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"L'Algérie ne pouvait rester sans réagir"
HASNI ABIDI, DIRECTEUR DU CENTRE D'ETUDES ET DE RECHERCHE MEDITERRANEEN À GENÈVE
Publié dans Liberté le 21 - 03 - 2022

Le rappel de son ambassadeur à Madrid, au lendemain de la décision espagnole de soutenir le plan de l'autonomie marocain, "est une réponse directe et franche. Elle signifie la mauvaise humeur d'Alger. Elle signifie aussi que les relations bilatérales entrent dans une zone de turbulences", analyse Hasni Abidi.
Liberté : Quelles sont les raisons, selon vous, du "revirement" de l'Espagne sur la question du Sahara occidental ?
Hasni Abidi : C'est une décision qui est loin d'être prise à la légère. Elle est mûrement réfléchie par les autorités espagnoles qui ont dû peser le pour et le contre avant de prendre une telle décision importante dans leurs rapports avec le Maroc mais aussi l'Algérie. Il se trouve aujourd'hui que la balance est en faveur du Maroc, pour plusieurs raisons. La première est que l'Espagne ne voulait surtout pas revivre l'épisode d'avril 2021, avec l'arrivée massive des migrants venus du Maroc et utilisés par Rabat comme un levier de pression sur l'Espagne. Le deuxième élément est lié à l'évolution de la situation dans la région, marquée par des changements importants, en faveur du Maroc, et en rupture avec le statu quo prédominant jusqu'ici. L'Espagne, dans ce contexte, ne pouvait qu'opter pour un alignement sur la solution marocaine, emboitant le pas donc aux Etats-Unis et à plusieurs monarchies du Golfe. Le troisième élément est bien entendu lié aux tractations précédentes sur le gaz algérien. Madrid n'était pas favorable à l'arrêt du gazoduc algérien qui traverse le Maroc, considérant que cela allait réduire drastiquement le flux gazier venant de l'Algérie.
Quelles conséquences aura ce nouveau positionnement espagnol sur le dossier sahraoui ?
Les conséquences seront directes, d'abord sur le plan interne à l'Espagne. Le gouvernement actuel est mis sous pression. Il faut rappeler qu'il y a une partie de la société espagnole (société civile et partis politiques représentés au Parlement) qui considère que la solution au conflit entre le Maroc et le Sahara occidental passe par la décolonisation, une option dictée par les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, rejetant donc la voie marocaine plaidant pour une autonomie des territoires sous souveraineté marocaine. Deuxième conséquence : l'Algérie craint que son soutien à l'autonomie fasse tache d'huile et provoque une série d'approbation et de reconnaissance de la part d'autres pays européens et non européens qui vont plutôt s'aligner sur l'approche marocaine. De son côté, Alger peut être amenée à prendre des mesures de rétorsion contre l'Espagne, avec comme première décision la réduction des volumes d'échanges notamment en matière de gaz naturel.
Peut-on dire que Rabat compte désormais un nouvel allié diplomatique s'agissant de la question sahraouie ?
Clairement. Le Maroc a gagné une partie importante de sa bataille pour faire aboutir son initiative d'autonomie. Rabat vient de gagner également un allié de taille, membre de l'UE et membre de l'Otan qui va sans doute créer une fissure au sein de l'Union européenne jusque-là alignée sur une résolution du conflit sous l'égide de l'ONU. L'Espagne pourra bien plaider en faveur de la mobilisation d'autres Etats en faveur de l'approche marocaine. Il faut rappeler que le revirement de la position espagnole a valeur d'un changement historique d'autant plus que le pays ibérique était responsable de la question du Sahara occidental et était considéré jusque-là comme un pays clé dans la recherche d'une solution au conflit dans la région.
Alger a rappelé son ambassadeur à Madrid. Comment appréciez-vous cela ? Est-ce le début d'une crise entre les deux pays ?
L'Algérie ne pouvait rester sans réagir. Le rappel de son ambassadeur à Madrid est une réponse directe et franche. Elle signifie la mauvaise humeur d'Alger. Elle signifie aussi que les relations bilatérales entrent dans une zone de turbulences qui n'est pas loin de rappeler l'épisode malheureux des relations entre Alger et Paris.
En même temps, l'Algérie doit aussi manœuvrer avec beaucoup de mesure dans sa réaction et montrer qu'elle reste un fournisseur en gaz stable et fiable et que la question de l'exportation du gaz n'obéit pas à des mauvaises humeurs passagères des autorités algériennes pour rassurer ses clients en continuant de promouvoir l'image d'un pays crédible sur les marchés internationaux dans une conjoncture mondiale crisogène et très difficile.
Après les accords d'Abraham, la reconnaissance des Etats-Unis de la souveraineté marocaine du Sahara et la normalisation avec Israël, une nouvelle carte géopolitique semble se dessiner dans la région. Quels sont ses contours ?
La reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par l'ancienne administration du président Donald Trump est un tournant dans la politique étrangère américaine. Elle a valeur aussi d'une position internationale dans la mesure où plusieurs Etats réfléchissent à emboîter le pas aux Américains bien que l'administration Biden reste évasive sur cette question. Le rapprochement, en tout cas, entre le Maroc et Israël, bien qu'il gêne un peu l'Espagne qui verra d'un mauvais œil la construction d'une base israélienne pas loin des deux enclaves Ceuta et Mililia, confère à Rabat la stature d'une puissance montante dans la région, en bénéficiant de relations privilégiées avec Tel-Aviv et Washington. Ce qui risque, en définitive, d'isoler davantage Alger qui sera obligée de chercher de nouvelles alliances pour ne pas subir ces nouvelles orientations étrangères payantes du Maroc qui compte aussi le soutien, à sa position, des monarchies du Golfe.

Entretien réalisé parr : KARIM BENAMAR


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