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Le gouffre abyssal de la filière GNL algérienne
GNL
Publié dans Liberté le 15 - 10 - 2020


Par : DR ALI KEFAIFI
EX-DIRECTEUR DU COMPLEXE PETROCHIMIQUE DE SKIKDA
À la veille du 1er Novembre, plus sacré que tous les autres événements, il est difficile d'écrire et d'alerter sur le désastre, devenu permanent, de cette filière Gaz naturel liquéfié (GNL) qui avait été créée en Algérie en 1964 et pour la première fois dans le monde.
Le gouffre abyssal
La mauvaise nouvelle est que, sans le rendre public, Sonatrach perd (selon le prix net back Arzew ou Skikda) 1,38 $ pour chaque million BTU vendu à l'Union européenne (Espagne, France, Turquie), de même qu'une perte de 1,53 dollar/million BTU exportés vers l'Inde. Sur la base d'exportations annuelles totales de 16 milliards de m3 de GNL, l'Algérie perd en moyenne annuelle 1 milliard $.
En face, le Qatar exporte et gagne 2,31 dollars en Asie et pratique des prix à l'équilibre sur le marché de l'Union européenne pour concurrencer l'Algérie et l'exclure du marché du gaz naturel. Comme l'Algérie, le GN égyptien est exporté à perte, d'où ses investissements dans la pétrochimie, devenu 1er investisseur Mena en 2019-2024 avec 40 milliards de $.
Pour l'Algérie, les pertes sont dues au transport coûteux par pipeline saharien (4 à 5 dollars et 3 fois plus que le pétrole à calorie équivalente) et aux dernières usines de GNL construites par CK avec une surfacturation de 200% à 250%, selon IEA. En Egypte, le coût élevé est dû au fait qu'il s'agit de gaz off-shore. Espérons que l'exemple égyptien inspirera Sonatrach pour l'empêcher de forer en off-shore à Béjaïa ou à Oran à la recherche d'un gaz introuvable ou en quantité lilliputienne et avec un coût de 10 $/MM BTU ou plus !
Le marché algérien du GNL
La production du GN serait de l'ordre de 70 milliards de m3 en 2020, dont 63% de la production totale est destinée au marché domestique, nonobstant la consommation des champs pétroliers énergétivores en GN recyclé.
En effet, la traditionnelle SH (Sonatrach) ne connaît pas les EOR tertiaires (microbio, CO2, tensio actifs, IoT et IA) qui évitent le recyclage et doublent les réserves récupérables ! En 2019, les exportations algériennes de GN ont atteint 28 milliards de m3, celles de GNL 16 milliards de m3.
Par pipeline, le GN exporté reste compétitif, avec 5,6 milliards de m3 exportés vers l'Italie, et 5,4 milliards de m3 vers l'Espagne, celle-ci recevant en plus 0,6 milliard de m3 de GNL algérien.
La comparaison des prix de la filière GNL algérienne et qatarie montre que l'Algérie est totalement non compétitive et non rentable du fait de 3 faiblesses structurelles dues à l'incompétence (gestion des GNL, des méthaniers), au coût de transport par pipeline saharien (vs pétrochimie domestique), au coût de la liquéfaction (amortissements "inamortissables" à cause des surfacturations CK/Snam/...).
Le marché mondial du GNL
Ce marché est marqué par des surcapacités mondiales de production malgré les augmentations de la demande en Chine (+22% de 2020 à 2025) et de l'Inde (importations +30% de 2019 à 2020). En 2020-2021, l'Algérie se trouve dans une situation macroéconomique désastreuse du fait des 2 dernières décennies, et de sa mauvaise posture pour négocier les contrats de GNL face aux acheteurs étrangers (France, Espagne, Italie, Turquie, Inde, etc.) qui sont en excellente position de négociation.
Malheureusement, SH ne pourra même pas profiter des travaux (modèles de théorie des jeux, y compris à somme nulle) des 2 bénéficiaires du récent prix Nobel d'économie !
