Hier, pour le troisième jour consécutif, des centaines de travailleurs de l'éducation nationale ont organisé un sit-in devant la direction de la wilaya d'Oran pour dénoncer la précarisation de leurs conditions socioprofessionnelles et exiger des mesures d'amélioration. "Nos revendications ne sont pas exagérées et sont légitimes. Nous voulons juste pouvoir accomplir notre mission dans la dignité", ont-ils encore rappelé. Brandissant des pancartes traduisant tout leur désarroi des travailleurs de l'éducation ("J'ai accompli mon devoir, versez-moi mon salaire", "Hagrouna", "Vacataire sans salaire", "Payez-nous", "Oui à la retraite anticipée"...), les manifestants ont scandé des slogans fustigeant "l'inutilité" d'une direction locale incapable de prendre des décisions et appelant les hautes autorités à intervenir pour réhabiliter l'enseignant, notamment à travers l'amélioration d'un pouvoir d'achat gravement érodé, la refonte du système éducatif, la restauration du statut de l'éducateur et la préservation de sa dignité. Soit toutes les revendications non satisfaites défendues ces dernières années par la famille de l'éducation nationale. Les travailleurs de l'éducation maintiennent ainsi la pression alors même que la direction de tutelle avait annoncé la mise en place de plusieurs mesures, deux jours après le début de ce que les grévistes qualifient de "révolte de la dignité". Ces décisions qui concernent le versement des salaires en retard le dimanche 18 avril, la fixation de la date du 8 de chaque mois comme journée de virement des rémunérations et le versement, hier 20 avril, des reliquats de salaires des mois de janvier, février et mars aux nouveaux employés, n'ont pas entamé la détermination des protestataires à poursuivre leur débrayage jusqu'à la satisfaction entière de leurs revendications. "Ces décisions, qui auraient dû être prises il y a plusieurs années sans que l'on soit obligés d'investir la rue, ne constituent pas une faveur, ce sont nos droits les plus élémentaires", ont estimé les enseignants, pour lesquels le secteur de l'éducation appelle une véritable révolution tant le mal qui le ronge est profond. "Je suis dans l'enseignement depuis le milieu des années 1990 et je considère que notre image s'est détériorée tout autant que notre situation socioprofessionnelle. C'est pour cela que je suis aujourd'hui en grève", a déclaré un instituteur en adjurant les hauts responsables de se pencher sérieusement sur le secteur. En tout état de cause, les "concessions" de l'administration (qui a dépêché lundi une commission du ministère de l'Education nationale pour dialoguer avec des syndicats) n'ont pas réussi à calmer la colère des grévistes qui promettent de ne pas lâcher prise.