Le collectif des enseignants et ATS de l'université de Béjaïa a eu la bonne idée de réunir, jeudi à l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche, les animateurs des cafés littéraires activant aux quatre coins de la wilaya. Ils ont estimé nécessaire de laisser s'exprimer ceux qui, des années durant – plus d'une décennie pour le café littéraire de Béjaïa – avaient donné la parole aux artistes, intellectuels, aux universitaires mais aussi aux politiques. Et in fine, tous ont plaidé pour la création d'une fédération des cafés littéraires afin de créer, selon eux, "une synergie" et devenir un acteur incontournable dans la nouvelle Algérie, d'autant que l'assistance a longuement parlé des perspectives de la "révolution en marche", un débat d'une brûlante actualité. Il est vrai que le thème, soumis à débat, était "Quel est le rôle des cafés littéraires dans la révolution en marche ?" Une bonne dizaine de représentants de cafés littéraires, venus du chef-lieu de wilaya de Béjaïa, de la région du Sahel (à l'instar de ceux de Tichy, Aokas, Melbou et Bordj-Mira), d'Amizour et bien évidemment de la vallée de la Soummam (c'est le cas de ceux de Timezrit, Sidi Aïch, Chemini et Amalou), a pris part à cette conférence. Ils ont eu à relater leur expérience sur le terrain pour maintenir ces espaces d'expression, d'échanges et de débats contradictoires. Le collectif des enseignants et ATS de l'université de Béjaïa voulait à travers ce rendez-vous rendre hommage à ces animateurs de cafés littéraires, qui ont fait un vrai "travail d'éveil, de conscientisation citoyenne", et ce, en dépit des embûches et des interdictions qu'ils ont subies de la part d'une administration aux ordres. Et avec l'avènement du Hirak, Karim Smaïli, du café littéraire de Tichy, a affirmé que "les cafés littéraires ne peuvent être à l'écart de la révolution en marche. Ils sont partie prenante du mouvement, et ce, depuis le début. En donnant la parole aux militants politiques et aux intellectuels afin d'éclairer le citoyen sur les enjeux de cette révolution". Et à ce propos, Azzedine Kedadouche, du café littéraire de Timezrit, estime que le citoyen doit être au centre de cette révolution afin de "construire une autre dynamique citoyenne et se réapproprier le débat politique". Idem pour Farès Fentous du café littéraire de Melbou, qui a insisté sur le fait qu'il faut "rétablir la confiance du citoyen en lui témoignant de la considération et en consolidant ces espaces de libertés démocratiques". Tous se sont accordés à dire qu'il est impératif de maintenir cette dynamique et d'élargir ces débats contradictoires aux quartiers et villages de la région, quitte à le faire en plein air pour toucher un maximum de gens. Les animateurs des cafés littéraires ont évoqué bien sûr les entraves qui leur sont dressées par les autorités afin de les gêner dans leurs activités, saluées par tous les acteurs sociopolitiques à travers tout le territoire national. Mais cela ne fait que les réconforter à poursuivre ce travail d'utilité publique.