Un argumentaire qui tient non seulement compte des raisons historiques, en l'occurrence les colonisations qui sont à l'origine de la situation de sous-développement que connaissent aujourd'hui plusieurs pays du Maghreb, du Sahel et de l'Afrique subsaharienne, mais aussi de l'absence de la volonté politique de l'Europe à fonder avec le Sud des partenariats économiques à même de créer les conditions de la croissance. Dans sa stratégie de lutte contre l'immigration clandestine, l'Europe continue de privilégier l'approche sécuritaire. Du projet de construction de centres de transit dans les pays de la rive sud de la Méditerranée et dans les Etats du Sahel, jusqu'à la constitution d'équipes de gardes-côtes en vue de limiter le flux migratoire, l'Union européenne demeure toujours prisonnière d'une certaine conception qui fait du Vieux-Continent une sorte de citadelle infranchissable où le savoir, le développement économique et social ainsi que la prospérité ne sont pas appelés à être partagés. À son origine, l'immigration est en partie le résultat de la mal-vie et du sous-développement qui caractérisent encore les pays de la rive Sud. L'Algérie, qui est passée au fil des années de pays de transit à un pays d'accueil des immigrants subsahariens, n'a cessé de plaider pour un partenariat durable qui, au-delà de la prospérité partagée, devrait aboutir à une aide au développement des pays du Sud en vue de maintenir les populations locales sur place. Cette vision qui, jusqu'à l'heure, n'a pas reçu les échos souhaités au niveau de Bruxelles est développée, à l'occasion de rencontres internationales sur la question, par un argumentaire qui tient non seulement compte des raisons historiques, en l'occurrence les colonisations qui sont à l'origine de la situation de sous-développement que connaissent aujourd'hui plusieurs pays du Maghreb, du Sahel et de l'Afrique subsaharienne, mais aussi de l'absence de la volonté politique de l'Europe à fonder avec le Sud des partenariats économiques à même de créer les conditions de la croissance. Mais force est de constater que le Sud n'est considéré aujourd'hui que comme une vulgaire “poubelle de l'Europe”. Autrement dit, s'il est vrai que subsistent d'importantes opportunités de marché dans plusieurs pays de la rive Sud, particulièrement en Algérie qui, grâce à l'envolée des prix du pétrole, possède à présent des réserves en devises considérables, il n'en reste pas moins que l'intérêt de l'Occident devrait dépasser le souci de vente de ses produits et s'élargir à la production et à la création de richesses sur place. Abdelhamid Temmar, ministre des Participations et de la Promotion des investissements, a bien résumé la situation récemment en déplorant que les constructeurs automobiles français aient installé des usines de fabrication de voitures en Tunisie et au Maroc, et non pas en Algérie. S. T.