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La longue histoire d'un racisme institutionnalisé
Brutalités policières à l'égard des minorités aux USA
Publié dans Liberté le 17 - 06 - 2020

Même si l'esclavage fut aboli officiellement aux USA par le vote du Congrès le 6 décembre 1865, les discriminations à l'égard des minorités raciales et ethniques perdurent au pays de l'Oncle Sam.
Comment une interpellation par la police locale d'un citoyen américain non armé et non résistant vire au drame par la mort de l'interpellé, le nommé George Floyd le 25 mai 2020 à Minneapolis aux Etats-Unis d'Amérique ? Cet Américain de minorité afro-américaine, lors de son arrestation musclée, était soupçonné d'avoir utilisé un faux billet de banque de 20 dollars US pour l'achat d'un paquet de cigarettes chez un buraliste du coin. Il est cloué au sol sur son ventre sans aucune résistance par l'un des officiers de police avec pause de la jambe de ce dernier sur le cou de l'interpellé durant plus de huit (8) minutes malgré les appels de ce dernier ("I can't breathe ; I can't breathe" c-à-d. je ne peux pas respirer ; je ne peux pas respirer), dus aux difficultés de respiration consécutivement à la clé d'étranglement faite sur lui par le policier Derek Chauvin. L'autopsie pratiquée par le médecin légiste, le Dr Allecia Wilson de l'Université du Michigan, qui a examiné le corps de George Floyd, est arrivé à la conclusion que les preuves cliniques soutiennent sans équivoque que l'asphyxie est la principale cause du décès et l'homicide comme circonstance de la mort.
Les autorités locales de Minneapolis ont cherché dès le début de ce tragique événement à protéger leurs policiers du meurtre et de complicité de meurtre, en oubliant ainsi un principe universel que la solidarité ne paie jamais contre une cause juste. Le communiqué du chef de la police locale de Minneapolis affirmant que le décès de George Floyd est intervenu lors de son transfert vers la structure hospitalière a été vite remis en cause par le maire de Minneapolis compte tenu de la diffusion en direct de cette tragique arrestation par les policiers à travers la planète. Mais la rue en Amérique en a voulu autrement grâce à la mobilisation spontanée, impressionnante et inattendue de centaines de milliers de citoyens américains à travers les grandes agglomérations du pays pour dénoncer ce crime. Selon l'avocat de George Floyd, Me Ben Crump, le décès de George Floyd était dû à une asphyxie en raison d'une pression forte prolongée sur son cou lui coupant ainsi la circulation du flux sanguin vers le cerveau. L'étranglement, une pratique policière au danger potentiellement mortel qui continue à être pratiquée lors des interventions policières à l'égard surtout des minorités pauvres et défavorisées. Elle n'est ni enseignée ni validée par les agences de police, selon un reportage diffusé récemment sur la chaîne de télévision américaine NBC News et réalisé auprès d'une douzaine de policiers.
Ce genre d'événements récurrents n'ont pas laissé indifférente l'opinion américaine puisque le pays est le théâtre aujourd'hui de manifestations pacifiques et même d'émeutes violentes en guise de solidarité avec les minorités afro-américaines. Le mouvement "Black Lives Matter" qui signifie "Les vies noires comptent", avait condamné en premier la mort brutale de George Floyd lors de son interpellation par les policiers du Minneapolis dans l'Etat du Minnesota. Ce mouvement afro-américain a pris naissance lors de l'acquittement le 13 juillet 2013 par le tribunal de Floride de George Zimmermann qui avait abattu un Afro-Américain de 17 ans, le jeune Trayvon Martin à Sanford dans l'Etat de Floride. Le mouvement Black Lives Matter a été initié par Alicia Garza, écrivaine et militante pour les droits des Noirs. Elle sera rejointe dans la foulée par l'artiste et l'activiste Patrisse Khan-Cullors et plus tard par l'écrivaine américano- nigériane Opal Tometi.
Ce mouvement connaîtra dès le 17 juillet 2014, un tournant décisif après la mort d'un Afro-Américain, Eric Garner, étranglé à New York par un policier lors de son arrestation. Le jury du tribunal ne retiendra pas le renvoi du policier, Daniel Pantaleo, devant le grand jury pour homicide volontaire responsable de la mort d'Eric Garner. Sur pression continue du mouvement Black Lives Matter, la mairie de New York a fini par reconnaître la responsabilité de son policier dans la mort d'Eric Garner et a octroyé à l'amiable une indemnisation à la famille Garner d'un montant de 5,9 millions de dollars US le 13 juillet 2015. Le 18 août 2019, la mairie de New York a procédé au licenciement de l'officier de police Daniel Pantaleo, responsable de la mort d'Eric Garner, en invoquant que l'utilisation de la clé d'étranglement est interdite dans l'Etat de New York depuis 1993. Même si l'esclavage fut aboli officiellement aux USA par le vote du Congrès le 6 décembre 1865, les discriminations à l'égard des minorités raciales et ethniques perdurent au pays de l'Oncle Sam. Le président Abraham Lincoln fut le précurseur de l'abolition de l'esclavage dans son pays. En 1863 et en pleine guerre de Sécession, il prend la sage décision de son abolition sur le territoire américain. L'abolition de l'esclavage figure à présent dans le XIIIe amendement. Il y a lieu de souligner que la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique en date du 4 juillet 1776 fait référence à Dieu Tout-Puissant dans le paragraphe consacré aux droits et libertés individuels. Elle cite expressément dans son contenu que "tous les hommes sont créés égaux, et sont doués par notre Créateur (Dieu) de certains droits inaliénables comme la vie, la liberté et à la recherche du bonheur". La Déclaration d'indépendance invite ainsi les gouvernants américains à assurer le respect de ces droits divins et inaliénables au profit de l'ensemble de leurs concitoyens en tout temps et en tous lieux. Selon les termes de la Déclaration d'indépendance de 1776 et ceux contenus dans la Constitution de 1787, la consécration des droits humains reste sacrée aux Etats-Unis mais que sur papier pour les minorités.
