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UN PATRIMOINE EN PERIL
Le vieux bâti oranais s‘écroule
Publié dans Liberté le 18 - 06 - 2020

Sidi El-Houari, Derb, St-Pierre, Gambetta, St-Antoine, Bel-Air, Eckmühl, El-Hamri... les vieux quartiers qui incarnent l'identité oranaise tombent en ruine. Il est attendu l'intervention urgente des autorités compétentes pour sauver ce patrimoine d'une disparition certaine.
Oran ne compte plus les vieux quartiers dont les constructions sont désormais classées rouge, autrement dit inhabitables, ou orange, c'est-à-dire fragiles et nécessitant une rapide intervention pour éviter l'effondrement. On ne connaît pas avec exactitude le nombre des constructions classées (il y a quelques années, il était question de 54 000 unités, dont 10% devaient être démolies), mais on sait que la moindre pluie réveille les peurs des habitants des anciens quartiers, désormais prompts à sortir dans la rue aux premières gouttes.
Le patrimoine immobilier de la capitale de l'Ouest, des bâtisses datant de l'époque coloniale en majorité, subit les aléas du temps, faute d'entretien et d'opérations de réhabilitation. Un pan entier de l'histoire d'Oran qui se désagrège au fil des années.
Danger de mort
"Nous vivons seulement par la grâce de Dieu. Autrement, il y a longtemps que le toit de la maison nous serait tombé sur la tête." Le constat, plus résigné que fataliste, est celui d'un habitant d'une vieille bâtisse située à Choupot, quartier qui a été ébranlé en octobre 2019 par l'effondrement du toit d'un garage dans lequel vivaient trois familles. Les corps inertes d'un gardien d'école de 56 ans et de son épouse de 40 ans ont été retirés des décombres alors que cinq personnes souffrant de diverses blessures ont été évacuées au CHU d'Oran.
Le drame, qui a fait grand bruit, a attiré sur les lieux de nombreux habitants des vieux quartiers environnants, venus témoigner leur sympathie aux enfants des défunts mais aussi pour exposer leur propre situation aux responsables locaux ou aux journalistes présents.
"Nous avons peur. La bâtisse peut s'effondrer à n'importe quel moment et nous attendons toujours que les autorités locales concrétisent leur engagement de nous reloger ailleurs", nous a confié un habitant de Choupot en affirmant que son habitation, lézardée en divers endroits, était vouée à être rasée.
"Dès que le ciel s'assombrit, nous nous préparons au pire", renchérit une femme habitant le même quartier et qui exprime le sentiment de l'ensemble des occupants du vieux bâti. Il est vrai que la mémoire oranaise recèle de nombreux cas d'effondrements survenus ces 20 dernières années, ayant entraîné la mort ou jeté des familles entières à la rue.
En mai dernier, une vieille bâtisse située à St-Pierre, au centre-ville, s'est partiellement écroulée, sans, fort heureusement, provoquer de pertes humaines, mais mettant à la rue une douzaine de familles, provisoirement transférées à Diar Rahma de Misserghin. Plus près de nous, au lendemain des pluies diluviennes qui se sont abattues dans la nuit du 16 au 17 mai, la façade d'un immeuble désaffecté s'est effondrée à St-Antoine, autre vieux quartier dont de nombreuses bâtisses tiennent debout par miracle.
Quelques jours plus tard, c'est la cage d'escalier d'un immeuble situé rue Larbi-Ben M'hidi qui s'est effondrée, faisant un blessé et réveillant la colère du voisinage contre l'inertie des pouvoirs publics. "C'est une bâtisse en réhabilitation. Les travaux de restauration de cet escalier ont été arrêtés et on s'attendait tous à ce qu'il s'écroule un jour ou l'autre", a pesté un habitant tandis que les sapeurs-pompiers secouraient les locataires bloqués à l'aide d'une échelle aérienne.
L'écroulement de cette cage d'escalier n'est pas un fait inédit, puisque de nombreux incidents similaires se sont déjà produits dans des immeubles datant de la période coloniale situés au boulevard Emir-Abdelkader, à la rue d'Arzew ou encore Mostaganem.
Un pan d'histoire s'en va...
L'état de délabrement des vieilles bâtisses est une réalité qui touche l'ensemble des vieux quartiers d'Oran : à El Hamri, El-Makkari, Gambetta, le vieux bâti se désagrège inexorablement par manque d'entretien, et les habitations cèdent lentement sous le poids des années. Certaines se sont déjà effondrées quand d'autres menacent de s'écrouler à tout moment. Une balade dans ces zones montre l'étendue du désastre et les conséquences d'une politique d'habitat qui n'a jamais réellement tenu compte de la dimension historique de l'urbanisme.
"Difficile de faire face aux frais d'entretien quand vous n'avez d'autres ressources que votre salaire ou, pis encore, lorsque vous êtes au chômage. Donc, quand un acheteur exprime un intérêt pour une vieille maison, les propriétaires hésitent rarement à vendre pour aller s'installer ailleurs", explique un habitant de Gambetta en observant les façades repoussantes de vieilles bâtisses abandonnées aux aléas du temps.
Résultat, ces 15 ou 20 dernières années, l'urbanisme s'est graduellement modifié dans ces quartiers en raison de la propension des nouveaux acquéreurs (dont des courtiers) à raser le vieux bâti pour construire des habitations flambant neuves qui ont parfois été revendues par la suite. Des dizaines de maisons de maître et de maisonnettes datant de l'époque coloniale ont ainsi laissé la place à des pavillons et villas érigés par de nouveaux venus disposant de solides moyens matériels mais très peu intéressés par la sauvegarde d'un patrimoine immobilier vieux de plus d'un siècle.
Laborieux programme de réhabilitation
En réalité, les autorités locales ont bien tenté, timidement il faut le dire, de préserver une partie du patrimoine immobilier situé dans certaines parties du centre-ville. Après quelques opérations de réhabilitation de constructions dirigées par l'OPGI à la fin des années 1990, un programme de rénovation de 600 immeubles à haute valeur architecturale a été lancé à partir de 2010, mais il peine à aboutir, notamment en raison de la crise financière induite par la chute du prix des hydrocarbures.
Et même si quelques édifices des boulevards de la Soummam, de Maâta ou de la rue Larbi-Ben M'hidi ont bénéficié de la précieuse expertise d'entreprises étrangères spécialisées dans la restauration du vieux bâti (espagnoles, françaises et italiennes), il n'en demeure pas moins que l'écrasante majorité des immeubles visés par le programme attend le lancement ou la reprise des travaux.
Ce qui fait dire à de nombreux citoyens que la sauvegarde du vieux bâti n'a jamais fait partie des premières priorités des autorités locales, même si celles-ci n'hésitent jamais à louer la valeur architecturale du patrimoine immobilier hérité des différentes civilisations qui ont traversé l'histoire d'Oran depuis sa naissance en l'an 903. Au cours d'une réunion tenue au siège de la wilaya le 27 mai dernier, quelques jours seulement après les intempéries qui ont frappé Oran, le wali avait ordonné un "recensement détaillé et exhaustif des constructions du vieux bâti".
Ce que les instances concernées n'ont cessé de faire depuis des dizaines d'années, sans qu'une cartographie précise du vieux bâti ait été encore établie. C'est dire tout l'intérêt que les pouvoirs publics accordent à cette problématique qui continue d'empoisonner la vie de milliers d'Oranais et pousse parfois une bonne partie d'entre eux à manifester leur colère dans la rue.

Par : S. OULD ALI


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