La marginalisation du M5-RFP, qui dit prendre acte après l'annonce du nouveau gouvernement, risque de saper les efforts entrepris depuis des semaines pour un retour de l'ordre constitutionnel au Mali. à peine révélée, la liste des membres du gouvernement de transition au Mali a suscité un rejet catégorique du principal mouvement de contestation dans le pays, qui a réagi mardi soir via un communiqué appelant ses partisans à une nouvelle mobilisation. Le Mouvement du 5-Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a pondu mardi soir un communiqué dans lequel il estime que le nouveau gouvernement "n'est porteur ni de la rupture avec le système qu'il a combattu ni du changement auquel le peuple malien aspire". Pour ce mouvement que dirige le leader religieux l'imam Mahmoud Dicko, "contrairement à certaines informations relayées par des médias nationaux et internationaux et sur les réseaux sociaux, (le M5-RFP affirme) qu'il n'a pas de représentant dans ce gouvernement dont aucun membre ne peut se réclamer de lui ou prétendre agir en son nom". Le communiqué fait référence entre autres à la nomination de Mohamed Salia Touré au poste du ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, et qui était jusque-ici responsable de la section jeunesse au sein du M5-RFP et réputé être un des proches de l'imam Dicko. "Le M5-RFP regrette profondément que son souci constant d'une transition réussie n'ait pas été compris et pris en compte ni au moment des journées de concertation sur la transition ni pour la désignation du président et celle du Premier ministre de transition et encore moins pour la mise en place du gouvernement intervenue alors que sa délégation était en discussions avec le Premier ministre", lit-on dans ce communiqué. Depuis la chute de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), renversé par un coup d'Etat militaire le 18 août dernier, les responsables de l'armée réunis au sein du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) semblent avoir minimisé le rôle du M5-RFP sur la scène politique alors que ce dernier estime que le départ d'IBK s'est fait grâce à la pression qu'il a exercée sur lui, au lendemain des législatives contestées du printemps dernier. Cette mise à l'écart voulue par le CNSP a été régulièrement dénoncée par le M5-RFP qui, aujourd'hui, appelle ses partisans et l'ensemble des Maliens "à rester mobilisés dans l'attente de ses mots d'ordre pour une rupture véritable avec l'ancien système, pour un changement réel par la refondation du Mali", rappelant qu'"à toutes fins utiles, qu'il n'est pas dans un combat de positionnement". La sortie du M5-RFP présage de nouvelles tensions à Bamako, où le processus de transition devrait aboutir d'ici à 18 mois à de nouvelles élections, dans un contexte économique et sécuritaire des plus difficiles. Les militaires, plus précisément les membres du CNSP, disposent de peu de marges de manœuvre et n'ont pas intérêt à affronter le M5-RFP qui veut jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir au Mali.