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Djanet : Un peuple sous embargo
Un profond ras-le-bol dans l'Oasis du Tassili
Publié dans Liberté le 28 - 06 - 2005

Joyau du Tassili, le plus grand musée à ciel ouvert, Djanet la paradisiaque a tout pour être enviée. Pourtant, la population locale, majoritairement targuie, vit dans une profonde misère sociale et se dit marginalisée par l'arrogance du Nord. Une misère soigneusement dissimulée derrière le chic des prospectus touristiques, et que les dernières intempéries ont mise à nu. Gros plan sur l'autre visage de Djanet…
“Je ne mettrai pas la ceinture de sécurité. Cela me rappelle Ouyahia”, lance Abdelkader, un impertinent jeune Targui plein d'humour. De la Land Cruiser qui nous ramène de l'aéroport, Djanet s'offre d'emblée à nous dans toute sa majesté.
Djanet. 2 300 kilomètres au sud-est d'Alger, aux portes du légendaire plateau du Ténéré. 80 kilomètres à peine de la frontière avec la Libye. La palmeraie, telle qu'elle apparaît depuis les hauteurs des massifs environnants, est un véritable cadeau de la nature. S'étalant avec toute la grâce de ses splendides jardins dans la vallée du Tassili, Djanet est un éden où se conjuguent les couleurs chatoyantes du désert et celles de la culture targuie. Ceci pour le vernis, les dépliants alléchants des agences de voyages. Il suffit de gratter un tout petit peu le coloris, et le rire sardonique d'Abdelkader de fuser comme un pied de nez à cette image folklorique.
Première épine : le prix affiché au bas du billet Alger-Djanet-Alger : 26 000 DA. “Il faudrait tout un budget si on doit faire le projet de se rendre à Alger en famille. Le prix du billet ne cesse d'augmenter. Si je dois envoyer mes enfants passer des vacances au Nord, ça me coûterait la peau des f… Nos enfants n'ont pas droit à la mer”, dit Abderrahmane, un habitant du quartier de Zelouaz, le quartier de Baly. Brahim, 40 ans, infirmier à l'hôpital de Djanet, renchérit : “Pour emmener un proche à Alger pour des soins médicaux, c'est la croix et la bannière. Ce n'est même pas la peine d'y penser. Il faudrait au moins 30 000 DA par personne. Si je devais débourser une somme pareille, je préférerais la laisser à mes enfants. Elle couvrirait mes dépenses domestiques pendant un mois”. Deux vols par semaine relient Djanet à Alger. Le deuxième vient d'être supprimé. À Air Algérie, un agent explique que la compagnie aérienne ne peut rien côté prix. Que c'est du ressort de l'Etat. “Il faut une subvention pour soutenir le prix du billet”, suggère-t-il. “Un jour, on va nous imposer un passeport pour entrer à Alger”, ironise un jeune. Les étudiants qui poursuivent leurs études au Nord ne reviennent pas au bercail avant longtemps. “On dirait qu'ils étudient à l'étranger”, commente un citoyen. Ce qui augmente ce sentiment d'isolement, c'est l'état de la route Djanet-Illizi-Ouargla. Illizi, le chef-lieu de wilaya, est à 400 kilomètres au Nord. Ouargla : 1 465 km. Plus grand musée à ciel ouvert de la planète, il est coupé du monde. Sentiment d'être coupés de la mère patrie. “Dès qu'il n'y pas plus de touristes, il n'y a plus de vol, plus de vie, plus rien. Nous, on est les autochtones. On est là pour le folklore”, s'indigne un jeune. Et de s'exclamer : “Parfois, il nous faut emprunter un vol militaire pour aller à Ouargla ou ailleurs. On se croirait sous embargo.”
“Ils ne connaissent de Djanet que le méchoui et le folklore”
Les prix des produits alimentaires sont eux aussi hors de portée. La pomme de terre est cotée à 60 DA et plus, la boîte de lait à 150, voire 170 DA, le plateau d'œufs à 250 DA, le gaz butane, indispensable faute de gaz de ville, est à 200 DA la bouteille, la semoule à 4 000 DA le quintal. “Ahna n'rahbou b'koul ennass, nous accueillons tout le monde”, dit Brahim. “Quand nous faisons à manger, nous prévoyons toujours au moins cinq parts supplémentaires, ce qui augmente nos dépenses”, ajoute notre hôte. Bahou Tayeb, notre gentil amphitryon chez qui nous mangerons un succulent plat local, nous fait faire un tour du propriétaire en nous montrant les fissures de sa maison.
