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Guerre de libération: Les aveux de l'Etat français
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 15 - 09 - 2018

La France a, enfin, reconnu, officiellement, avoir recouru durant la guerre de Libération nationale à la torture. C'est avec la reconnaissance par le Président Macron de l'assassinat du militant de la Cause nationale Maurice Audin, torturé à mort, après que le gouvernement de Guy Mollet ait voté les pouvoirs spéciaux à Alger, durant la guerre de Libération, que le système généralisé de la torture, sous ses formes en Algérie, a été enfin établi, reconnu. C'est dans un communiqué très attendu, jeudi, que le président français Emmanuel Macron a reconnu que la France a instauré un « système » recourant à la « torture » pendant la guerre de Libération nationale. Dans la journée de jeudi, le Président Macron a affirmé que le militant Maurice Audin, disparu en juin 1957, est « mort sous la torture du fait du système institué, alors, en Algérie par la France ». Pour l'historien Benjamin Stora, il s'agit « du système arrestation-détention, mis en place à la faveur des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés, par voie légale, aux forces armées, à cette période. » Le président français avait ensuite, durant la journée de jeudi, remis une déclaration à la veuve de Maurice Audin et annoncé, dans la foulée, « l'ouverture des archives sur le sujet des disparus civils et militaires, français et algériens ». C'est au mois de mai dernier que plus d'une cinquantaine de personnalités, historiens, politiques, juristes, journalistes et cinéastes français et algériens avaient demandé au Président Macron de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans l'assassinat du militant algérien. « Le 11 juin 1957, pendant la Bataille d'Alger, Maurice Audin, mathématicien et communiste, âgé de 25 ans, est arrêté par les parachutistes du général Massu, devant sa famille, et a été torturé. Le jeune assistant à la faculté d'Alger n'en est jamais revenu, et l'armée française a fait disparaître son corps », avaient rappelé les signataires de la lettre ouverte adressée au Président Macron. Selon eux, tous ceux qui ont travaillé sur cette « affaire » ont établi que Maurice Audin avait été torturé et assassiné par l'armée française. Pour ces personnalités, le moment est venu pour « des actes forts sur cette période de l'Histoire », comme Emmanuel Macron l'avait promis. Et puis, il y a ce témoignage troublant de vérité en février dernier, qui est venu apporter une réponse claire et documentée, sur les recherches du lieu de l'enterrement de la dépouille du jeune militant algérien, effectuées par sa famille et les historiens algériens et français. Ce témoignage est celui d'un appelé du contingent français, qui pense avoir enterré le corps de Maurice Audin, et qui a relancé l'exigence de vérité sur ce crime. « Je crois que c'est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin », avait confié, au journal ‘L'Humanité' ce témoin, qui a voulu garder l'anonymat, en se tenant à la disposition de la famille Audin. Il a raconté que les événements se sont déroulés, dans une ferme à Fondouk (actuellement Khemis El-Khechna) où, dans une cabane fermée à clé, se trouvaient « deux cadavres enroulés dans des draps et cachés, sous la paille ». « J'ai d'abord l'impression de loin que ce sont des Africains. Ils sont tout noirs, comme du charbon », a-t-il précisé, faisant état des propos du soldat Gérard Garcet, désigné, plus tard, par ses supérieurs comme l'assassin de Maurice Audin, qui racontait « fièrement » avoir passé les deux victimes à la « lampe à souder » (...) pour éviter qu'on puisse les identifier ».
Depuis, plusieurs personnalités, intellectuels et associations réclament la vérité sur cet assassinat.
Dans le communiqué officiel de l'Elysée, et par rapport à la torture systématique utilisée par l'armée coloniale contre les militants et moudjahidine, le Président Macron a indiqué que les Français, aujourd'hui comme hier, « refusent d'être assimilés à ceux qui l'ont instituée et pratiquée ». Pour lui, la torture s'est instituée « sur un fondement légal » (les pouvoirs spéciaux) qui a donné lieu à un « terreau malheureux d'actes parfois terribles ». « Certes, la torture n'a pas cessé d'être un crime, au regard de la loi, mais elle s'est alors développée parce qu'elle restait impunie. Et elle restait impunie parce qu'elle était conçue comme une arme contre le FLN, qui avait lancé l'insurrection en 1954, mais aussi contre ceux qui étaient vus comme ses alliés, militants et partisans de l'Indépendance, une arme considérée comme légitime, dans cette guerre-là, en dépit de son illégalité », a-t-il dit, avant d'appeler à l'approfondissement du travail de vérité lié à la Guerre d'Algérie. « Il importe que cette histoire soit connue, qu'elle soit regardée avec courage et lucidité », a-t-il dit, par ailleurs, dans une déclaration remise à Josette Audin, veuve de Maurice, appelant à l'approfondissement du travail de vérité qui doit ouvrir la voie à une « meilleure » compréhension du passé français et à une volonté « nouvelle » de réconciliation des mémoires et des peuples français et algérien. « Il en va de l'apaisement et de la sérénité de ceux qu'elle a meurtris, dont elle a bouleversé les destins, tant en Algérie qu'en France », ajoute le président français, avant de souligner qu'une reconnaissance « ne guérira pas leurs maux ».
