Les Béjaouis étaient au rendez-vous, hier, à l'occasion de la 55e marche du vendredi. Ils sont sortis par milliers et avec la même détermination des premiers jours. Certains hirakistes ont estimé le nombre de marcheurs à quelque 15 000 ou 20 000 personnes. La marche a débuté à 13h25 juste après la prière du vendredi. Mais les manifestants avaient déjà commencé à se rassembler sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche vers 11h. À la sortie des fidèles de la mosquée d'Aamriou, le coup d'envoi a été donné. Plusieurs cortèges de manifestants, en attente, rejoignaient les rangs au niveau des différents carrés. Le principal carré des femmes était stationné au quartier Daouadji, lieu de rendez-vous des femmes engagées dans le hirak. Les manifestants ont eu à scander les slogans habituels : "Pour un Etat civil et non militaire", "Pour un Etat de droit", "Pour une République sociale et démocratique". Ils ont dénoncé en outre "La justice du téléphone", "La justice aux ordres", "La justice qui prend en otages les détenus." On a exigé, par ailleurs, la libération des "otages", dont Karim Tabbou, Abdelouahab Fersaoui et tous "les détenus politiques et d'opinion". À ce propos, une marche nocturne, précédée par l'opération "mehrez", en soutien aux détenus du hirak a été improvisée la veille dans les rues de Béjaïa pour exiger la libération des détenus politiques et d'opinion. Elle a drainé plusieurs centaines de personnes. À signaler que la 55e marche du vendredi s'est déroulée en l'absence de l'hélicoptère des services de sécurité. Ce qui a suscité des débats au sein des habitués du hirak. Certains ont justifié cette absence en raison du vent qui a soufflé sur la région. L'hélicoptère ne pouvant se tenir en position géostationnaire pour filmer le déroulement de la marche. D'autres ont parlé, en plaisantant, "d'économie sur le carburant". Il y a lieu de souligner aussi qu'avant le début de cette manifestation du hirak, les habitants de plusieurs villages et quartiers de la ville balnéaire de Tichy ont organisé un volontariat. C'est le deuxième vendredi de volontariat, organisé dans la localité. L'idée avait été lancée par Karim Smaïli, le principal animateur du Café littéraire de Tichy. Les habitants de la localité l'avaient saisie au vol pour en faire un rituel, avant de rejoindre en début d'après-midi la marche hebdomadaire du chef-lieu de wilaya.