Les violences liées à l'annonce de la candidature controversée à un troisième mandat du président Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire ont fait un mort de plus samedi à Daoukro (Centre), ont rapporté des médias locaux. Ce décès porte à quatre le nombre de personnes tuées dans des affrontements dans ce bastion de l'ancien président Henri Konan Bédié, également candidat à la présidentielle, selon le bilan officiel. La victime de 45 ans, Apollinaire N'Goran Kouamé, a été tuée "par balle", alors qu'il montait la garde en compagnie des jeunes du village d'Anoumabo, situé près de Daoukro, selon la même source. La tension était toujours vive le week-end dans cette ville où les affrontements entre des partisans d'Henri Konan Bédié et des jeunes favorables au président Alassane Ouattara ont démarré mardi, virant à un conflit communautaire latent. Le marché et les différents commerces sont fermés et les forces de l'ordre ont pris position dans tous les quartiers. Armés de fusils de chasse, de gourdins et de machettes, les jeunes du village d'Anoumabo se sont rués vers le quartier malinké (pro-Ouattara). La gendarmerie a dû s'interposer pour les faire reculer et baisser la tension. Au total, 10 personnes sont mortes et plus de 100 blessées en Côte d'Ivoire, après trois jours de violences liées à l'annonce de la candidature de M. Ouattara. "68 personnes ont été interpellées pour troubles à l'ordre public, incitation à la révolte, violence sur les forces de l'ordre et destruction de biens d'autrui" au cours de ces manifestations, selon le bilan officiel fourni vendredi. Le président Alassane Ouattara, 78 ans, élu en 2010 puis réélu en 2015, avait annoncé dans un premier temps en mars passer le relais à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mais celui-ci est décédé le 8 juillet d'un infarctus. Après ce décès, M. Ouattara a annoncé le 6 août qu'il briguerait finalement un troisième mandat. La Constitution limite à deux les mandats présidentiels, mais opposition et pouvoir sont en désaccord sur l'interprétation de la réforme adoptée en 2016 : les partisans d'Ouattara affirment qu'elle a remis le compteur des mandats à zéro et ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature. R. I./Agences