Pour le président français, « il restera, sans doute, de l'irréparable en chacun mais une reconnaissance doit pouvoir, symboliquement, délester ceux qui ploient, encore, sous le poids de ce passé ».
«Un pas positif louable»
« Il en va, enfin, du devoir de vérité qui incombe à la République française, laquelle, dans ce domaine comme dans d'autres, doit montrer la voie, car c'est par la vérité seule que la réconciliation est possible et il n'est pas de liberté, d'égalité et de fraternité sans exercice de vérité », a-t-il affirmé. Pour lui, la République ne saurait « minimiser, ni excuser » les crimes et atrocités commis durant ce conflit, et « cette reconnaissance vise, notamment, à encourager le travail historique, sur tous les disparus de la guerre d'Algérie». Macron a expliqué qu'une dérogation générale, dont les contours seront précisés par arrêtés ministériels, après identification des sources disponibles, « ouvrira à la libre consultation, tous les fonds d'archives de l'Etat qui concernent ce sujet ». Il a appelé, enfin, ceux qui auraient des documents ou des témoignages à livrer à « se tourner vers les Archives nationales pour participer à cet effort de vérité historique ». Pour le ministre algérien des Moudjahidine Tayeb Zitouni, « c'est un pas positif louable » que l'Etat français reconnaissance sa responsabilité dans la disparition et la torture, durant la Guerre de Libération nationale, de Maurice Audin. Il a précisé, en marge d'une séance, à l'APN, que les crimes de la colonisation française contre les Algériens « ne peuvent être niés que par un oublieux et un ignorant de l'Histoire », estimant que le geste du président français « est une preuve qu'il y aura, davantage, de reconnaissances ». Tayeb Zitouni a ajouté, par ailleurs, que les commissions en charge des dossiers de restitution des Archives nationales liées à la période coloniale et des crânes des résistants algériens exposés au Musée de l'Homme de Paris, ainsi que l'indemnisation des victimes des essais nucléaires au Sahara « sont, encore, à pied d'œuvre et leurs résultats seront connus prochainement ». La reconnaissance officielle des Autorités françaises de l'assassinat, après avoir été torturé, du militant algérien Maurice Audin « laissera une trace ineffaçable », a souligné de son côté Benjamin Stora. Dans une tribune publiée par «Le Monde», Stora a expliqué que la déclaration du Président Macron « fera pousser des cris, dans la droite extrême, de ceux qui diront qu'il s'agit là de -repentance-, et qu'il ne faut pas évoquer la face d'ombre du passé français ». « Pour l'immense masse de ceux qui ont vécu le temps de la colonisation, elle laissera une trace ineffaçable ».
Pour autant, Benjamin Stora estime que la déclaration du président français « n'est pas un verdict définitif, à propos de la Guerre d'Algérie »', car « elle dit des faits, déjà établis par les historiens, maintient ouverte la porte des controverses citoyennes pour sortir de la rumination du passé et des blessures mémorielles, encourage les acteurs et témoins à parler de leurs souffrances ». « Pour les historiens, elle recrée les outils d'un travail de mémoire jamais clos », a-t-il relevé, avant d'affirmer l'impérieuse « ouverture, des deux côtés de la Méditerranée, des Archives de la Guerre d'Algérie ». Cette déclaration (de Macron, Ndlr) est « une libération » pour la veuve Josette et ses enfants, écrit de son côté Sylvie Thénault, historienne et directrice de Recherche, au CNRS. Elle a expliqué, dans une autre tribune publiée, également, par ‘Le Monde' que « la vérité reste à établir n'empêche pas l'essentiel: Maurice Audin est mort du fait de militaires agissant dans un cadre d'exception qui, en tant que dispositif légal, implique les Autorités politiques. Aussi, de l'armée à Alger, la chaîne des responsabilités remonte à Paris. La généralisation est logique, obligatoire », a-t-elle écrit. « La reconnaissance des responsabilités de l'Etat pose la question, au regard des responsabilités individuelles, dans ces tortures et disparitions », ajoute-t-elle, relevant qu' « en l'absence de poursuite pénale, l'amnistie de 1962 les en protège, et il resterait, à chacun d'entre eux, de procéder à son examen de conscience ».


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