Le Doyen a, encore une fois, été victime des siens. Le Mouloudia d'Alger a payé cash la situation conflictuelle dans laquelle il se trouvait à la veille de son match aller des quarts de finale de la Ligue des champions arabe. L'addition a été, en effet, très salée ; une lourde et humiliante défaite (3 à 1) à domicile devant un rival égyptien, représenté par la toute nouvelle équipe d'Ennpi qui fait ses débuts parmi l'élite de son pays (promue en 2001) et qui participe pour la première fois à une compétition internationale. Une défaite à travers laquelle le MC Alger peut, désormais, dire adieu à cette épreuve arabe, en attendant les autres conséquences du cauchemar. Car il faut un miracle aux Vert et Rouge pour surmonter leur retard au niveau du score pour le match retour qui se jouera au mois de février prochain au Caire. En dépit d'un bon début de match du côté algérien, primé par un but à la 7' de Hadjadj, le Mouloudia d'Alger, qui s'est montré très affecté par la lourde pression qui pesait sur lui, n'a pas pu faire le poids devant une coriace équipe égyptienne qui a su tirer profit de la mauvaise situation de son adversaire. La volonté des joueurs n'a pas suffi, en effet, pour surpasser cette épreuve et offrir à son nombreux public, venu massivement malgré les tracts du boycott, la victoire qu'on lui a promise. Car une minute seulement après l'ouverture du score, l'Ennpi égalise par Mohamed Younès qui profitera d'une grosse erreur de la défense mouloudéenne et ira battre facilement le gardien Abdouni. Nouzaret : “Le MCA mérite d'autres dirigeants” “Le football est cruel. Mon équipe a fourni un match correct. Les joueurs étaient très motivés pour gagner. Mais nous avons fait beaucoup d'erreurs en défense qu'on a payées très cher”, regrette Nouzaret à la fin de la rencontre. Et d'ajouter : “Je pense qu'on a fait ce qu'il fallait en début de match. Nous avons ouvert le score au bon moment. Mais je pense qu'ensuite, nous sommes allés un peu trop vite en attaque et avons oublié de défendre. Et c'est ce qui nous a coûté l'égalisation sur une balle arrêtée. En second mi-temps, la sortie de Hamadou a perturbé notre dispositif en défense. Nous avons connu un quart d'heure de folie duquel l'adversaire en a profité pour ajouter deux buts.” Le second but signé Amrou Zaki (72'), avant que Majdi Abdelatif n'enfonce le clou à la 77' et signe la défaite du Doyen. Une défaite qui restera, et pour longtemps, dans la conscience des joueurs, des dirigeants et de Robert Nouzaret, car tout le monde est responsable d'avoir entraîné le Mouloudia d'Alger dans cette cruelle situation. Le technicien français, lui, tente de se défendre en affirmant : “Je n'ai rien préparé. C'est l'accumulation de beaucoup de choses négatives dans ce club qui ont fini par exploser. Je ne pouvais pas me contenter de faire un boulot à moitié. Je ne pouvais non plus pas continuer à cautionner des trucs qu'il ne fallait pas dans un club. Je ne vois, en tout cas, pas l'intérêt de provoquer une telle situation.” Interrogé sur son avenir au sein du club du Doyen, Nouzaret rétorque : “Je sais pertinemment que mes jours sont comptés. Si l'intérêt du MCA exige mon départ, je le ferai. Le Mouloudia mérite peut-être un autre entraîneur bien meilleur que moi, mais ce club mérite, et c'est une réalité, d'autres dirigeants aussi.” Il précise, cependant, : “Je ne démissionnerai pas. Et ce n'est pas à moi d'écrire la lettre de licenciement. Donc, en attendant, je ne me fais pas de soucis. J'ai un travail que je dois continue.” Actes de vandalisme La défaite du MCA a été suivie, comme il fallait s'y attendre, d'actes de vandalisme. En effet, bien avant le coup de sifflet final, voyant que le Mouloudia ne pouvait plus revenir dans le match, les supporters du MCA ont commencé à casser tout sur leur passage. Des milliers de sièges ont été détruits et bien d'autres accessoires faits justement pour assurer un certain confort aux fans. Même la tribune de presse n'a pas échappé à la colère des supporters qui ont brisé les vitres des pupitres. Un décor pitoyable fait de casse et de sabotage d'un joyau refait, pourtant, à neuf à l'occasion des jeux Panarabes. Il aura fallu l'intervention musclée des services de sécurité pour mettre fin au saccage. Les supporters ont, du reste, été obligés de quitter le stade bien avant le coup de sifflet final. Attristé par un spectacle si désolant, le directeur du complexe olympique, M. Zeroual, avait du mal à contenir sa colère à la fin de la rencontre et parle de dégâts énormes se chiffrant en millions de dinars. M. Zeroual nous a annoncé qu'un rapport complet sera envoyé aux autorités pour prendre les mesures qui