Le pasteur Martin Luther King, dans son célèbre discours du 28 août 1963 à Washington, avait dénoncé les promesses de liberté et de justice sociale pour tous les Américains, contenues dans la déclaration d'indépendance mais qui n'ont, malheureusement, jamais été accordées pour les Noirs d'Amérique. Le temps n'a jamais été un allié naturel et sûr pour les minorités raciales et ethniques en Amérique, selon le même orateur cité ci-dessus, tant que la société blanche est préoccupée continuellement par la tranquillité et le statu quo que par la justice, l'égalité et l'humanité entre tous les citoyens dont les minorités noires continuent d'être exclues. Selon le pasteur Martin Luther King, la justice et le progrès sont les seuls garants absolus de la tranquillité. Mais Martin Luther King refuse aussi d'admettre et de croire qu'il est impossible d'honorer aujourd'hui le chèque signé par les rédacteurs de la déclaration d'indépendance dans les vastes coffres de la chance de notre pays.
Il cite que les forces de la malveillance et les extrémistes travaillent contre le progrès social dans notre Amérique dont les minorités noires sont exclues et veulent nous faire croire que le chèque des chances que nous revendiquons est en bois et impossible à honorer. Sur un autre aspect juridique, rien n'a été dit ni rapporté à ce jour, si la procédure d'interpellation a été bien respectée à l'égard de George Floyd par la police de Minneapolis. En effet, lors d'une procédure d'interpellation, les droits reconnus au prévenu par les cinquième et sixième amendements, doivent lui être lus par la police sur-le-champ. Sur ce point, il y a lieu de citer le célèbre arrêt Ernesto Miranda c/Arizona, de la Cour suprême des Etats-Unis du 13 juin 1966 qui a retenu que "la personne en garde à vue doit, préalablement à son interrogatoire, être clairement informée qu'elle a le droit de garder le silence et que tout ce qu'elle dira sera utilisé contre elle devant les tribunaux ; elle doit être clairement informée qu'elle a le droit de consulter un avocat et qu'elle peut avoir l'avocat avec elle durant l'interrogatoire, et que, si elle n'en a pas les moyens, un avocat lui sera désigné d'office". Les conclusions à tirer de cet important arrêt du 13 juin 1966 de la Cour suprême des Etats-Unis est que nul ne peut être forcé à témoigner contre lui-même à travers des aveux forcés. De même la Cour suprême a rappelé aussi que la salle d'interrogatoire ne doit pas devenir une zone de non-droit. La police concernée par toute interpellation est tenue au respect obligatoire de cette procédure préalable avant tout interrogatoire faute de quoi, le juge annulera sans complaisance toute la procédure de poursuites engagées contre le prévenu. Il y a lieu de relever que le meurtre de George Floyd a été transmis en direct à l'opinion publique à travers le monde par le biais des nouvelles technologies numériques. L'internaute de cette prouesse de diffuser en direct ce crime sur les réseaux sociaux n'a été inquiété ni par la justice ni par la police locale de Minneapolis. Ainsi, le fait de dénoncer des bavures policières en direct et à travers un réseau social ne constitue nullement un délit aux Etats-Unis mais plutôt un acte de civisme et de patriotisme.
Dans ce contexte, le droit d'informer est protégé aux Etats-Unis par le premier amendement de la Constitution. À relever aussi que les médias américains ne font jamais dans la discrimination à l'inverse de certains médias français réputés pour leur plaisir de chercher régulièrement à discréditer et à culpabiliser les minorités raciales sur le territoire français. Le dernier couac sur ce point qui conforte notre présente et humble analyse est celui d'un média audiovisuel français qui est passé dans l'émission de Christine Kelly sur Cnews intitulée "Face à l'info" et portant sur les circonstances de la mort de George Floyd aux Etats-Unis et diffusé le lundi 1er juin 2020 avec comme invité Eric Zemmour. Bien que la France elle aussi ne soit pas épargnée par les bavures ou brutalités policières à l'image du décès du jeune Adama Traoré âgé de 24 ans au sein d'une caserne de gendarmerie nationale à Persan dans le département du Val d'Oise, deux heures après son arrestation le 19 juillet 2016. Des manifestations ont eu lieu en France le 6 juin courant en plein confinement et dans certaines grandes villes occidentales, et ce, par solidarité à toutes les victimes de bavures policières. Le 11 juin courant, le géant américain de l'électronique et de la technologie, Apple, a mis sur la table 100 millions de dollars pour l'équité raciale et la justice afin de mettre fin aux barrières systémiques dont sont victimes les minorités aux USA, selon son patron Tim Cook sur Twitter.
Enfin, il faut relever que c'est à partir de l'appartenance à une race ou à une classe que le phénomène du racisme et de la discrimination est le mieux rehaussé et distingué de nos jours au pays de l'Oncle Sam.
Par : Me Bennegueouch Med El-Bachir
Avocat à Chlef (barreau de Blida)


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