Le concerné, estime la défense, n'avait fait qu'exprimer des opinions en créant une page Facebook "Hirak mèmes" où il parodiait l'actualité dans le pays. Condamné début janvier en première instance à une peine de trois ans de prison ferme assortie d'une amende d'un montant de 500 000 Da, l'activiste et jeune étudiant sétifien de 25 ans, Walid Kechida, a quitté, hier, la prison après avoir écopé, en appel, d'une peine d'un an de prison dont six mois avec sursis et d'une amende de 30 000 DA. Il retrouve donc la liberté après avoir purgé la peine qui a été prononcée à son encontre et bien plus, puisqu'il aura séjourné neuf mois en prison, depuis son arrestation. Walid Kechida avait été défendu, à l'occasion du procès en appel qui a eu lieu le 24 janvier dernier, à la cour de Sétif, par une vingtaine d'avocats venus des quatre coins du pays, dont le bâtonnier de la circonscription de Sétif et président de l'Union nationale des avocats algériens, Me Ahmed Saï. Le jeune Kechida était poursuivi pour "atteinte à corps constitués", "outrage et offense au président de le République", "atteinte aux agents de la force publique dans l'exercice de leurs fonctions" et "atteinte aux préceptes de l'islam", conformément aux articles 144, 144 bis, 144 bis 2 et 146 du code pénal, a-t-on appris, hier, auprès du représentant du collectif de ses avocats, Me Fouad Betka, qui a confirmé la sortie de prison de Walid Kechida, hier en fin de journée. Walid Kechida a été placé sous mandat de dépôt le 27 avril passé par le juge d'instruction. Cette durée a été prolongée de quatre mois supplémentaires, le 24 août dernier. Le tribunal de Sétif a rejeté la demande de liberté provisoire du jeune militant qui a passé neuf mois en prison au centre de rééducation de Sétif. Rappelons que l'affaire a été rejugée dimanche 24 janvier dernier et le verdict prononcé dimanche a été mis en délibération après la demande du parquet près la cour de Sétif qui a demandé la confirmation de la peine de première instance, à savoir trois ans de prison ferme et 100 000 DA d'amende. Selon Me Betka Fouad, le collectif d'avocats s'attendait à voir leur client innocenté car, selon eux, il n'a fait qu'exprimer des opinions en créant une page Facebook "Hirak mèmes" où il publiait régulièrement des images détournées de façon humoristique pour exprimer ses opinions, à l'instar d'autres concitoyens jeunes et moins jeunes ayant fait de la moquerie et de la parodie un moyen de contestation. "Notre client n'a fait qu'exprimer ses opinions dans des affaires politiques et culturelles. Il a toujours exprimé ses opinions dans des affaires qu'il voyait contradictoires, et en aucun cas, il n'avait l'intention de porter atteinte au président de la République ou aux forces de l'ordre, et encore moins aux préceptes de la religion. Devant les juges, il a toujours dit être musulman". "Nous sommes, certes, soulagés, car notre client retrouvera sa famille et ses amis et sera libre, cependant, nous allons le conseiller quant à la suite de son affaire. Nous allons le rencontrer et voir avec lui. C'est lui seul qui décidera de faire appel ou pas, et ce, dans le respect des délais", nous dira le représentant du collectif des avocats, Me Fouad Betka. Il est à rappeler aussi que le collectif des avocats de la défense a, au sortir de l'audience qui s'est déroulée le 24 janvier passé, affiché sa satisfaction quant au déroulement du rejugement de l'affaire au niveau de la cour, tout en espérant que Walid Kechida sera innocenté. "Je remercie tous ceux qui m'ont soutenu" "Je tiens à beaucoup remercier le collectif d'avocats qui m'a défendu avec un grand professionnalisme, les médias qui ont été à mes côtés par leurs écrits, dont le journal Liberté, et les citoyens libres qui m'ont soutenu tout au long de mon incarcération depuis le 27 avril passé", a déclaré, hier, Walid Kechida, joint au téléphone, juste après sa libération du centre de rééducation de Sétif. FAOUZI SENOUSSAOUI