L'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea) déplore l'absence de plan de charge pour les entreprises locales, ainsi que les retards de paiement des situations des années 2018 à 2020. Fragilisé par la baisse de la commande publique, le secteur du bâtiment, travaux publics et hydraulique (BTPH) n'a pas résisté à la crise sanitaire. Des centaines d'entreprises sont mises à mal. 1 500 sociétés, membres de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), ont cessé ou changé d'activité. C'est ce qu'a révélé, hier, le président de l'Agea, Mouloud Kheloufi, lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'association à Bab Ezzouar (Alger). L'association patronale qui a tenu, la semaine dernière, son assemblée générale ordinaire, après avoir procédé, depuis le mois d'avril 2019, à la fermeture de l'ensemble de ses structures en raison des décisions prises par les pouvoirs publics pour faire face à la pandémie de Covid-19 et limiter sa propagation, a mis en place deux commissions. La première est chargée de faire un état des lieux de la situation des entreprises du BTPH. La deuxième devrait établir un plan de charge de l'année 2022. Dans une lettre adressée au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, l'organisation patronale tire la sonnette d'alarme. L'Agea évoque la fermeture de 780 entreprises, "faute de plan de charge et de non-signature des différents avenants, ainsi que les différents retards de paiement des situations des années 2018-2020". Le président de l'organisation patronale a indiqué que son organisation comptait 1 700 membres en 2018. Le nombre d'entreprises adhérentes est tombé à 960 en 2019. L'année en cours, seules 25 entreprises se sont acquittées de leur cotisation. Mouloud Kheloufi fait état du licenciement de 250 000 ouvriers. Cette situation inquiète le président de l'Agea qui regrette l'absence de mesures fortes en faveur des entreprises privées. "Le ministre des Finances n'a rien proposé aux entreprises privées", soutient-il. Selon lui, les mesures bancaires, fiscales et parafiscales décidées par les pouvoirs publics pour accompagner les entreprises impactées par la crise sanitaire de la Covid-19 n'ont pas été appliquées sur le terrain au niveau local. Si les banques ont consenti à rééchelonner les dettes des entreprises en difficulté, elles leur ont refusé l'accès à de nouveaux crédits. Mouloud Kheloufi a signalé, également, le refus de la Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (Casnos) de remettre aux entreprises l'attestation de mise à jour. Pour le premier responsable de l'Agea, "seul le Président est en mesure de faire quelque chose pour la relance des entreprises". Relevant l'absence de dialogue, Mouloud Kheloufi, affirme que "la situation est devenue ingérable". Du coup, l'organisation patronale demande, en urgence, l'installation d'un observatoire national pour les entreprises algériennes, rattaché au président de la République. L'organisation plaide, également, pour l'annulation pure et simple de la short-list des entreprises accédant aux projets et de revenir au code des marchés publics, avec la préférence de 25% pour les entreprises locales. L'Agea est convaincue que "l'annulation de la short-list, qui a vu ses limites, permettrait aux entreprises algériennes de bénéficier des marchés publics et, par conséquent, d'assurer leur survie, vu la situation actuelle du pays". Mouloud Kheloufi insiste enfin sur la nécessité d'assainir la situation des entreprises ayant des contentieux avec les services des ministères des Finances et du Travail.