Plus de 142 000 migrants et réfugiés ont quitté la Turquie vers l'Europe, depuis que la Turquie a décidé d'ouvrir ses portes à des milliers de personnes pour faire pression sur l'Europe, espérant arracher son soutien dans la crise d'Idleb, en Syrie. "Le nombre de migrants ayant quitté notre pays via Edirne pour rejoindre la Grèce est de 142 175", a déclaré hier le ministre turc de l'Intérieur, Suleyman Soylu, sur twitter. Des dizaines de milliers de personnes sont actuellement massées le long de la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce, essayant de passer par des postes frontaliers ou en traversant le fleuve. La Turquie a provoqué une véritable crise humanitaire en piégeant des milliers de personnes laissées à leur sort dans des conditions inhumaines. Face à cet afflux incessant des réfugiés, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a déclaré vendredi que l'accord signé en 2016 entre l'Union européenne (UE) et la Turquie pour réduire la migration vers l'Europe est "mort". "Maintenant, soyons honnêtes, l'accord est mort", a-t-il déclaré. "Et il est mort parce que la Turquie a décidé de violer totalement l'accord à cause de ce qui s'est passé en Syrie", a indiqué le chef du gouvernement grec, ajoutant que la Turquie faisait "l'exact opposé" de son obligation de retenir les demandeurs d'asile. Pendant ce temps, la détérioration des conditions des milliers de personnes à la frontière s'aggrave de jour en jour. Des heurts éclatent quotidiennement entre les migrants et les forces de l'ordre des deux pays, provoquant des dizaines de blessés. Plusieurs migrants du côté turc ont indiqué avoir été renvoyés par les autorités grecques après avoir été interceptés de l'autre côté de la frontière, souvent après avoir été dépouillés de leurs effets personnels : argent, téléphone, chaussures. La Turquie a accusé hier les forces frontalières grecques d'avoir tué trois migrants, ce qu'Athènes a fermement démenti, rejetant des "fausses informations". L'Union européenne (UE) a qualifié de "chantage" la décision prise par Ankara d'ouvrir ses frontières, au moment où la Turquie est en quête d'un appui occidental en Syrie. L'afflux de migrants vers la Grèce a réveillé en Europe la crainte d'une nouvelle crise migratoire semblable à celle qui a secoué le continent en 2015.
