La ville de Béjaïa s'apprête à commémorer dignement le 32e anniversaire du soulèvement populaire du 5 Octobre 1988, une date charnière dans l'histoire de l'Algérie indépendante, qui aura permis, au prix de centaines de victimes, l'ouverture démocratique et le pluralisme politique consacrés dans la Constitution de février 1989. Ainsi, afin de célébrer les événements tragiques d'Octobre 1988, une réunion préparatoire s'est tenue, hier après-midi, au siège du Centre de documentation en droits de l'Homme (CDDH) de Béjaïa, à laquelle ont pris part plusieurs militants politiques et des acteurs de la société civile, connus sur la scène politique régionale, voire nationale. Parmi les présents à cette rencontre, on peut citer les représentants de l'Association des parents de victimes et blessés du 5 Octobre 1988 (AVO-88), ceux de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), du Comité de solidarité avec les travailleurs de la wilaya de Béjaïa (CSTWB), du Comité de défense et de sauvegarde des libertés (CDSL)... Après une séance de débats qui aura duré plus d'une heure, les différents membres présents ont arrêté un programme d'activités pour la journée commémorative du 5 Octobre prochain. Ils ont, en fait, approuvé la proposition des membres de l'AVO-88, à savoir l'organisation dans la matinée de cette date anniversaire d'un rassemblement citoyen sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche, à l'issue duquel il sera procédé au dépôt d'une gerbe de fleurs devant la stèle érigée sur les lieux, et ce, en hommage à toutes les victimes de ces douloureux événements d'Octobre 1988. Selon le responsable du CDDH, Hocine Boumedjane, cette cérémonie de recueillement, qui se veut un grandiose meeting populaire, sera ponctuée d'une prise de parole, où les différents acteurs sociopolitiques ayant contribué à l'organisation de l'événement devraient intervenir pour "rappeler les acquis démocratiques d'Octobre 1988, arrachés au prix du sang". "Le message politique que nous voudrions délivrer aux jeunes générations est de préserver les acquis de 1988, en poursuivant la révolution pacifique née le 22 Février 2019 jusqu'à l'instauration d'un véritable Etat civil, démocratique et social, tel que voulu par nos valeureux martyrs", nous dira, en substance, M. Boumedjane. À noter que dans l'après-midi de cette journée commémorative, une conférence-débat sur la révolte d'Octobre 1988 sera animée au CDDH de Béjaïa par une brochette d'invités, dont la liste des personnalités devant intervenir sera finalisée incessamment. De son côté, le président d'honneur de l'AVO-88 de Béjaïa, Aziz Yahoui, a tenu à rappeler les revendications principales de son organisation qui se bat depuis de longues années pour "la reconnaissance officielle de la journée du 5 Octobre 1988" et "un statut de martyrs de la démocratie pour les victimes de ces tragiques événements, jusque-là considérées comme des accidentées du travail". En effet, les membres de l'AVO-88 réclament depuis toujours "la consécration du 5 Octobre 1988 journée nationale de la démocratie et des droits de l'Homme". Outre le statut de "martyrs de la démocratie", ils réclament aux autorités compétentes "l'indemnisation de toutes les victimes de la révolte d'Octobre 1988", dont certaines s'en sont sorties avec des handicaps physiques ou psychiques. Par ailleurs, ils exigent "l'abrogation de la loi d'amnistie votée en 1991 par l'Assemblée populaire nationale (APN) d'alors", ainsi qu'"une commission d'enquête indépendante pour faire toute la lumière sur le soulèvement populaire d'Octobre 1988 en situant les responsabilités dans ces événements tragiques".