Endettée auprès de Sonelgaz, l'Algérienne des eaux (ADE) de Sétif n'arrive pas, elle non plus, à se faire payer par ses clients. Elle détient une dette qui a atteint plus de 120 milliards de centimes, dont 35 milliards auprès des collectivités locales (APC). C'est en pleine pandémie du variant Delta du nouveau coronavirus que la direction de distribution de l'électricité et du gaz de Sétif a décidé de couper l'électricité pour plusieurs centres de distribution de l'eau relevant de l'unité (ADE) de Sétif. Selon certaines indiscrétions de l'ADE de Sétif, les centres de Sétif, d'El-Eulma, de Bougâa, d'Aïn Azel, d'Aïn El-Kebira et de Bir Hadada sont, depuis la fin de la semaine écoulée, privés d'électricité, ce qui, par ricochet, privera les citoyens de la distribution de l'eau. Une situation inconfortable qui mettra sans nul doute dans la gêne les responsables de l'Algérienne des eaux, sommés de gérer avec les moyens du bord un service aussi sensible et crucial, surtout en période estivale où la demande sur l'eau ne cesse d'augmenter. Selon un ingénieur que nous avons contacté, devant le déficit structurel constaté, la non-libération des prix du service de gestion et de distribution du liquide précieux et les pertes générées par la tarification, les créances s'accumulent telle une boule de neige. "Nous dépensons de l'argent pour distribuer l'eau. Du traitement au paiement des salaires de nos employés, en passant par l'achat de produits utilisés pour le traitement, ainsi que la maintenance et l'entretien, ainsi que le changement de pièces et d'équipements et les produits chimiques utilisés pour le traitement de l'eau, nous n'arrivons pas à joindre les deux bouts, car cela fait plusieurs mois qu'à cause de la pandémie nous ne coupons pas l'eau à nos clients", nous dira un employé du centre de distribution de l'ADE de Bougâa. Il est à noter que les créances de l'ADE de Sétif auprès de ses clients ont atteint plus de 120 milliards de centimes, dont 35 pour les APC. Pour connaître davantage ce qui se passe entre l'ADE et la concession de wilaya de distribution de l'électricité et du gaz, nous avons essayé de contacter les deux responsables, en vain. Mais des sources au sein d'autres unités ADE dans d'autres wilayas de l'Est affirment avoir reçu des mises en demeure pour le paiement de leurs dus, sans toutefois enregistrer de coupure d'électricité. Du moins, pour le moment. Une correspondance émanant de la direction générale de l'Algérienne des eaux en date du 27 mai passé, adressée aux directions de zone et aux directeurs des différentes unités, indique dans son contenu que le ministère des Finances a demandé de lui transmettre les factures afférentes aux dettes Sonelgaz, dont le montant global arrêté au 31 décembre 2020. Une éventuelle prise en charge de ce dossier par les services du Premier ministère serait à l'ordre du jour. Il est à rappeler aussi qu'une instruction du Premier ministre en date du 8 avril 2021 a rappelé à tous les membres du gouvernement et en communication aux walis que la situation particulière que traverse le pays, à l'instar de tous les pays du monde, caractérisée par la crise sanitaire induite par la propagation de la pandémie de coronavirus (Covid-19) et ses conséquences multidimensionnelles, particulièrement aux plans économique et social, et qui a fortement impacté de larges couches de la population, nécessite la prise en charge de toutes les mesures nécessaires à l'effet d'assurer la continuité des services essentiels aux citoyens et, du coup, de garantir leurs besoins vitaux. Le Premier ministre a par ailleurs indiqué clairement que toute décision portant sur ces mesures liées à la continuité des services publics essentiels relèvera désormais du ressort des ministères responsables des établissements de la gestion des services publics. L'on s'interroge par ailleurs pourquoi Sonelgaz de Sétif a procédé à ces coupures qui menaceraient la distribution de l'eau, car les centres qui n'ont plus d'électricité ne pourront plus encaisser les montants des factures des clients et, du coup, n'auront aucune rentrée d'argent pour gérer les affaires courantes, d'où la paralysie de toutes les activités. FAOUZI SENOUSSAOUI