Elle vise à convaincre les commerçants à recourir à cette formule de paiement facilitant les transactions commerciales. Menée par les services des directions de wilaya du commerce, d'Algérie Poste et des télécommunications, ainsi que les représentants de la Chambre de commerce et d'industrie "Les Zibans", une campagne de sensibilisation à la généralisation de l'utilisation des instruments de paiement électronique ciblant les opérateurs économiques a été lancée ces derniers jours à Biskra. Elle vise à convaincre les commerçants à recourir à cette formule de paiement facilitant les transactions commerciales, notamment en cette période de pandémie de coronavirus où la liquidité transitant de main en main constitue un facteur de risque de transmission du virus. Dans ce cadre, les services concernés invitent les gérants des espaces commerciaux à se rapprocher des bureaux de poste ou de banque pour formuler leur demande d'acquisition de l'appareil TPE (terminal de paiement électronique) conçu spécialement à cet effet, dans un délai n'excédant pas le 31 décembre de l'année en cours. Ils ont tenu à informer le collectif des commerçants répartis sur le territoire de la wilaya de l'obligation d'équiper leurs magasins de ce dispositif qui leur sera délivré gratuitement. De leur côté, la plupart des commerçants demeurent réticents à l'idée d'acquérir ces machines. "Ils craignent notamment que les services postaux ou bancaires transmettent aux services des impôts un rapport détaillé faisant état de leurs revenus quotidiens. C'est pour cette raison qu'ils s'opposent, dans leur grande majorité, à cette option, profitant à la fois au client et au commerçant", commente une vieille dame rencontrée dans une supérette, où elle est habituée à faire ses emplettes. Le propriétaire de cet espace commercial semble ne pas avoir le même avis à ce sujet. Pour lui, le recours à cette nouvelle technique de paiement sans espèce est de facto vouée à l'échec. Et de s'expliquer : "Me concernant, je travaille avec tout le monde, et mes clients sont dans l'ensemble des travailleurs journaliers ne disposant pas de compte courant ; ils sont rémunérés à l'heure ou à la journée. Comment ces petites bourses pourront-elles me payer ? Et même les fonctionnaires détenteurs de CCP, à qui la mesure adoptée est supposée profiter le plus, ne seront sûrement pas en mesure d'y recourir, du fait de leur pouvoir d'achat qui connaît un recul important depuis bien avant l'apparition de la crise sanitaire et ses effets indéniables sur les couches précaires." Selon ce commerçant, le nombre de clients qui s'approvisionnent chez lui sans même pouvoir régler leurs dus est toujours en escalade. Les services de la direction du commerce ont soutenu, quant à eux, que ce choix a pour but d'alléger un tant soit peu la situation intenable, surtout au niveau des guichets des bureaux de poste qui connaissent un afflux important de salariés pour retirer leurs salaires. De l'avis de beaucoup, le paiement électronique reste un choix judicieux non dénué d'avantages, en évitant au consommateur plein de tracas, comme les files interminables devant les établissements financiers. "Les nombreux commerçants qui s'y opposent ne sont en réalité pas honnêtes. Ils travaillent hors normes pour des raisons le plus souvent illogiques. Il suffit pour cela d'une simple tournée-éclair dans les environs de Biskra, le jour de la sortie d'inspection des agents de contrôle de la qualité et de répression de la fraude, pour constater que 9/10 des commerçants indélicats baissent les rideaux de leurs magasins et rouvrent dès que ces derniers quittent les lieux", remarque un consommateur, retraité du secteur de l'éducation, outré par ces agissements.