Résumé : Pour se détendre, le jeune couple sort pour se promener à travers les dédales de l'antique Cirta. Mordjana est subjuguée. Elle va de découverte en découverte, et Samir l'encourage à faire du shopping. Le soir, ils s'attablent au restaurant pour dîner. La jeune femme, qui a des remords, présente à son mari des excuses pour la scène du matin. Elle se met à rire. - Bien. Alors, que veux-tu manger ce soir ? - La même chose que toi. Elle jette un coup d'œil au menu avant de lancer : - Tu avais amplement raison de penser que j'allais abandonner mon régime devant cette liste de mets qu'on nous propose. Tout me paraît si succulent. Hum... j'opterai pour un hors-d'œuvre et un plat de poulet en sauce. Ils commandent les plats, puis un dessert et un café. Le restaurant grouille de monde. Des couples dînent en discutant. Une équipe sportive en déplacement dans la ville commente les compétitions du jour, alors que des morceaux de musique classique sont diffusés par des haut-parleurs encastrés dans les murs. Mordjana se détend. Elle sirote son café, alors que Samir épluche une orange. - Tu n'aimerais pas qu'on passe deux ou trois jours dans cette ville, Mordjana ? Où devrons-nous reprendre la route dès demain ? Elle dépose sa tasse. - Moi, j'opterais pour un petit séjour dans cette ville. Je suis certaine qu'il y a encore des lieux féeriques à découvrir. - Sans aucun doute. Je connais la cité depuis des années. J'ai eu même à y séjourner pour préparer ma thèse de fin d'études. - Alors, fais-moi encore découvrir les merveilles cachées en son sein. Ma curiosité est piquée à vif. Je me sens si ignorante de la culture de notre pays que cela me frustre. - Ce n'est rien. N'est-on pas en train d'y remédier ? Désormais, nous allons voyager autant de fois que cela nous sera possible. Tu vas voir que les voyages détendent et instruisent. C'est ce que j'appellerai joindre l'utile à l'agréable. Elle se remet à siroter son café, tout en jetant un coup d'œil autour d'elle. Un couple et deux enfants dînent à la table mitoyenne. Mordjana sent encore une fois son cœur se serrer. Elle et Samir auraient pu se faire aussi accompagner par leur enfant. Au lieu de cela, ils dînent en solitaires, comme un vieux couple. Elle passe une main sur son visage comme pour chasser cette vague de mélancolie. Il remarque son geste et demande : - Tu es fatiguée, ma chérie ? - Oui. La journée a été très agréable, mais longue et fatigante. Je ne suis pas habituée à voyager. - Ce n'est rien. Nous allons monter dans notre chambre, et tu pourras te reposer. Deux jours passent. Mordjana n'a jamais vécu des journées aussi riches et instructives. Samir lui a fait découvrir d'autres quartiers de la ville. Ils ont pris des photos, acheté d'autres souvenirs et se sont longuement promenés dans les ruelles et les boulevards les plus en vue. Alors qu'ils passent devant un hammam, Mordjana serre la main de son mari. - J'aimerais prendre un bain, Samir. Cela fait des années que je n'ai pas mis les pieds dans un hammam. - Je n'y voix aucun inconvénient, ma chérie. Tu peux t'y rendre aujourd'hui même si cela te chante. Elle jette un coup d'œil à sa montre et constate qu'elle a encore du temps devant elle avant la tombée de la nuit. - Rentrons à l'hôtel. Je vais prendre quelques affaires, ensuite tu me déposeras devant ce hammam et tu reviendras me récupérer une heure plus tard. Chose dite, chose faite. La jeune femme retrouve son enthousiasme et prend un long bain chaud qui la détend et la débarrasse de ses mauvaises pensées. Elle prend plaisir à s'occuper enfin de son corps et de son apparence. En ressortant de la salle à vapeur, elle se heurte à une vieille femme. - Oh ! Désolée. Excusez-moi. Vous ai-je fait mal ? La femme remet son foulard en place et ébauche un sourire. - Ce n'est rien, ma fille. Nous sommes toutes un peu lasses après un bain chaud. Vous devriez vous asseoir un moment afin de récupérer. - C'était bien mon intention. Vous aussi, chère dame, dit-elle en prenant place sur un banc. La vieille femme vient s'asseoir auprès d'elle. - Moi, j'ai pris mon bain voici plus d'une heure. Je n'attends plus que ma belle-fille pour rentrer à la maison. Mordjana sourit. - Vous avez accompagné votre belle-fille au hammam ? - Comme à chaque fois qu'elle en émet le désir. - Vous êtes exceptionnelle. De nos jours, les belles-mères ne se soucient plus de leurs belles-filles. - C'est la même chose pour les belles-filles. Vous avez une belle-mère ? - Oui. - Vous auriez dû lui proposer de vous accompagner. Peut-être qu'elle n'attendait qu'un petit geste de votre part. - Peut-être, mais telle que je la connais, ma belle-mère refuserait. - Pourquoi anticiper sur les événements ? Avez-vous déjà essayé ? Mordjana fait la moue. - Moi, je ne suis pas la bienvenue dans ma belle-famille. Je suis... (elle pousse un soupir) je suis l'indésirable. L'intruse et la stérile.
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