L'APN participe en Afrique du Sud aux travaux du PAP    SITEV: des plateformes numériques algériennes misent sur la technologie pour attirer les touristes et promouvoir leurs services    APN: le ministre de la Justice présente le projet de loi sur la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme    Transports : Sayoud examine avec l'ambassadeur du Qatar les moyens de renforcer la coopération    Palestine: des dizaines de colons sionistes prennent d'assaut l'esplanade d'Al-Aqsa    Le programme météorologique européen "Copernicus" sépare sur sa cartographie le Sahara occidental du Maroc    Karaté do/Equipes nationales: organisation prochaine de stages régionaux pour les athlètes d'élite (DEN)    Championnat national d'haltérophilie (4e j): 13 records battus en cadets et cadettes et seniors filles à Oran    El-Meniaa: vers la création d'une ferme pilote pour la formation professionnelle    Mouloudji préside une réunion de coordination sur l'allocation spéciale de scolarité    Oran: Rebiga préside l'ouverture d'un Colloque national intitulé «Une mémoire impérissable et un peuple invincible»    Festival culturel international de danse populaire: l'exposition de produits artisanaux séduit les troupes étrangères    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 58026 martyrs    Des pluies orageuses dimanche après-midi sur trois wilayas du Sud du pays    Le film "Dounia" présenté en avant-première à Alger    Les choses sérieuses commencent...    Djokovic éliminé, nouvelle finale Alcaraz-Sinner    Karaté Do/Championnat national: large domination du MC Alger    Un fleuron de l'Algérie indépendante    La Guerre mondiale est bien lancée...    Clôture du Festival de la femme sahraouie    Deux navires à destination de la Palestine occupée, le Magic Seas et Eternity C, coulés    Face à la profonde restructuration de cette filière, au niveau mondial, quelles perspectives pour l'industrie de voitures en Afrique ?    La communication au sein de l'association    Une plateforme numérique dédiée aux sites historiques    Ali D (FOREALID) et Moundjed Wali unissent leurs talents pour porter la musique algérienne vers la scène internationale    Saison estivale: arrivée du premier groupe d'enfants de la communauté nationale à l'étranger à Alger    Chaib et Hidaoui participent à une rencontre virtuelle au profit des jeunes de la communauté nationale à l'étranger    Le Premier ministre visite les pavillons de plusieurs pays frères et amis    Sedjati 3e au 800 m, Moula 6e    Nécessité de veiller au strict respect des mesures de prévention face à la hausse des températures    Les dattes primeurs entre abondance de l'offre et chute des prix    Sortie de promotions de l'Académie militaire de Cherchell    Le rôle du documentaire historique dans la dénonciation des crimes coloniaux souligné    Confiance totale en nos capacités et en nos ressources    A peine installée, la commission d'enquête à pied d'œuvre    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



À Fanon, in memoriam
CONTRIBUTION
Publié dans Liberté le 23 - 12 - 2021


Par : Mourad YELLÈS
UNIVERSITAIRE
"Non, nous ne voulons rattraper personne. Mais nous voulons marcher tout le temps, la nuit et le jour, en compagnie de l'homme, de tous les hommes." ("Les Damnés de la terre")
Il y a quelques jours à peine, les humiliés, les exploités mais aussi les "indignés", les révoltés, tous les hommes et les femmes "de bonne volonté" qui peuplent cette planète nôtre ont célébré le soixantième anniversaire de la mort d'un homme exceptionnel à maints égards.
Une figure dont le parcours, l'œuvre et l'aura demeurent aujourd'hui encore, et peut-être même plus qu'hier, exemplaires et inspirants. En effet, le 6 décembre 1961, disparaissait le psychiatre, l'intellectuel, le poète, le militant révolutionnaire dont l'Algérie a l'honneur de partager la mémoire avec sa Martinique natale. On l'aura compris, il s'agit ici de Frantz Fanon.
Déjà soixante ans que la maladie l'emportait à la veille de l'indépendance d'un pays dont il avait fait sa deuxième patrie. Pour lequel il s'était engagé corps et âme.
Même si l'actualité nationale et internationale est actuellement très chargée, on se serait tout de même attendu à ce qu'en cette date-anniversaire les autorités algériennes organisent un programme de commémorations digne de ce nom – comme cela a été le cas, de manière tout à fait légitime, pour d'autres figures du panthéon national et dans différents domaines.
En tout état de cause, on ne peut que relever avec tristesse que, de l'autre côté de la Méditerranée, la Mairie de Paris a jugé important d'organiser un hommage "au psychiatre et écrivain de renommée mondiale, militant anticolonialiste, penseur à l'origine de thèses émancipatrices". La presse française rapporte que cet événement a été marqué par un dépôt de gerbes et des prises de parole.
Parmi lesquelles celle de Jacques Martial, conseiller de la Ville de Paris en charge des Outre-mer, qui a déclaré : "Nous devons conserver l'héritage de Frantz Fanon. La pensée qui l'a animé est une pensée d'émancipation, de libération des peuples, une pensée antiraciste, une pensée qui s'oppose à l'avilissement des être humains. Il a prôné la liberté des peuples à se prononcer pour leur devenir."
Si l'on garde en mémoire les événements dramatiques et souvent violents qui se sont produits récemment sur le territoire des Antilles "françaises" et la manière dont les autorités y ont répondu, quelle que soit par ailleurs la pureté des intentions de leurs auteurs, il est clair que de telles déclarations ne peuvent manquer de susciter des interrogations, voire de sérieuses réserves... Reste néanmoins la symbolique. Qu'on le veuille ou pas, elle a été respectée. Qu'en est-il chez nous ?
De fait, depuis le grand symposium de 1987 à Riad El-Feth, plus rien ne semble mériter que l'on évoque la vie et l'œuvre de Frantz-Omar Fanon dans sa patrie d'adoption. Mis à part quelques rares publications ou évocations, plus rien de conséquent, d'important à l'échelle nationale. Surtout plus rien qui apporte la preuve que, par-delà la beauté des slogans, le vide des formules, la pensée fanonienne fait toujours partie de nous. De notre histoire et de notre devenir. Mais où est donc passé Fanon ? Où sont passées les traces de son combat, de son sacrifice ? Mais aussi de sa parole, de sa réflexion critique, de ses utopies fraternelles ? Son nom même résonne-t-il encore pour nos enfants ? Que peuvent-ils apprendre aujourd'hui des lumières de sa pensée ?
Un panneau au fronton d'un lycée ou d'un hôpital suffit-il à perpétuer le souvenir d'un géant ? De fait, on dirait que plus le temps passe et plus Fanon s'éloigne de nous. Ou, plus exactement, plus nous perdons Fanon. Mais en le perdant, d'une certaine façon, c'est aussi une part essentielle de nous, de notre être collectif, de nos espérances communes, que nous perdons. Triste constat.
En apparence, du moins. Car l'expérience nous a appris que l'histoire n'est jamais finie et que les peuples quels qu'il soient, même les plus avilis, même les plus asservis, recèlent des énergies libératrices inépuisables, insoupçonnées. Non.
Fanon ne cessera jamais d'habiter nos mémoires et celles de tous les Damnés de la terre. Sa grande ombre nous rappellera toujours les véritables enjeux des luttes d'hier.
Mais aussi et surtout d'aujourd'hui et de demain : "Allons, camarades, il vaut mieux décider dès maintenant de changer de bord. La grande nuit dans laquelle nous fûmes plongés, il nous faut la secouer et en sortir. Le jour nouveau qui déjà se lève doit nous trouver fermes, avisés et résolus." Salut et respect jusqu'à la fin des temps, camarade Fanon !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.