Plusieurs maisons alentour menacent ruine. Le zinc qui forme la toiture de l'une d'elles s'effrite à vue d'œil et manque de s'effondrer. “Il suffit qu'il pleuve un tout petit peu et la maison est submergée”, dit Tayeb. “Il y a plus de cent maisons rien qu'ici, à Zelouaz, qui se trouvent dans un état critique. Nous sommes marginalisés. Nous n'avons ni APC, ni APW, ni wali, ni sénateur, ni député”. Taher, 30 ans, entrepreneur de son état, est le frère cadet du maire de la ville. Il a le verbe particulièrement caustique lorsqu'il décrit le quotidien de la population de Djanet : “Les officiels ne connaissent Djanet que pour le méchoui et les “zerdate”. Ils viennent en grande pompe et on se met à exécuter des danses folkloriques !” De leur côté, les agriculteurs se plaignent de ce que les aides octroyées dans le cadre du FNRDA, le fonds du développement agricole, ne parviennent que timidement à ceux qui en ont besoin.
Un agriculteur témoigne : “On nous dit : lancez vos projets, après, on vous remboursera. Moi, quand je paie la construction d'un bassin, j'achète le ciment au marché noir, à raison de 500 à 600 DA le sac, et eux, ils me facturent au prix officiel qui est de 225 DA le sac. Ce n'est pas sérieux. On te rembourse 10 millions de centimes pour
40 millions dépensés.” Et de conclure : “On donne le ciment aux milliardaires. Et les petites gens, on les livre au marché noir !” Discussion avec des jeunes dans un café du quartier Djazira. Le ras-le-bol est général. “Ici, on a tué toutes les associations. Déjà, pour avoir l'agrément, il faut trimer. Je viens de recevoir une assignation en justice pour répondre d'une subvention que je n'ai jamais reçue”, affirme le président d'une association socioculturelle. “Nous voulons créer une association vouée à la prise en charge des personnes malades, notamment celles dont l'état de santé nécessite une hospitalisation au Nord et qui n'ont pas les moyens de financer leur voyage et leurs frais de séjour. Mais tout est bloqué.”
Le chef de la section syndicale du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP, autonome) au sein de l'hôpital de Djanet dénonce, de son côté, le non-renouvellement de la commission des œuvres sociales, une commission bien sûr à dominante UGTA. “Cette commission gère un budget de 370 millions de centimes. Son mandat est arrivé à expiration. Nous voulons convoquer une assemblée générale pour présenter les candidats de notre syndicat, mais l'UGTA tergiverse”.
Le jeu trouble des entreprises pétrolières
Au chapitre chômage, le bureau local de l'Agence nationale de l'emploi a recensé près d'un millier de demandeurs d'emploi pour une population de 13 000 habitants. M. Lyès Ibrahim, un élu Islah, responsable du bureau de l'emploi à l'APC de Djanet, dénonce la politique des entreprises pétrolières qui sont implantées dans la région (plus de 150 à l'échelle de la wilaya d'Illizi, très riche en hydrocarbures, notamment dans la zone d'In Aménas). “Officiellement, ces entreprises sont tenues de nous faire parvenir leurs besoins en main-d'œuvre. Or, sur le terrain, elles ne collaborent pas avec les APC et pratiquent une politique de recrutement sournoise, dans l'illégalité la plus totale. L'embauche se fait au détriment des jeunes de la région. Qui plus est, ces entreprises ne déclarent pas leurs retraités, et ces postes vacants sont gérés d'une façon occulte en l'absence de visites d'inspection sur le terrain”. Autre phénomène que relève M. Ibrahim, et qui accentue le chômage : le travail temporaire. “Même quand l'embauche se fait, les personnes recrutées se voient remerciées au bout de trois mois”, note notre interlocuteur.
Ce dernier signalera, par ailleurs, le comportement de certaines entreprises nationales comme Sonatrach qui n'honorent pas toujours leurs engagements : “Les sociétés de sécurité affiliées aux grandes entreprises nationales comme la DSP (Sonatrach), Espace (Sonelgaz) et DTR (Anabib) se sont engagées à recruter des jeunes de la région comme agents de sécurité. À ce jour, ces recrutements n'ont pas abouti alors que les promesses d'embauche ont été faites il y a plus de huit mois.”
Djanet : une commune riche en apparence, avec des ressources en or tant sur le sol que dans le sous-sol. Malgré une saison touristique satisfaisante, le maire, M. Brahim Touahria, affirme que “la commune n'a pas perçu un centime de ces entrées en devises”.
Le P/APC ajoutera que le budget de fonctionnement de sa municipalité est de… 3 milliards de centimes.
Seule consolation : le portable sonne. Djezzy et Mobilis ont franchi héroïquement le mur du silence. Aïch la vie !...
M. B.


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