000 milliards de m3, est un "or bleu" pour l'Algérie. Ces eaux risquent d'être contaminées par les extrêmes pollutions liées à l'utilisation de plus de 400 produits chimiques, dont certains provoquent des cancers et de graves maladies. La grande quantité d'eau nécessaire pour chaque forage est aussi préoccupante quand on sait que la surexploitation de cette nappe entraînerait la salinisation des terres et donc l'avancée du désert.
La technique d'exploitation des gaz de schiste nécessite beaucoup plus de forages que les hydrocarbures classiques. Il y aura donc beaucoup plus de fuites de méthane "en routine" en exploitant des gaz de schiste que des hydrocarbures conventionnels. Or, le méthane est un gaz à effet de serre 20 fois plus "efficace" que le CO2.
La technique des puits verticaux suivis de forages horizontaux, ne permettra d'exploiter ce gaz de schiste que sur quelques km2 au maximum autour de chaque puits. Typiquement, pour exploiter complètement une couche horizontale, il faudrait un puits tous les 0,5 à 4 km. On peut espérer un espacement des forages avec le développement de la technologie. Chaque forage occupe une emprise au sol d'environ un hectare (10 000 m2) pendant la période de forage. Après la période de forage et pendant toute la période d'exploitation, chaque tête de puits occupe plusieurs dizaines de m2 (l'équivalent d'une grange) au centre d'une surface "réservée" d'environ 1/3 d'hectare.
Tout un réseau de pistes devra relier entre eux tous ces puits pendant la période de forage pour permettre le passage d'engins et de camions et, après, pendant la phase d'exploitation, si le gaz est évacué par citernes. Si le gaz est évacué par gazoduc, c'est tout un réseau de gazoducs à construire pour relier tous ces puits, d'abord, entre eux, puis à un centre d'évacuation sur le réseau national.
Revenons aux gaz de schiste. Les milliers de m3 d'eau de forage et de fracturation de chacun des dizaines et dizaines de forages risquent de contenir des métaux lourds. Des analyses en continu seront nécessaires. En cas de teneur significative, leur dépollution sera très coûteuse.
En fin de forage et de fracturation, des milliers de m3 d'eau polluée (par les additifs et éventuellement les métaux lourds) présents dans le puits et les bassins de décantation devront être traités et dépollués. Si le traitement est insuffisant pour éliminer additifs et métaux lourds (ou s'il y a des fuites, des accidents...), cela risque de créer des pollutions.
Les perturbations/pollutions potentielles des aquifères profonds
Le principe même de la fracturation hydraulique est d'injecter de l'eau sous très haute pression, pression très largement supérieure à la pression lithostatique. La surpression fournie par le compresseur devra être supérieure à 5 107 Pa, dans le cas d'un forage de 3 000 m. À 1 000 m de profondeur, dans le tube de forage, la pression interne sera supérieure à 6 107 Pa (la pression communiquée par le compresseur —supposé en surface — augmentée de la pression des 1 000 m d'eau de forage), alors que la pression lithostatique ne sera que de 2,5.107 Pa à l'extérieur du tube. Un formidable écart de pression de 3,5.107 Pa ! Cette surpression est normalement accommodée par le tubage multiple et la cimentation du puits. Cependant, à la moindre fuite dans le tubage du puits entre le compresseur et la couche imperméable cible, de l'eau et ses additifs se disperseront irréversiblement dans les roches environnantes, avec tous les risques de pollution des nappes phréatiques profondes que cela comporte. La chute de pression anormale liée à une fuite, entraînerait un arrêt rapide de l'injection, ce qui limiterait le volume d'eau "perdue", limitant, sans l'empêcher, la pollution.
La fracturation hydraulique est une technique lourde
D'énormes quantités d'eau polluée par les additifs se disperseront irréversiblement dans les roches environnantes, avec tous les risques de pollution des nappes phréatiques profondes que cela comporte. Du gaz pourra aussi s'échapper et rejoindre roches et nappes phréatiques voisines.
Le web abonde d'exemples (beaucoup aux USA), allant de la pollution des nappes phréatiques à des fuites de gaz vers les nappes phréatiques qui font que, parfois, l'eau du robinet s'enflamme chez des particuliers. Les aspects "négatifs" sont principalement de nature écologique et environnementale. Les enjeux économiques et politiques sont considérables. En conclusion, l'exploitation du gaz de schiste en Algérie s'inscrit en droite ligne du saccage de notre environnement. Une grande mobilisation citoyenne est nécessaire pour que soit mise en place une politique de transition énergétique résolue, fondée sur les énergies renouvelables et l'économie verte. Une politique qui, au passage, améliorerait notre qualité de vie et permettrait de créer de nombreux emplois.
B. A.
(*) Consultant et expert en énergie
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