Le projet "Baladna" de production de lait en poudre: la première phase de production débutera en 2026    Coupe d'Algérie - Demi-finale: le CRB élimine l'USMA aux tirs aux but (3-1) et rejoint le MCA en finale    Secousse tellurique de 3,3 degrés dans la wilaya de Tizi Ouzou    Le Festival du film méditerranéen d'Annaba, une empreinte prestigieuse sur la scène culturelle    Chanegriha impitoyable à la préparation au combat    Le ministère de la Culture annonce le programme des foires nationales du livre    19e édition des rencontres cinématographiques de Béjaia: le 15 mai, date butoir de dépôt des œuvres    Les autorités d'occupation ferment la mosquée Ibrahimi aux musulmans    Les autorités d'occupation ferment la mosquée Ibrahimi aux musulmans    Les médias conviés à une visite guidée du Centre de formation des troupes spéciales    Le Bureau Fédéral de la FAF apporte son soutien à l'USMA    Son nom fait «trembler» le foot du Roi    Coupe d'Algérie : Le MCA écarte le CSC et va en finale    Ali Aoun inaugure une usine de fabrication de pièces automobiles et une unité de production de batteries    Le directeur général des forêts en visite d'inspection    Trois membres d'une même famille assassinés    Dahleb donne le coup d'envoi d'une campagne de reboisement au Parc de Oued Smar    PIB et taux de croissance, inflation, taux de chômage, endettement, réserves de change, cotation du dinar    Transformer le théâtre universitaire en un produit commercialisable    Le Président chilien Gabriel Boric a qualifié la guerre israélienne de « barbare »    L'Algérie participe à la 38e édition    Principales étapes de la résistance des Touaregs    La psychose anti-islamique obéit aux mêmes desseins que la hantise antibolchevique    Le président de la République reçoit l'ambassadeur du Royaume de Bahreïn en Algérie    Coupe du monde de Gymnastique : Kaylia Nemour sacrée aux barres asymétriques    La Palestine deviendra membre à part entière de l'ONU grâce à la ténacité de l'Algérie    L'ambassadeur du Royaume du Lesotho salue le soutien de l'Algérie aux efforts de développement dans son pays    Le nouvel ambassadeur de Cuba met en avant le caractère historique des relations algéro-cubaines    Chanegriha supervise l'exécution d'un exercice tactique avec munitions réelles en 3ème Région militaire    Algérie-Tunisie-Libye: début de la cérémonie de signature de l'accord portant création d'un mécanisme de concertation sur la gestion des eaux souterraines communes    Energie et mines : Arkab reçoit la DG de la compagnie britannique Harbour Energy    Parquet de la République: ouverture d'une enquête suite à l'effondrement du plafond d'une classe dans une école primaire à Oran    Tamanrasset: 7 morts et 15 blessés dans un accident de la route    "Nous nous emploierons à exploiter le sel provenant du dessalement de l'eau de mer"    Coupe d'Algérie (demi-finales): le MC Alger renverse le CS Constantine et accède à sa 10e finale    Le ministre de la Justice insiste sur la fourniture de services de qualité aux citoyens    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80        L'ORDRE INTERNATIONAL OU CE MECANISME DE DOMINATION PERVERSE DES PEUPLES ?    Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Le diktat des autodidactes    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    El Tarf: Des agriculteurs demandent l'aménagement de pistes    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



"Nous avons gagné la guerre, nous ne sommes pas demandeurs d'excuses..."
Fadhila Chitour-Boumendjel, nièce d'Ali Boumendjel
Publié dans Liberté le 24 - 01 - 2021