s'imposent. Il faut dire que ce n'est pas la première fois que les supporters du Mouloudia affichent un tel comportement de hooligans cette saison contre l'USMA et le CRB, ils avaient aussi commis des actes de vandalisme sans que personne lève le petit doigt pour dénoncer ou encore sanctionner le club. La commission de discipline de la LNF, qui s'est montrée intransigeante devant les actes de violence dans d'autres stades du pays, a préféré fermer les yeux pour des raisons suspectes. Aujourd'hui, la LNF est aussi responsable des actes qui se sont produits lundi soir au 5-Juillet par son inertie. Ces images que vous n'avez pas vues ! Il y a des images comme ça qui vous laissent figé, perplexe, à ne rien comprendre, au moment où le Mouloudia d'Alger s'apprêtait à défendre ses couleurs dans cette Coupe arabe face aux Egyptiens d'ENNPI. Des images désolantes d'une équipe en pleine dislocation dont les joueurs et les dirigeants se sont donné en spectacle devant les yeux des supporters qui ne savaient plus à quel saint se vouer. Des scènes surtout qui ont précipité la chute du MCA dans ce match et exacerbé la colère des fans, venus pourtant nombreux assister au sursaut d'orgueil promis la veille par les joueurs. Jugez-en : bien avant le coup d'envoi du match, alors que le moment était plus à la concentration de l'équipe pour ce rendez-vous de la rédemption, suite à une série de faux pas, le gardien Abdouni et le stratège Badji alimentent la tension. Dans les vestiaires, les deux joueurs en arrivent presque aux mains pour une histoire de prise de position dans le conflit entre les membres de l'équipe et la direction du club. Abdouni reprocha, en effet, à Badji de n'avoir pas soutenu ses coéquipiers contre la direction du MCA, ce que Fayçal réfuta, rétorquant que nul n'avait le droit de lui dicter sa ligne de conduite. À ce titre, des indiscrétions révèlent, du reste, que Badji a perdu sa place de titulaire en raison justement de sa neutralité dans le conflit. Cet incident clos, grâce à l'intervention du reste du groupe, l'on croyait que le plus dur était passé. Place donc au jeu sur le terrain. Que nenni ! Peu avant le coup d'envoi, les joueurs et le coach Nouzaret formeront un cercle uni au milieu du terrain pour le serment d'avant-match. Abdouni prend la parole pour exhorter ses coéquipiers à mouiller le maillot pour le Mouloudia, pour l'Algérie. Soudain, le président de section, M. Tourqui, accourt pour témoigner de sa solidarité avec le groupe. Il tente de faire corps avec le reste des joueurs et Nouzaret. Cependant, devant tout le monde, il sera brutalement repoussé avant d'être carrément traité de tous les noms d'oiseaux par Nouzaret. Tourqui prit son mal en patience et rejoignit le banc de touche. Le match pouvait commencer. 7', Hadjadj ouvre le score, c'est la joie dans les tribunes. Le pauvre Tourqui exulte, les mains levées vers le ciel. Nouzaret aussi. Un moment de communion que la joie du but pouvait peut-être rendre possible. Rien n'y fit, Tourqui sera “rappelé à l'ordre” par Nouzaret comme si le dirigeant du MCA n'avait pas le droit d'exprimer sa joie. Tout au long de la partie, Tourqui et Nouzaret ont continué à s'échanger des “gentillesses”. Le tout au su et au vu de tout le monde. À la fin du match, les joueurs du MCA ont carrément fermé la porte des vestiaires à la face des dirigeants, non sans les traiter de tous les maux. C'est dire que le divorce est bel et bien consommé ! Changements imminents Une chose est certaine au sein du Mouloudia d'Alger, la section football va changer de main. En effet, une source proche du cercle de décision au sein du Doyen nous a affirmé hier que les jours de la direction actuelle, incarnée par le président et le vice-président de la section football, respectivement MM. Messaoudi et Tourqui, sont comptés. Les membres de l'association El Mouloudia qui gèrent l'équipe ont entamé, depuis plusieurs jours, des discutions pour désigner une nouvelle direction. Chaâbane Lounes, un ancien dirigeant du Mouloudia, est pressenti pour succéder au docteur Messaoudi. Chaâbane arriverait avec un nouveau bureau directeur. Rachid Maârif, ancien chef du protocole de la présidence et actuellement ambassadeur en Italie, qui a toujours été la “tête pensante” du Mouloudia, depuis la séparation de Sonatrach, est partie prenante dans ces discutions. Maârif aurait, du reste, lâché Messaoudi et Tourqui, qu'il avait soutenus contre vents et marées lors de la saison dernière. Pour ce qui est du coach Nouzaret, il paraîtrait aussi, selon notre source, qu'il sera prochainement démis de ses fonctions, soit juste après le match contre le PAC, prévu ce vendredi à 19h. M.B./.S. B.
