Le député démissionnaire Khaled Tazaghart et l'ancien policier Zahir Moulaoui ont été condamnés, jeudi dernier, par le tribunal correctionnel de Béjaïa à six mois de prison avec sursis pour "incitation à attroupement non armé, publication pouvant porter atteinte à l'intérêt national, mise en danger de la vie d'autrui durant la période du confinement". Le verdict est tombé au lendemain de leur arrestation par la police, alors qu'ils s'apprêtaient à prendre part à un rassemblement de soutien avec leurs camarades Yanis Adjlia, Merzoug Touati et Amar Berri, qui devait se tenir, mercredi matin, à la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel. À vrai dire, il y a eu une douzaine d'arrestations parmi les manifestants venus exprimer leur solidarité avec les trois activistes du Hirak dont le procès se déroulait par visioconférence au tribunal correctionnel de la ville des Hammadites. Sur les douze personnes embarquées par la police, sept ont été relâchées après leur audition, alors que cinq autres ont fait l'objet de poursuites judiciaires. Parmi lesquels trois mis en cause, Hassan Yahiaoui, Meziane Mahdi et Nordine Djoulane en l'occurrence, ont bénéficié d'une citation directe à comparaître le 8 septembre prochain. Ils devront répondre du seul chef d'inculpation "incitation à attroupement non armé". Tandis que Khaled Tazaghart et Zahir Moulaoui ont été placés en garde à vue au commissariat central jusqu'au lendemain, jeudi 2 juillet, où ils seront présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Béjaïa. Le magistrat en charge de leur dossier a finalement décidé de les juger en comparution immédiate. Pas moins d'une quinzaine d'avocats du barreau de Béjaïa se sont immédiatement constitués pour assurer leur défense. Selon Me Boubaker Hamaïli, l'un des membres de ce collectif de défense, "les deux prévenus, connus pour leur sagesse et leurs convictions pacifistes, ne peuvent être accusés d'incitation à attroupement. Ils n'ont fait qu'exercer leur droit de manifester, en participant à un rassemblement pacifique". Notons que le procureur de la République a requis une peine de deux ans de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 DA à l'encontre de Zahir Moulaoui, et un an de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 DA contre Khaled Tazaghart. Par ailleurs, le verdict dans l'affaire des trois activistes du Hirak, Amar Berri, Merzoug Touati et Yanis Adjlia, incarcérés à la prison d'Oued Ghir depuis le 13 juin dernier, a été mis en délibéré pour le 8 juillet prochain. La décision prise par le juge à l'issue d'un procès, qui aura duré plus de 12 heures, n'a pas été du goût du collectif de défense composé de plusieurs dizaines d'avocats. "Après plus d'une heure de délibérations, le juge revient dans la salle d'audience pour nous annoncer que le verdict sera connu le 8 juillet prochain. C'est vraiment aberrant !", nous a déclaré Me Amirouche Bakouri, membre du barreau de Béjaïa, à sa sortie du tribunal.