L'activiste s'est distingué depuis plusieurs années par son militantisme dans cette région, notamment à Mekhadema, où il menait le mouvement des chômeurs. Cette condamnation tendra-t-elle à le faire taire ? Le tribunal de première instance d'Ouargla a condamné, hier , le jeune activiste du mouvement populaire, Ameur Guerrache, à 7 ans de prison ferme. Lors du procès, le procureur de la République avait requis 10 ans d'emprisonnement contre l'accusé. Arrêté en juillet dernier pour ses activités au sein du mouvement populaire, le prévenu a aussitôt été placé en détention provisoire. Ameur Guerrache a fait face à plusieurs accusations, dont certaines sont liées au terrorisme. Ainsi, il est accusé d'abord d'"atteinte au président de la République" et d'"incitation à attroupement non armé", avant de voir son dossier s'alourdir d'accusations encore plus graves et qui relèvent, essentiellement, de la criminelle. En effet, le jeune militant est accusé d'"apologie d'actes terroristes", de "publication et de partage de publications faisant l'apologie du terrorisme" et de "publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national". De graves accusations contre lesquelles, le prévenu s'est défendu farouchement, selon ses proches, mais sans voir la justice fléchir. Contacté par Liberté, un de ses avocats a estimé que le dossier d'Ameur Guerrache "est vide". " La justice a agi dans ce sens, afin d'en finir avec un meneur, donc elle a frappé fort pour faire taire la voix de la contestation", a ajouté l'avocat qui a requis l'anonymat, car il n'est pas constitué officiellement dans le dossier. Notre interlocuteur a ajouté qu'Ameur Guerrache "n'a rien à voir avec l'activité terroriste" et que " son dossier a été politisé" afin "de justifier cette lourde sentence". "Des dossiers qui contiennent des preuves tangibles sur la corruption et des faits criminels ont été gérés d'une manière souple, contrairement à ce dossier qui ne mérite pas autant d'acharnement", a-t-il ajouté, estimant que "le prévenu est un jeune gagné par la ferveur du changement comme tant d'autres jeunes Algériens. D'ailleurs, tout son combat se résume au développement et à la justice sociale". Pour rappel, Ameur Guerrache s'est distingué depuis plusieurs années par son militantisme dans cette région, notamment à Mekhadema, où il menait le mouvement des chômeurs. Un mouvement qui a défrayé la chronique pendant plusieurs années au sud du pays. Ameur Guerrache dénonçait, tout comme les autres militants de la région, leur exclusion des plans de développement. Selon ses proches, un appel du verdict sera introduit à la cour d'appel d'Ouargla. À noter que le ministère de la Justice a fait état, avant-hier, dans un communiqué, de l'élargissement de 59 détenus jusqu'à jeudi dernier dans le cadre de la grâce présidentielle décrétée par le président de la République, le 18 février courant. " En application des mesures prises par le président de la République à l'occasion de la Journée du chahid et du 2e anniversaire du Hirak, authentique béni, le nombre des détenus élargis jusqu'au 25 février 2021 a atteint 59, et ce, après parachèvement de la procédure", a précisé le communiqué. Ce nombre, a ajouté le ministère, "correspond à celui annoncé par le président de la République, le 18 février 2021, en faisant état de la libération de 55 à 60 détenus". Le ministère de la Justice avait annoncé, le 19 février passé, l'élargissement dans le cadre des mesures de grâce décidées par le président de la République de 33 détenus entre condamnés et non condamnés définitivement à des peines de prison ferme pour des actes liés à l'utilisation des réseaux sociaux ou commis lors de rassemblements. Toutefois, les avocats, des activistes du mouvement populaire et des militants font état de la présence d'une trentaine de détenus dans les prisons.