La demande mondiale de GN (GN transporté par pipeline et GNL transporté par méthaniers) est passée de 3 080 milliards de m3 en 2000 à 4000 milliards de m3 en 2019 et projetée à 4 400 milliards de m3 en 2025. La demande supplémentaire durant les 4 prochaines années, soit 400 milliards de mètres cubes de gaz, se situera essentiellement en Asie, en Amérique et au Moyen-Orient.
L'Union européenne, marché traditionnel du GN/GNL algérien, verra une augmentation très faible égale à 20 milliards de m3 durant les 4 prochaines années, soit 5% seulement de l'augmentation mondiale.
Cela signifie que Sonatrach, si elle était réaliste et consciente, devrait oublier l'exportation du GNL et le transformer en produits pétrochimiques en Algérie (avec un coût du gaz de 1 $/MM Btu au lieu de 5 $ dans les marchés mondiaux) ou sous forme de gaz naturel véhicule (GNV) pour le transport.
Cette nouvelle politique d'utilisation des hydrocarbures (gaz et pétrole) est d'autant plus indiquée que le pétrole verra sa part dans les transports (automobiles, locomotives, navires) passer de 60% en 2020 à 50% en 2020-2025, à 16% en 2025-2030 et 82% en 2030-2035. En parallèle, la part du pétrole utilisé dans la chimie et la pétrochimie passera de 40% en 2015-2025, à 60% en 2025-2030, puis à 80% en 2030-2035.
Le développement de la pétrochimie
Ce nouveau sésame reste indispensable autant que vital pour l'économie algérienne. En 1977, l'Algérie avait démarré le premier complexe pétrochimique du monde arabe et de l'Afrique (hors République sud-africaine). Ce complexe pétrochimique fut transformé par l'Etat rentier en un amas de ferraille, CK refusant un achat de matière première éthane importé, et ce, à la suite de l'explosion de l'usine de GNL de Skikda qui priva le complexe pétrochimique de son alimentation en éthane.
Cette erreur tragique des autorités algériennes s'est accompagnée par une autre erreur inadmissible de mise à la retraite ou de licenciement du personnel qui avait pourtant acquis une solide expérience dans l'une des industries les plus complexes (vapocraquage, PEBD, PEHD, PVC) après le secteur nucléaire.
S'agissant de la pétrochimie algérienne rendue virtuelle par l'incompétence de l'entreprise nationale SH, il est cependant admis que l'Algérie dispose de toutes les matières premières (gaz naturel, éthane, propane, butane, aromatiques, naphta pétroliers, voire l'hydrogène infini d'origine solaire à développer), en quantité surabondante, à des coûts totalement compétitifs.
À titre d'exemple, l'Algérie dispose dans son pétrole et, par son gaz naturel, d'immenses quantités d'éthane, soit l'équivalent en matières premières d'une dizaine de complexes pétrochimiques (éthylène, polyéthylène, etc.) de taille mondiale et susceptibles de procurer des chiffres d'affaires à l'exportation supérieurs à une dizaine de milliards de $ et des centaines de milliers d'emplois directs, indirects et induits, tant la chaîne de valeur pétrochimique est riche en valeur ajoutée et en flux intersectoriels, à l'image de la chaîne de valeur minière et des autres ressources naturelles telle l'agriculture.
La pétrochimie a été ignorée, voire détruite par l'Etat rentier de ces 2 dernières décennies, mais les dégâts de cette destruction peuvent être facilement estimés lorsque l'on considère que la pétrochimie saoudienne (Sabic), qui avait été lancée après Skikda, constitue le fleuron vital de l'Arabie saoudite avec un chiffre d'affaires annuel à l'exportation de 50 milliards de $ et un bénéfice de 8 à 10 milliards de $ par an. Après 2030, Sabic remplacera l'Aramco qui perdra son rôle d'exportateur... Et SH ? Subventions ?


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