"Nous avons mené la guerre à la France coloniale et nous l'avons gagnée. Nous ne sommes pas demandeurs d'excuses. Mais la morale et l'éthique exigent, de mon point de vue, que la France officielle franchisse ce pas...", estime Mme Chitour-Boumedjel
Liberté : Comment avez-vous accueilli la recommandation du rapport de Benjamin Stora préconisant la reconnaissance de l'assassinat de votre oncle, Ali Boumedjel ?
Fadhila Chitour-Boumendjel : Mon premier sentiment est que cette "reconnaissance" est tellement tardive, près de 65 ans après l'assassinat "masqué en suicide !" de mon oncle. Encore, faut-il le préciser, il ne s'agit, pour l'instant, que d'une éventuelle "reconnaissance", puisque cela reste au stade d'une recommandation, parmi d'autres, du rapport de l'historien Benjamin Stora. Toutes les personnes victimes indirectes, dans ma famille, de ce psycho- traumatisme irréparable, et dont un grand nombre d'entre elles ont disparu (père, mère, épouse), n'auront pas connu cette reconnaissance qui est donc venue, comme je le disais, plus de 60 ans après son assassinat. Dans un deuxième temps, à la lecture du rapport, j'ai trouvé étonnant que l'historien français parle particulièrement d'Ali Boumendjel. Pourquoi le distinguer, alors que le Mouvement national algérien et la Bataille d'Alger particulièrement ont donné d'autres Ali Boumendjel ! Il existe tellement d'anonymes qui ont subi le sort affreux des assassinats et de la torture. Pourquoi le singulariser dans la communauté des martyrs algériens ? Ensuite, que représente cette reconnaissance concrètement ? Mon oncle aura une rue à son nom en France ? Je ne le sais pas. J'estime que le fait que la date de son assassinat soit dédiée à la Journée de l'avocat dans son pays a une portée plus symbolique !
Qu'est-ce qui expliquerait ce choix de M. Stora ?
Je pense que c'est un choix personnel et amical dicté par sa proximité avec la famille Boumedjel. M. Stora était et reste l'ami de notre famille et notamment de Samy Boumendjel, l'un des fils de mon oncle. Son père était déjà très proche du parti de mon père et de mon oncle : l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA), dirigé par Ferhat Abbas. Benjamin Stora est également à l'origine de la parution du livre "Ali Boumendjel : une affaire française et une histoire algérienne", écrit par l'historienne Malika Rahal. Je pense que ce sont tous ces éléments qui ont précédé le choix de l'historien. C'est pour lui une victime emblématique et symbolique algérienne, d'autant que son assassinat a eu un grand retentissement en France.
La démarche de Benjamin Stora dans l'élaboration de ce rapport semble, a priori, loin de faire l'unanimité. Est-ce aussi votre avis ?
J'ai personnellement ressenti une immense frustration. Il y a une énorme faille dans ce rapport. Benjamin Stora s'est donné pour objectif clair et précis de rédiger un rapport dont l'ambition est de réconcilier les mémoires algérienne et française. Or, dans le même rapport, il avoue lui-même, et là je le cite : "Qu'on ne peut pas réconcilier l'irréconciliable." Et d'ajouter : "Je n'ai pas cette prétention." Je ne comprends pas comment il a accepté de faire un rapport dont l'objectif s'inscrit en totale contradiction avec ce qu'il pense, puisqu'il le dit clairement.
Sur un autre plan, je vous avoue que je suis très inquiète quant à la portée de ce rapport, son utilité et son efficacité. Nous sommes devant une asymétrie incroyable, et là, je suis d'accord avec Stora, qu'on ne peut jamais réconcilier les mémoires, d'une part, du bourreau et, d'autre part, de la victime. Pour mener un travail sur le dialogue, je préfère parler de dialogue entre les deux rives, il y a à mon sens un préalable fondamental : reconnaître que la colonisation est par essence une abomination, un crime contre l'humanité. La France gagnerait à prendre une position officielle et audacieuse, et reconnaître ce crime contre l'humanité. Tout le reste est pansement sur une jambe de bois.
Remarquez que le rapport de M. Stora ne cite pas une seule fois, en tout cas dans ce que j'ai lu et d'après ce qui a été rapporté ici et là, le cas de la torture en Algérie pendant la colonisation. Comment peut-on prétendre faire un travail de réconciliation quand on ignore, sciemment ou pas, la question de la torture institutionnalisée pendant la colonisation ?
L'Elysée a exclu toutes excuses. Un commentaire ?
Je trouve cela inadmissible. Nous avons mené la guerre à la France coloniale et nous l'avons gagnée. Nous ne sommes pas demandeurs d'excuses. Mais la morale et l'éthique exigent, de mon point de vue, que la France officielle franchisse ce pas...
L'Etat algérien n'a pas réagi officiellement à ce rapport...
En Algérie, le sort des victimes de la répression du mouvement citoyen, le Hirak, est pour moi plus important et plus urgent. C'est une aberration qu'on compte encore dans mon pays des dizaines de nos concitoyens qui croupissent dans des prisons à cause de leurs opinions. Comment un pays qui a eu tant de martyrs qui se sont sacrifiés pour la liberté accepte de jeter en prison des dizaines de jeunes Algériens ? C'est insupportable. Au nom de la mémoire de mon oncle, Ali Boumendjel, je lance un appel à travers votre média pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus d'opinion.


Propos recueillis par : Karim Benamar


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.